C'est une description dantesque qu'ont livrée aux journalistes deux eurodéputés de retour de Gaza : le communiste Francis Wurtz et l'ancien président du Parlement, le social-démocrate espagnol Josep Borrell Fontelles.
Leurs témoignages sont basés sur les récits de personnes rencontrées, récits que les députés reconnaissent être difficilement vérifiables, mais surtout sur ce qu'ils ont constaté sur place, photographies à l'appui.
Ainsi, Francis Wurtz, en contact depuis de longues années avec des camps de réfugiés à Gaza, a séjourné dans le territoire les 22 et 23 janvier après être entré par l'Egypte. A Rafah même, il a vu autour de la place du marché (où sont vendus les produits de contrebande passés par les tunnels), des immeubles éventrés avec en tout 80 impacts de tirs occasionnés par le passage d'un seul F16. Et il ne s'agit que d'habitations.
Plus loin, à Khan Younès, d'autres destructions « ciblées » -toujours des infrastructures civiles comme une station de traitement de l'eau- témoignent de ce que Francis Wurtz appelle « une punition collective ». Et le député d'insister également sur les importants dégâts causés par les obus de chars sur les bâtiments (écoles, stocks, hôpital) de l'UNRWA, l'organisme de l'ONU en charge des réfugiés.
Par ailleurs, Francis Wurtz a recueilli plusieurs témoignages qui se recoupent relatant le « massacre de Zeytoun » (une famille d'une trentaine de personnes, surtout femmes et enfants, tuées) et la mort d'une fillette : selon des témoins cités, un tankiste aurait ouvert le feu à la mitrailleuse sur l'enfant, à une distance de quelques mètres...
Toujours les infrastructures
Josep Borrell, qui accompagnait le commissaire Louis Michel le 26 janvier, est entré à Gaza par Israël. Lui aussi témoigne des dégâts causés par l'aviation ou l'artillerie sur des objectifs civils, sans oublier les cimetières « labourés » par les chars.
La destruction d'une zone industrielle proche de la frontière israélienne a particulièrement marqué le député espagnol. Elle a été entièrement démolie sous prétexte que cette zone servait de pas de tir aux roquettes du Hamas, selon les Israéliens. Pour Josep Borrell, l'ampleur des destructions ne serait explicable qu'en réponse à des centaines de « Qassad »... ce qu'il a du mal à croire.
Enfin, l'ancien président du Parlement se fait le porte-parole des fonctionnaires internationaux de l'UNRWA : aucun tir du Hamas ne serait parti des bâtiments sous pavillon ONU, bâtiments d'ailleurs signalés à l'armée israélienne.
J.Cl.K.
Édition du Jeu 5 fév. 2009
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