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Le pouvoir algérien paie des jeunes pour traquer l'électeur
Vendredi 30/01/2009 |
Boycottée par les opposants, l’élection présidentielle d’avril ouvre un boulevard à une reconduction d’Abdelaziz Bouteflika. Désertion des urnes garantie.
Le rendez-vous électoral est fixé à avril 2009. À trois mois du scrutin présidentiel algérien, le gouvernement mobilise sa main-d’œuvre bon marché : les jeunes. Des filles, en majorité. Leur mission : arpenter le bitume de la capitale pour y dénicher de nouveaux électeurs. Ha ! La belle aventure ! Pour un tout petit pécule, elles doivent traquer les citoyens qui désertent de plus en plus les urnes.
Les belles débarquent chez vous. Se démènent pour vanter les avantages du devoir de citoyen et sensibiliser au mot « vote ». Noble mission, sur le papier. Car la plupart du temps, les portes auxquelles elles frappent restent closes. Dans certains quartiers, elles se font insulter. Tout juste si on ne leur jette pas des pierres. Ok ! Le numéro n’est pas au point. Mais le gouvernement à un autre lapin dans son chapeau : exiger la carte électorale pour toute délivrance d’un document officiel (extrait de naissance, certificat de décès, passeport, etc.)
On dénombre plusieurs mésaventures de personnes qui se sont fait éconduire après des queues interminables. Sous prétexte qu’elles n’avaient pas en leur possession le précieux sésame. Mais dans les grandes villes, la populace ne se laisse pas faire. « Je voulais un extrait de naissance, quand j’arrive au guichet, le préposé me demande ma carte électorale, raconte Reda, un habitant d’Alger. Il refuse de me remettre le document. Pardon ? Quoi ?, je ne veux pas me laisser faire. Je demande à voir cette loi qui exige la présentation de la carte électorale en échange de la délivrance d’un document ? Je demande à parler à un responsable. Dans l’incompréhension totale, le responsable s’excuse et met ça sur le compte du zèle de l’employé. » Un habitant de Blida n’a pas eu cette chance. Il lui faut sa carte électorale pour avoir son permis de conduire.
L’Algérien se désintéresse-t-il de la politique de son pays ? Non, tout simplement, il n’y croit plus. Comme le rapporte le quotidien El-Watan qui a posé la question au premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou : « Il y a une défiance des Algériens pour ces élections, répond ce dernier. La population a vu que depuis 1995, l'Algérie est le pays qui a voté le plus sans aucun impact positif sur la vie du pays. Le milieu politique s'est confondu avec celui de la mafia et des affaires. Lorsque les Algériens voient les hommes politiques impliqués dans des affaires de corruption, de détournements et d'autres crimes économiques, rien ne les encourage à croire en eux. »
Et d'enchaîner : « Comment voulez- vous que les citoyens puissent croire aux élections lorsqu'ils savent que le plus grand architecte de la fraude de 1997 (élections législatives) n'est autre que l'actuel premier ministre (Ahmed Ouyahia) ? Les Algériens semblent avoir reçu des punitions sociales, économiques, politiques et électorales pour avoir osé demander en 1988 leur liberté. Les Algériens ne sont pas indifférents, ils sont fatigués par cette mascarade. »
Sans contrefaçon Boutef est président. Mais il veut être réélu pour un troisième mandat après avoir livré un vrai combat. Pauvre diable ! Il va se retrouver seul à danser, faute de candidats. Ses adversaires potentiels ont décidé de ne pas se présenter. Parmi eux, l’ancien président Liamine Zeroual, un prétendant de taille que Boutef souhaitait affronter. Mais l’ex-général, flairant la manip, a refusé de participer au scrutin. Saïd Saadi, leader du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a confirmé sa non-participation. Quant à Hocine Aït-Ahmed, du FFS, il n’a même pas daigné se prononcer. Exit donc la représentation des Kabyles.
Aucun suspense, un scénario cousu de fil blanc, un acteur principal vieillissant, des seconds rôles qui se désistent, font de cette élection présidentielle un gros navet que tout Algérien souhaite éviter à tout prix.
