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Dans Newsweek : "On ne traite pas l’Iran comme un âne"

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  • Dans Newsweek : "On ne traite pas l’Iran comme un âne"

    Lally Weymouth s’est entretenu à Davos avec Mohamed El Baradei, le controversé directeur de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Il pense qu’il y a une chance d’établir un vrai dialogue entre Téhéran et l’Occident. Extraits.

    WEYMOUTH : En y repensant, pensez-vous que vous avez permis à l’Iran de passer les limites ?

    EL BARADEI: Ceci témoigne d’une incompréhension totale de notre bilan. Nous avons fait tout notre possible en Iran pour comprendre l’historique et l’état actuel de leur programme [nucléaire] de pousser les Iraniens, dans les limites de nos prérogatives, à parler avec le plus de franchise possible. Cette idée qu’on a de nous, que nous sommes des dieux, capables de franchir les frontières, ouvrir des portes… Nous n’avons pas [ce genre de] pouvoir.
    Il y a deux aspects à la question iranienne. L’aspect technique et l’aspect politique. Notre boulot, c’est l’aspect technique. L’aspect politique, c’est le dialogue sur lequel on peut bâtir la confiance. Depuis six ans, je répète que les politiques permettant d’établir la confiance entre l’Occident — les Etats-Unis en particulier — et l’Iran ont totalement échoué. Nous n’avons pas bougé d’un iota.

    Que voulez-vous dire exactement ?


    Il n’y a pas de confiance sans dialogue direct. Le président Obama dit aujourd’hui qu’il est prêt à établir un dialogue direct sans conditions préalables, basées sur un respect mutuel. Il était temps !
    On ne peut pas… traiter l’Iran comme un âne, en agitant la carotte ou le bâton. Ce dont il s’agit ici est d’une lutte pour le pouvoir au Moyen Orient.

    L’Iran contre l’Occident ?

    Eh bien, c’est une lutte entre l’Iran et l’Occident… L’Iran veut voir reconnu son rôle de puissance de stabilisation régionale.
    Ils ont pu constater que, si vous disposez de la technologie qui vous permet de développer l’arme nucléaire en peu de temps, vous en retirerez puissance, prestige et sécurité… Ils ont entendu l’administration précédente parler d’allouer des fonds pour obtenir un changement de régime, parler d’un Axe du Mal… À leur place, vous feriez tout ce qui est possible pour vous protéger.

    Pensez-vous que le dialogue puisse fonctionner ?

    Il faut essayer. Il peut échouer, mais je sais que le désir de la majorité des Iraniens est d’avoir des rapports normaux avec les Etats-Unis, et tout particulièrement les jeunes. Ils veulent faire partie de la communauté internationale. Que peut-on obtenir en l’absence de dialogue ?

    Vous avez été élu directeur de l’AIEA avec le soutien des Etats-Unis. Pourtant, Washington vous a plutôt maltraité par la suite.

    Ce fut au cours de ma troisième ré-election. L’ancien ambassadeur américain aux Nations-Unies, John Bolton, a lancé une campagne en vue de bloquer ma réélection. Ils n’ont pu aligner contre moi aucun pays. En fin de compte, j’ai été élu à l’unanimité, avec le soutien des Etats-Unis. On peut avoir des désaccords avec les dirigeants d’une organisation internationale, mais nous ne sommes pas là pour porter les objectifs politiques d’un seul pays. Le jour où une organisation comme l’AIEA est considérée comme l’instrument d’un seul pays, elle est morte.

    De l’avis des experts de la question, vous avez été plutôt ferme avec l’Iran depuis le rapport du Conseil National du Renseignement [des Etats-Unis] de 2007.

    Rien n’a changé. Nous avons toujours été fermes. Ce qu’ils n’apprécient pas c’est ma liberté de ton. En bien des occasions, en privé ou en public, je leur ai dit que leur politique devait m’assurer un soutien, et que leur politique actuelle ne fonctionnait pas. On peut placer à la tête d’une institution internationale un leader ou un technocrate. Mais avec un technocrate, on ne va nulle part.

    Les gens disent que vous n’avez pas été assez ferme avec la Syrie, qui construisait un réacteur nucléaire.

    J’ai été très dur envers Israël, qui a violé les lois internationales sur l’usage unilatéral de la force, et qui ne nous a pas fourni avant le bombardement les informations qui auraient permis d’établir si la Syrie construisait un réacteur nucléaire ou non. Aujourd’hui, nous faisons de notre mieux pour savoir ce que la Syrie avait entrepris, mais c’est le même problème qu’en Iran. Je ne peux pas me précipiter pour déclarer que la Syrie construisait une centrale nucléaire, car nous sommes précisément en train d’essayer de le vérifier

    Pourquoi n’avez-vous pas critiqué la Syrie et la Corée du Nord pour avoir entrepris la construction de cette centrale ?

    Je ne l’ai pas fait en l’absence de preuves. Si j’avais obtenu les preuves avant le bombardement, je l’aurais fait sous 24 heures.

    Par Lally Weymouth

    Traduction de David Korn

    Source : Le nouvel Obs
    « la libération de l'Algérie sera l'œuvre de tous », Abane Ramdane 1955.
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