L’Algérie Politique : A l’épreuve de la démocratie... résiduelle
Une fois de plus, le système politique algérien ne pouvant devenir viable, crédible et légitime qu’en se démocratisant sérieusement par la mise au rancart du déséquilibre institutionnel établi au profit du seul président de la République (véritable monarque présidentiel coopté par un cercle restreint de décideurs, cultivant à satiété le culte de la personnalité et pratiquant la coquetterie d’un populisme désuet), sans contrepoids réel, à savoir un Parlement qui reflète un pluralisme politique authentique à même de contrôler le gouvernement désigné par celui-ci, une magistrature indépendante, une presse libre avec des médias affranchis de toute tutelle dont le secteur public structuré en authentique service public ne craignant pas d’instaurer le pluralisme des opinions (y compris à la télévision conçue comme premier service public d’information) et permettant l’esprit critique ainsi qu’une société civile organisée autour d’un tissu associatif libre de toute tutelle pour prendre en charge les questions qui l’intéressent prioritairement ; ce pour mettre en place des garde-fous de nature à prévenir les risques certains de l’autoritarisme et de l’arbitraire ; en un mot, pour éviter l’autocratie opérée par les bailleurs de pouvoir se disputant la décision observée comme moyen d’accession à un plus grand patrimoine personnel. La problématique est la suivante : comment réconcilier les Algériens avec les impératifs de développement politique (l’exercice de la démocratie comme moyen politique à même de promouvoir la légitimité du pouvoir) ; le développement économique (impulser une politique efficace de l’investissement et rentabiliser le parc industriel existant dans le cadre d’une économie de marché encadré), le développement social (l’émancipation des travailleurs avec la mise en place d’une législation sociale plus conforme) ; le développement culturel (renouveau linguistique et remise à flots des créateurs dans l’ensemble des domaines artistiques) et la justice sociale conçue comme pierre d’angle de tout projet cohérent dont la légitimité doit reposer sur la capacité du gouvernement à régler les problèmes des citoyens et à tolérer l’esprit critique et parfois caustique de la presse conçue comme moyen majeur de communication au service de la société et non d’intérêts d’un régime, fut-il des plus progressistes ?
A cet effet, s’il est constant d’observer légitimement l’Islam comme partie intégrante de l’Algérie, il n’est pas inutile de constater que la donnée islamiste s’est nourrie d’éléments auxquels le pouvoir n’a pas su trouver de solutions, ainsi, ceux qui frappent le plus l’imagination (mais pas exclusivement) : la corruption et les différenciations socio-économiques flagrantes dues principalement à une répartition inéquitable du revenu national et engendrant maintes frustrations, singulièrement du point de vue du logement et de l’emploi. L’originalité serait donc l’assimilation critique des notions de la modernité, de la démocratie, des droits de l’homme, de la femme et de l’enfant, l’alternance politique, la liberté d’expression, le débat démocratique contradictoire et le respect de l’opinion de l’autre, d’où l’urgence pédagogique d’éradiquer d’abord l’analphabétisme, l’illettrisme et l’inculture politique et de veiller à la meilleure répartition possible des richesses entre citoyens qui ont vocation à se gouverner, au moins à partir d’un choix facilité par le suffrage. Encore faudrait-il penser à de substantielles réformes d’Etat.
Démocratie et Réformes de l’état
En effet, depuis son accession à l’indépendance, l’Algérie vit dans le cadre d’un système politique dominé par l’institution de la présidence de la République avec la direction de l’Armée comme alliée principale et une pensée unique imposée jusqu’au 5 octobre 1988 ; actuellement, il s’agit d’un système de parti dominant qualifié d’« alliance présidentielle », la quasi absence de l’opposition sur la scène le confirme et creuse un peu plus le déficit démocratique. Aussi, pour s’engager dans la voie de la réforme du système politique rendue nécessaire par les modifications intervenues, notamment depuis cette date, la révision constitutionnelle devrait servir à la fois pour redessiner le profil des institutions politiques algériennes et redéfinir les prérogatives de celles-ci en vue d’asseoir un équilibre des pouvoirs. Ainsi, de la Constitution de 1963 (monocratisme partisan) à celle de 1989 (reconnaissance du multipartisme), en passant par le texte fondamental de 1976 (tendance au présidentialisme) et la révision constitutionnelle de 1996 (sans modification notable), les prérogatives dévolues à la fonction présidentielle se révèlent exorbitantes face à celles reconnues aux autres institutions (notamment aux pouvoirs législatif et judiciaire) qui apparaissent comme les parents pauvres de la répartition du pouvoir d’Etat entre les principaux acteurs politiques.
