Par Ahmed R. Benchemsi
Tiens, fume ![FONT=Verdana][SIZE=1]
Encore une fois, notre parlement nous couvre de ridicule. La loi anti-tabac en est la dernière démonstration.
Mardi dernier, en lisant la presse du matin, j'ai découvert à ma grande surprise que la loi anti-tabac qui interdit de fumer dans les lieux publics au maroc “est entrée en vigueur”, puisque son texte “a été publié au Bulletin officiel”. En tout cas, c'est ce qu'a déclaré la députée et chef du groupe parlementaire de l'Istiqlal, Latifa Bennani Smires, à Aujourd'hui Le Maroc. Après avoir frénétiquement compulsé les Bulletins officiels
Mardi dernier, en lisant la presse du matin, j'ai découvert à ma grande surprise que la loi anti-tabac qui interdit de fumer dans les lieux publics au maroc “est entrée en vigueur”, puisque son texte “a été publié au Bulletin officiel”. En tout cas, c'est ce qu'a déclaré la députée et chef du groupe parlementaire de l'Istiqlal, Latifa Bennani Smires, à Aujourd'hui Le Maroc. Après avoir frénétiquement compulsé les Bulletins officiels
Mais il y a, hélas, bien pire. Qu'elle soit publiée dans 15 jours ou dans 6 mois, la loi anti-tabac, aussi salutaire soit-elle pour la santé publique, est tout bonnement inapplicable au Maroc en l'état actuel des choses. Selon ce que nous savons de ce texte, il en coûtera 100 à 500 DH d'amende pour quiconque fumera en public, et 5000 à 10 000 DH pour les propriétaires des établissements où des infractions seront constatées. Et qui se chargera de les constater ? “Euh, la police ?”, m'a déclaré Mme Bennani Smires, avec le ton du candidat à un jeu télévisé qui n'est pas sûr d'avoir donné la bonne réponse. Soit, va pour la police. Mais qui la préviendra ? Réponse, à peine plus assurée, de M. Hejira : “Les citoyens, à la disposition desquels un numéro vert sera spécialement mis en place”. Elle a intérêt à courir vite, la police, si elle veut arriver avant que l'objet du délit ne soit parti en fumée…
Autres questions, plus sérieuses : une étude a-t-elle été menée, comme aux Etats-Unis et en Europe, pour estimer l'impact économique que l'interdiction de fumer en public aura sur l'industrie de la restauration et des loisirs ? Sevrés de cigarette, les clients des cafés, bars et restaurants fuiront-ils, et dans quelles proportions ? Faudra-t-il que le gouvernement prévoie des compensations pour perte de chiffre d'affaires ? Une campagne de communication sera-t-elle lancée pour prévenir les concernés par cette loi, qui se comptent par millions ? Quand, et a-t-on prévu un budget pour cela ? Qui paiera ? Je ne suis arrivé à obtenir de réponse à aucune de ces questions, sinon (je cite) “les décrets d'application des lois ne sont pas du ressort du parlement, mais du gouvernement”. Et du reste (je cite toujours), “les gens finiront par s'habituer”… Oui, vous avez bien lu.
Et pour conclure, le pompon : il est déjà interdit de fumer dans les lieux publics marocains, le BO faisant foi, depuis… 1995 ! Sauf que les décrets d'application de la première loi anti-tabac n'avaient jamais été promulgués. Plutôt que de corriger cette anomalie, nos valeureux députés ont donc fait voter une seconde loi 13 ans plus tard… en oubliant les décrets d'application encore une fois !!
Je ne sais pas pour vous, chers lecteurs, mais moi, le premier qui me redit que pour être un bon citoyen, il faut voter aux législatives, je lui donne un coup de tête.
=== MODERATION ===
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