20 minutes
Vendredi 30/01/2009 |
Boycottée par les opposants, l’élection présidentielle d’avril ouvre un boulevard à une reconduction d’Abdelaziz Bouteflika. Désertion des urnes garantie.
Le rendez-vous électoral est fixé à avril 2009. À trois mois du scrutin présidentiel algérien, le gouvernement mobilise sa main-d’œuvre bon marché : les jeunes. Des filles, en majorité. Leur mission : arpenter le bitume de la capitale pour y dénicher de nouveaux électeurs. Ha ! La belle aventure ! Pour un tout petit pécule, elles doivent traquer les citoyens qui désertent de plus en plus les urnes.
Les belles débarquent chez vous. Se démènent pour vanter les avantages du devoir de citoyen et sensibiliser au mot « vote ». Noble mission, sur le papier. Car la plupart du temps, les portes auxquelles elles frappent restent closes. Dans certains quartiers, elles se font insulter. Tout juste si on ne leur jette pas des pierres. Ok ! Le numéro n’est pas au point. Mais le gouvernement à un autre lapin dans son chapeau : exiger la carte électorale pour toute délivrance d’un document officiel (extrait de naissance, certificat de décès, passeport, etc.)
On dénombre plusieurs mésaventures de personnes qui se sont fait éconduire après des queues interminables. Sous prétexte qu’elles n’avaient pas en leur possession le précieux sésame. Mais dans les grandes villes, la populace ne se laisse pas faire. « Je voulais un extrait de naissance, quand j’arrive au guichet, le préposé me demande ma carte électorale, raconte Reda, un habitant d’Alger. Il refuse de me remettre le document. Pardon ? Quoi ?, je ne veux pas me laisser faire. Je demande à voir cette loi qui exige la présentation de la carte électorale en échange de la délivrance d’un document ? Je demande à parler à un responsable. Dans l’incompréhension totale, le responsable s’excuse et met ça sur le compte du zèle de l’employé. » Un habitant de Blida n’a pas eu cette chance. Il lui faut sa carte électorale pour avoir son permis de conduire.
L’Algérien se désintéresse-t-il de la politique de son pays ? Non, tout simplement, il n’y croit plus. Comme le rapporte le quotidien El-Watan qui a posé la question au premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou : « Il y a une défiance des Algériens pour ces élections, répond ce dernier. La population a vu que depuis 1995, l'Algérie est le pays qui a voté le plus sans aucun impact positif sur la vie du pays. Le milieu politique s'est confondu avec celui de la mafia et des affaires. Lorsque les Algériens voient les hommes politiques impliqués dans des affaires de corruption, de détournements et d'autres crimes économiques, rien ne les encourage à croire en eux. »
Et d'enchaîner : « Comment voulez- vous que les citoyens puissent croire aux élections lorsqu'ils savent que le plus grand architecte de la fraude de 1997 (élections législatives) n'est autre que l'actuel premier ministre (Ahmed Ouyahia) ? Les Algériens semblent avoir reçu des punitions sociales, économiques, politiques et électorales pour avoir osé demander en 1988 leur liberté. Les Algériens ne sont pas indifférents, ils sont fatigués par cette mascarade. »
Sans contrefaçon Boutef est président. Mais il veut être réélu pour un troisième mandat après avoir livré un vrai combat. Pauvre diable ! Il va se retrouver seul à danser, faute de candidats. Ses adversaires potentiels ont décidé de ne pas se présenter. Parmi eux, l’ancien président Liamine Zeroual, un prétendant de taille que Boutef souhaitait affronter. Mais l’ex-général, flairant la manip, a refusé de participer au scrutin. Saïd Saadi, leader du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a confirmé sa non-participation. Quant à Hocine Aït-Ahmed, du FFS, il n’a même pas daigné se prononcer. Exit donc la représentation des Kabyles.
Aucun suspense, un scénario cousu de fil blanc, un acteur principal vieillissant, des seconds rôles qui se désistent, font de cette élection présidentielle un gros navet que tout Algérien souhaite éviter à tout prix.
20 minutes
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