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Chronique
L’ennemi intérieur
A 500 km d’Alger, une nouvelle bataille fait rage entre malékites arabes et ibadites berbères. Mais il faut le dire à voix très basse, car opposer Arabes et Berbères, tous deux Algériens, malékites et ibadites, tous deux musulmans, serait créer la division dans un pays uni où tout le monde s’aime et aime les fleurs en sauce. Il faut dire, comme le ministre de l’Intérieur, celui d’aujourd’hui, que ce sont de petits mafieux de quartier qui s’affrontent, ou comme celui d’hier, que ce n’est qu’un chahut de gamins. Pourtant, il suffit d’écouter : dans les interventions régulières du ministre des Affaires religieuses, on entend souvent ce terme de « khawaredj », de nature à ostraciser toutes les « déviances », chiisme, ibadisme, avec comme ennemi suprême le christianisme, allié objectif du diable. Résultat : les doctrines non officielles sont prises à partie et ceux qui brûlent leurs adeptes sont dans leur droit, puisque appuyés par une logique d’Etat, un ministre des Affaires religieuses étant d’abord un ministre d’Etat. « IL N’Y A PAS DE CHIITES EN ALGERIE !!! », s’écriait encore dernièrement ce ministre. Non, tout comme il n’y a pas d’opposants, de joueurs de golf ou de jolies professeurs de littérature italienne.
Tout comme demain, quand on brûlera des chiites, l’Etat ne se sentira absolument pas responsable et qualifiera cette inquisition de feu de camp qui a mal tourné. Restent ou ne restent pas, les harraga, encore eux, toujours incompréhensibles dans la logique de l’Etat. Pourtant, il suffit de voir : c’est l’Etat qui fait la chasse aux couples, avec comme résultat des milliers de jeunes à partir en mer ne serait-ce que pour pouvoir embrasser une fille ou au moins un poisson de sexe féminin sans se faire embarquer par la police. Nos ministres ont-ils eu une enfance ? Oui. Mais au XIXe siècle. Ce n’était pas pareil, il n’y avait pas de Nutella.
Par Chawki Amari
L’ennemi intérieur
A 500 km d’Alger, une nouvelle bataille fait rage entre malékites arabes et ibadites berbères. Mais il faut le dire à voix très basse, car opposer Arabes et Berbères, tous deux Algériens, malékites et ibadites, tous deux musulmans, serait créer la division dans un pays uni où tout le monde s’aime et aime les fleurs en sauce. Il faut dire, comme le ministre de l’Intérieur, celui d’aujourd’hui, que ce sont de petits mafieux de quartier qui s’affrontent, ou comme celui d’hier, que ce n’est qu’un chahut de gamins. Pourtant, il suffit d’écouter : dans les interventions régulières du ministre des Affaires religieuses, on entend souvent ce terme de « khawaredj », de nature à ostraciser toutes les « déviances », chiisme, ibadisme, avec comme ennemi suprême le christianisme, allié objectif du diable. Résultat : les doctrines non officielles sont prises à partie et ceux qui brûlent leurs adeptes sont dans leur droit, puisque appuyés par une logique d’Etat, un ministre des Affaires religieuses étant d’abord un ministre d’Etat. « IL N’Y A PAS DE CHIITES EN ALGERIE !!! », s’écriait encore dernièrement ce ministre. Non, tout comme il n’y a pas d’opposants, de joueurs de golf ou de jolies professeurs de littérature italienne.
Tout comme demain, quand on brûlera des chiites, l’Etat ne se sentira absolument pas responsable et qualifiera cette inquisition de feu de camp qui a mal tourné. Restent ou ne restent pas, les harraga, encore eux, toujours incompréhensibles dans la logique de l’Etat. Pourtant, il suffit de voir : c’est l’Etat qui fait la chasse aux couples, avec comme résultat des milliers de jeunes à partir en mer ne serait-ce que pour pouvoir embrasser une fille ou au moins un poisson de sexe féminin sans se faire embarquer par la police. Nos ministres ont-ils eu une enfance ? Oui. Mais au XIXe siècle. Ce n’était pas pareil, il n’y avait pas de Nutella.
Par Chawki Amari