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Tempête de neige sur la Kabylie

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  • Tempête de neige sur la Kabylie

    La région a vécu, hier, son troisième jour de grand froidTempête de neige sur la KabylieLa neige et le froid ont refait surface. La Kabylie a tout fait pour s’y préparer telle une fatalité, les populations de haute montagne savaient pertinemment que le retour d’une (autre) vague de froid serait synonyme de coupures d’électricité, de rareté de combustibles de chauffage et d’isolement géographique presque total.
    Comme toutes les autres journées de gel, celle d’hier a été vécue tel un acte routinier que les villages devraient subir... sans même en parler. Dès les premières heures de la matinée, des informations recoupées faisaient (déjà) état de la fermeture de plusieurs axes routiers reliant le chef-lieu de wilaya aux autres localités. La rue parlait aussi, avec beaucoup d’insitance, d’”énormes couches de neige” dans tous les villages situés à plus de 600 m d’altitude. Il faut dire que ces commentaires étaient nourris (et parfois même justifiés) par un puissant vent glacial qui n’a cessé de souffler sur la ville des Genêts depuis la nuit de samedi. Dans la matinée d’hier, le thermomètre n’a guère pu afficher plus de 6°. C’est l’une des températures les plus basses que la ville ait enregistrée ces dernières années. Pourtant ce sont ces mêmes conditions rigoureuses qui nous ont poussés à tenter un voyage au fin fond des villages de Kabylie pour constater, de visu, les terribles conditions d’une population résignée à faire face au froid, souvent avec des moyens dérisoires.
    Routes coupées, circuits impraticables
    Il nous a fallu une gymnastique bien complexe pour pouvoir dénicher un automobiliste qui accepterait de prendre la route des montagnes dans de telles conditions. cela nous a tout de même pris une heure de temps pour tomber sur D’da Moh, un vieux routier des Ouadhias. A notre grande surprise, ce taxieur aux allures d’ancien émigré” accepte de nous mener à notre destination sans se poser trop de questions. Il se contentera juste de nos avertir : “La chaussée est glissante et dangereuse. De plus, nous serons obligés de rebrousser chemin au premier circuit que nous trouvons fermé !” Nous montons à bord de sa Megane et prenons la direction de Béni-Douala, d’où nous comptons rallier Michelet et Larbâa Nath Irathen. Sur la route, nous sentons que le froid nous paralyse au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude. En contournant le “mythique” virage de Tala Bouinan, les villages des Ath Irathen s’offrent à nos yeux sous une apparence splendide. Le blanc étincelant d’une neige encore fraîche, mêlé à la verdure d’un hiver toujours aussi pluvieux, nous donne un tableau des plus exquis. L’on ne sait toujours pas si le beau panorama que nous apercevons est accessible par route mais notre chauffeur reste très sceptique:”Vous n’avez pas remarqué qu’il y a très peu de voitures qui descendent depuis Béni-Douala ? Cela est le signe indéfectible que la route est coupée quelque part...!” On fait mine de ne pas prêter l’oreille à notre interlocuteur. Quand nous arrivons à Tighzert, nous sommes immédiatement saisis par l’obscurité et la morosité qui sévissent sur les lieux. “Oui, il fait noir et il n’y a personne ! Mais c’est devenu une habitude chez nous !” nous lance, dépité, un commerçant du village que nous avons abordé pour acheter quelques biscuits. Le jeune homme, qui ne semble absolument pas importuner par nos questions, aura, quand même, la correction de nous fournir d’autres explications : “Les ténèbres sont dues aux fréquentes coupures d’électricité que nous subissons plusieurs fois par jour en de pareilles conditions. Le vide s’explique par le fait que rares sont les gens qui osent s’aventurer en dehors de chez eux par un froid aussi glacial...” Nous exploitons l’aimable coopération de notre jeune interlocuteur pour tenter d’en savoir un peu plus. “On vous distribue régulièrement le gaz butane?” “Cela dépend de l’humeur des distributeurs et de l’accessibilité à notre village. Si, par malheur, la route qui mène vers notre hameau reste coupée pour une période dépassant les trois jours, nous n’aurons ni de quoi nous chauffer ni de quoi cuisiner...!” Les propos de notre interlocuteur donnent froid dans le dos, mais elles sont bien réelles. De plus, nous ne sommes qu’à quelques encablures de Beni Douala. Que diront les villageois de Michelet, d’Iferhounène ou d’Illilten perchés à quelque 1 000 mètres d’altitude ?
    A notre surprise, nous nous apercevons que la route n’est pas coupée. Sur les bas-côtés de la chaussée, on aperçoit de la neige fraîchement rejetée pour dégager le goudron.
    Les chasses-neige sont passées par là. Pourtant, apprendra-t-on plus tard, ce même circuit routier était impraticable dans la matinée. Lorsque nous atteignons Beni Douala, nous sommes frappés par la déconcertante morosité qui règne sur les lieux. On dirait que le village est vidé de ses habitants. Même les badauds, habituellement très “actifs” à cette heure de la journée, sont invisibles.
    Froid, neige et tempête
    Les commerces de la ville sont ouverts, mais l’on ne se bouscule guère sur l’artère principale. La circulation automobile est tellement fluide que nous décidons de rallier d’autres villages bien plus hauts, bien plus blancs. Mais, soudain, des nuages blancs couvrent la région des Ath Douala et une tempête, aussi brusque que violente, s’abat sur nous.
    Les vents sont très forts et la neige recouvre la chaussée. Cette dernière devient dangereusement glissante. La visibilité est presque nulle. Nous décidons d’immobiliser notre véhicule, à la sortie du village Ichardhiwen, en attendant que l’orage passe. Entre-temps, notre chauffeur devient moins aventurier et beaucoup plus prudent. Désormais, il n’a plus l’intention de continuer sa montée vers la Haute Kabylie. Ses appréhensions sont renforcées par les dernières infos météo diffusées par la radio et qui annorcent l’arrivée de nouvelles perturbations et un nombre hallucinant de routes coupées. “Même si nous défions la chaussée glissante, il nous sera impossible de rejoindre d’autres localités. La neige finira par nous isoler. Il vaut mieux rentrer !” C’est avec ces mots que D’da Moh nous convainc, enfin, de la nécessité de mettre un terme à notre mission.
    La belle et imprenable Kabylie d’hier nous a été inaccessible.
    Elle n’a fait qu’honorer son statut et consolider sa réputation.
    Ahmed B.

  • #2
    Ce qui m'inquiète c'est que tous les projets transports contourne la Kabylie "montagneuse" et risque de l'isoler à l'avenir d'un éventuel circuit économique national... (alors que cette région a des ressources agricoles qui pourraient permettre de réduire les besoins en importation de l'Algérie)

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