Dans ces conditions et pour mettre en œuvre un contrôle à définir quant à sa nature et son étendue (ainsi que les acteurs qui devraient l’assumer), force est de préconiser un équilibre des pouvoirs à travers les missions de la présidence de la République qui peuvent apparaître démesurées, sous peine de s’enfermer dans un schéma d’autoritarisme caractérisé et de mépris affiché à l’endroit des autres institutions et du personnel politique, judiciaire et administratif ; cela d’autant plus qu’il y a irresponsabilité politique du chef de l’Etat. De même, il y aura lieu de réfléchir à l’institutionnalisation d’un réel contre-pouvoir au sein de l’Etat pour permettre une émulation institutionnelle synonyme d’une bonne santé de la gestion du pouvoir (d’aucuns diraient gouvernance) et de saines décisions démocratiques. A côté des pouvoirs classiques (exécutif, législatif, judiciaire), doivent coexister d’autres institutions et organisations, outre les partis politiques de nature à infléchir toute décision à même d’engager le pays dans l’immobilisme parlementaire, la dictature présidentielle ou le gouvernement des juges ainsi, des organisations non gouvernementales gérées par des personnalités issues de la société civile relativement à la veille quant aux droits de l’homme, la construction de l’Etat de droit, la liberté d’expression (presse et culture).
Le Premier ministre (souvent désigné selon les critères de connivence politique, voire par compromis) semble être davantage un grand commis de l’Etat, chargé d’une mission par le président de la République, qu’un homme d’Etat doté de prérogatives autonomes ; à défaut, s’ensuit une guéguerre entre les deux plus hauts représentants de l’Etat, conçu en pouvoir bicéphale (cas de Benbitour), notamment lorsque le Premier ministre se porte concurrentiellement candidat à la magistrature suprême (cas de Benflis) ; ce qui pouvait conduire à une cohabitation non exempte de tension politique entre les deux têtes de l’exécutif (dyarchie), car formant un couple orageux. Ainsi, l’autorité, dont il peut bénéficier auprès des ministères techniques, s’estompe sérieusement face aux ministères dits de souveraineté, notamment ceux des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Justice ainsi que de l’Economie (qui repose encore pour l’essentiel sur les hydrocarbures et sur une bureaucratie rentière). Les titulaires de ces départements ministériels sont souvent des hommes liges du président de la République qu’il nomme pour leur allégeance à sa personne en vue d’appliquer sa politique, étant précisé que le ministère de la Défense nationale continue d’être constitutionnellement aux mains de ce même Président, par ailleurs chef des forces armées.
à suivre...
Une fois de plus, le système politique algérien ne pouvant devenir viable, crédible et légitime qu’en se démocratisant sérieusement par la mise au rancart du déséquilibre institutionnel établi au profit du seul président de la République (véritable monarque présidentiel coopté par un cercle restreint de décideurs, cultivant à satiété le culte de la personnalité et pratiquant la coquetterie d’un populisme désuet), sans contrepoids réel, à savoir un Parlement qui reflète un pluralisme politique authentique à même de contrôler le gouvernement désigné par celui-ci, une magistrature indépendante, une presse libre avec des médias affranchis de toute tutelle dont le secteur public structuré en authentique service public ne craignant pas d’instaurer le pluralisme des opinions (y compris à la télévision conçue comme premier service public d’information) et permettant l’esprit critique ainsi qu’une société civile organisée autour d’un tissu associatif libre de toute tutelle pour prendre en charge les questions qui l’intéressent prioritairement ; ce pour mettre en place des garde-fous de nature à prévenir les risques certains de l’autoritarisme et de l’arbitraire ; en un mot, pour éviter l’autocratie opérée par les bailleurs de pouvoir se disputant la décision observée comme moyen d’accession à un plus grand patrimoine personnel. La problématique est la suivante : comment réconcilier les Algériens avec les impératifs de développement politique (l’exercice de la démocratie comme moyen politique à même de promouvoir la légitimité du pouvoir) ; le développement économique (impulser une politique efficace de l’investissement et rentabiliser le parc industriel existant dans le cadre d’une économie de marché encadré), le développement social (l’émancipation des travailleurs avec la mise en place d’une législation sociale plus conforme) ; le développement culturel (renouveau linguistique et remise à flots des créateurs dans l’ensemble des domaines artistiques) et la justice sociale conçue comme pierre d’angle de tout projet cohérent dont la légitimité doit reposer sur la capacité du gouvernement à régler les problèmes des citoyens et à tolérer l’esprit critique et parfois caustique de la presse conçue comme moyen majeur de communication au service de la société et non d’intérêts d’un régime, fut-il des plus progressistes ?
