Erdogan applaudi dans le monde musulman après son accrochage avec Pérès à Davos
AP | 30.01.2009 | 19:28
Acclamé dans son pays, applaudi dans la Bande de Gaza, félicité en Iran: le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un proche allié de l'Etat hébreu, a marqué des points vendredi dans le monde musulman au lendemain de son accrochage verbal avec le président israélien Shimon Pérès à Davos.
Alors que les deux hommes participaient à un débat sur la situation à Gaza au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, M. Erdogan s'est fâché tout rouge jeudi soir à l'issue d'un plaidoyer enflammé de M. Pérès justifiant la récente offensive israélienne dans le territoire palestinien.
Après l'intervention applaudie de M. Pérès, M. Erdogan a repris la parole pour tenter une nouvelle fois de répondre au chef de l'Etat hébreu. "Je trouve très triste que les gens applaudissent ce que vous venez de dire", lui a lancé le Premier ministre turc. "Vous tuez des gens. Et je pense que c'est très mal. (...) Quand il s'agit de tuer, vous savez faire ça trop bien."
Interrompu par le modérateur alors que le débat durait depuis une heure, M. Erdogan a poussé un coup de sang, s'est levé de son siège et a quitté la salle bondée sous le regard médusé de l'assistance qui comprenait notamment le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa et une proche conseillère du président américain Barack Obama, Valerie Jarrett.
Peu après, lors d'une conférence de presse, le chef du gouvernement turc a eu beau expliquer qu'il ne visait ni le peuple juif ni ses dirigeants, le monde musulman a surtout retenu son coup d'éclat et son départ nocturne précipité de Davos.
De retour dans son pays, M. Erdogan a été acclamé en pleine nuit à sa descente d'avion à l'aéroport d'Istanbul par plusieurs milliers de compatriotes ravis et fiers de la spectaculaire sortie de leur Premier ministre, agitant des drapeaux turcs et palestiniens et brandissant des banderoles dont l'une saluait "le conquérant de Davos".
Plus tard dans la journée de vendredi, alors qu'il inaugurait une station de métro à Istanbul, la foule l'a à nouveau félicité en scandant: "la Turquie est fière de vous".
Dans la Bande de Gaza, des drapeaux turcs rouge et blanc et même des portraits d'Erdogan ont surgi vendredi lors de plusieurs rassemblements aux côtés des drapeaux verts du Hamas, d'autres flottaient sur les ruines d'une mosquée bombardée par l'armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jebaliya
En Iran, l'ayatollah Akbar Hashemi Rafsanjani a profité de son sermon du vendredi pour féliciter le geste du dirigeant turc: "M. Erdogan a pris une très bonne initiative".
Si M. Erdogan peut obtenir un gain immédiat dans le monde musulman, la position particulière de la Turquie sur la scène proche-orientale pourrait s'en trouver affaiblie. Ankara qui affiche une certaine neutralité dans le conflit israélo-palestinien risque de se voir contester sa position de médiateur international entre les deux camps.
La Turquie, dont l'opinion est majoritairement favorable à la cause palestinienne, est le meilleur allié d'Israël dans le monde musulman, et les deux pays entretiennent une étroite coopération militaire.
Dès le lendemain de leur accrochage, les deux hommes semblent d'ailleurs s'être réconciliés vendredi à l'occasion d'un entretien téléphonique. Certains médias turcs ont rapporté que M. Pérès avait présenté ses excuses à M. Erdogan, ce qu'a démenti la porte-parole du président israélien. Selon cette dernière, le Premier ministre turc a assuré qu'il n'avait rien contre Israël et qu'il considérait M. Pérès comme un ami proche. "Je vous considère aussi comme un ami proche", lui aurait répondu le chef de l'Etat hébreu. AP
AP | 30.01.2009 | 19:28
Acclamé dans son pays, applaudi dans la Bande de Gaza, félicité en Iran: le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un proche allié de l'Etat hébreu, a marqué des points vendredi dans le monde musulman au lendemain de son accrochage verbal avec le président israélien Shimon Pérès à Davos.
Alors que les deux hommes participaient à un débat sur la situation à Gaza au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, M. Erdogan s'est fâché tout rouge jeudi soir à l'issue d'un plaidoyer enflammé de M. Pérès justifiant la récente offensive israélienne dans le territoire palestinien.
Après l'intervention applaudie de M. Pérès, M. Erdogan a repris la parole pour tenter une nouvelle fois de répondre au chef de l'Etat hébreu. "Je trouve très triste que les gens applaudissent ce que vous venez de dire", lui a lancé le Premier ministre turc. "Vous tuez des gens. Et je pense que c'est très mal. (...) Quand il s'agit de tuer, vous savez faire ça trop bien."
Interrompu par le modérateur alors que le débat durait depuis une heure, M. Erdogan a poussé un coup de sang, s'est levé de son siège et a quitté la salle bondée sous le regard médusé de l'assistance qui comprenait notamment le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa et une proche conseillère du président américain Barack Obama, Valerie Jarrett.
Peu après, lors d'une conférence de presse, le chef du gouvernement turc a eu beau expliquer qu'il ne visait ni le peuple juif ni ses dirigeants, le monde musulman a surtout retenu son coup d'éclat et son départ nocturne précipité de Davos.
De retour dans son pays, M. Erdogan a été acclamé en pleine nuit à sa descente d'avion à l'aéroport d'Istanbul par plusieurs milliers de compatriotes ravis et fiers de la spectaculaire sortie de leur Premier ministre, agitant des drapeaux turcs et palestiniens et brandissant des banderoles dont l'une saluait "le conquérant de Davos".
Plus tard dans la journée de vendredi, alors qu'il inaugurait une station de métro à Istanbul, la foule l'a à nouveau félicité en scandant: "la Turquie est fière de vous".
Dans la Bande de Gaza, des drapeaux turcs rouge et blanc et même des portraits d'Erdogan ont surgi vendredi lors de plusieurs rassemblements aux côtés des drapeaux verts du Hamas, d'autres flottaient sur les ruines d'une mosquée bombardée par l'armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jebaliya
En Iran, l'ayatollah Akbar Hashemi Rafsanjani a profité de son sermon du vendredi pour féliciter le geste du dirigeant turc: "M. Erdogan a pris une très bonne initiative".
Si M. Erdogan peut obtenir un gain immédiat dans le monde musulman, la position particulière de la Turquie sur la scène proche-orientale pourrait s'en trouver affaiblie. Ankara qui affiche une certaine neutralité dans le conflit israélo-palestinien risque de se voir contester sa position de médiateur international entre les deux camps.
La Turquie, dont l'opinion est majoritairement favorable à la cause palestinienne, est le meilleur allié d'Israël dans le monde musulman, et les deux pays entretiennent une étroite coopération militaire.
Dès le lendemain de leur accrochage, les deux hommes semblent d'ailleurs s'être réconciliés vendredi à l'occasion d'un entretien téléphonique. Certains médias turcs ont rapporté que M. Pérès avait présenté ses excuses à M. Erdogan, ce qu'a démenti la porte-parole du président israélien. Selon cette dernière, le Premier ministre turc a assuré qu'il n'avait rien contre Israël et qu'il considérait M. Pérès comme un ami proche. "Je vous considère aussi comme un ami proche", lui aurait répondu le chef de l'Etat hébreu. AP
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