A cet effet, s’il est constant d’observer légitimement l’Islam comme partie intégrante de l’Algérie, il n’est pas inutile de constater que la donnée islamiste s’est nourrie d’éléments auxquels le pouvoir n’a pas su trouver de solutions, ainsi, ceux qui frappent le plus l’imagination (mais pas exclusivement) : la corruption et les différenciations socio-économiques flagrantes dues principalement à une répartition inéquitable du revenu national et engendrant maintes frustrations, singulièrement du point de vue du logement et de l’emploi. L’originalité serait donc l’assimilation critique des notions de la modernité, de la démocratie, des droits de l’homme, de la femme et de l’enfant, l’alternance politique, la liberté d’expression, le débat démocratique contradictoire et le respect de l’opinion de l’autre, d’où l’urgence pédagogique d’éradiquer d’abord l’analphabétisme, l’illettrisme et l’inculture politique et de veiller à la meilleure répartition possible des richesses entre citoyens qui ont vocation à se gouverner, au moins à partir d’un choix facilité par le suffrage. Encore faudrait-il penser à de substantielles réformes d’Etat.
Démocratie et Réformes de l’état
En effet, depuis son accession à l’indépendance, l’Algérie vit dans le cadre d’un système politique dominé par l’institution de la présidence de la République avec la direction de l’Armée comme alliée principale et une pensée unique imposée jusqu’au 5 octobre 1988 ; actuellement, il s’agit d’un système de parti dominant qualifié d’« alliance présidentielle », la quasi absence de l’opposition sur la scène le confirme et creuse un peu plus le déficit démocratique. Aussi, pour s’engager dans la voie de la réforme du système politique rendue nécessaire par les modifications intervenues, notamment depuis cette date, la révision constitutionnelle devrait servir à la fois pour redessiner le profil des institutions politiques algériennes et redéfinir les prérogatives de celles-ci en vue d’asseoir un équilibre des pouvoirs. Ainsi, de la Constitution de 1963 (monocratisme partisan) à celle de 1989 (reconnaissance du multipartisme), en passant par le texte fondamental de 1976 (tendance au présidentialisme) et la révision constitutionnelle de 1996 (sans modification notable), les prérogatives dévolues à la fonction présidentielle se révèlent exorbitantes face à celles reconnues aux autres institutions (notamment aux pouvoirs législatif et judiciaire) qui apparaissent comme les parents pauvres de la répartition du pouvoir d’Etat entre les principaux acteurs politiques.
Dans ces conditions et pour mettre en œuvre un contrôle à définir quant à sa nature et son étendue (ainsi que les acteurs qui devraient l’assumer), force est de préconiser un équilibre des pouvoirs à travers les missions de la présidence de la République qui peuvent apparaître démesurées, sous peine de s’enfermer dans un schéma d’autoritarisme caractérisé et de mépris affiché à l’endroit des autres institutions et du personnel politique, judiciaire et administratif ; cela d’autant plus qu’il y a irresponsabilité politique du chef de l’Etat. De même, il y aura lieu de réfléchir à l’institutionnalisation d’un réel contre-pouvoir au sein de l’Etat pour permettre une émulation institutionnelle synonyme d’une bonne santé de la gestion du pouvoir (d’aucuns diraient gouvernance) et de saines décisions démocratiques. A côté des pouvoirs classiques (exécutif, législatif, judiciaire), doivent coexister d’autres institutions et organisations, outre les partis politiques de nature à infléchir toute décision à même d’engager le pays dans l’immobilisme parlementaire, la dictature présidentielle ou le gouvernement des juges ainsi, des organisations non gouvernementales gérées par des personnalités issues de la société civile relativement à la veille quant aux droits de l’homme, la construction de l’Etat de droit, la liberté d’expression (presse et culture).
Le Premier ministre (souvent désigné selon les critères de connivence politique, voire par compromis) semble être davantage un grand commis de l’Etat, chargé d’une mission par le président de la République, qu’un homme d’Etat doté de prérogatives autonomes ; à défaut, s’ensuit une guéguerre entre les deux plus hauts représentants de l’Etat, conçu en pouvoir bicéphale (cas de Benbitour), notamment lorsque le Premier ministre se porte concurrentiellement candidat à la magistrature suprême (cas de Benflis) ; ce qui pouvait conduire à une cohabitation non exempte de tension politique entre les deux têtes de l’exécutif (dyarchie), car formant un couple orageux. Ainsi, l’autorité, dont il peut bénéficier auprès des ministères techniques, s’estompe sérieusement face aux ministères dits de souveraineté, notamment ceux des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Justice ainsi que de l’Economie (qui repose encore pour l’essentiel sur les hydrocarbures et sur une bureaucratie rentière). Les titulaires de ces départements ministériels sont souvent des hommes liges du président de la République qu’il nomme pour leur allégeance à sa personne en vue d’appliquer sa politique, étant précisé que le ministère de la Défense nationale continue d’être constitutionnellement aux mains de ce même Président, par ailleurs chef des forces armées.
à suivre...
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