Elles sont trois. Deux jeunes tunisiennes et une jeune marocaine. Afin de préserver leur anonymat, elles souhaitent se faire appeler &Sabrine, Nora et Hanan. En juillet dernier, avec dix autres jeunes femmes dont des Philippines, la justice, via l’auditorat du travail, les avait sorties des griffes de princesses émiraties qui occupaient le quatrième étage du palace de l’avenue Louise, à Bruxelles, le Conrad. Les pauvres filles étaient au service de la veuve de l’émir Muhammed Khalid Al Nahyan, de ses quatre filles, Shaima, Myriam, Maesa et Rawda et de leurs enfants et compagnons. Leur tâche ? Tout faire. leurs horaires ? Jour et nuit. Sans jamais pouvoir sortir de l’hôtel. Aujourd’hui, la famille princière tente de corrompre ses victimes. Elle leur propose de les payer afin qu’elles retirent leur plainte. Mais ensemble, les treize jeunes femmes refusent. On ne leur enlèvera pas leur dignité.
« Des hommes qui doivent être issus de l’ambassade des Emirats arabes en Tunisie sont venus voir mes parents, en Tunisie, à bord d’une voiture banalisée, relate Sabrine. Ils ont dit à mes parents que si je retirais ma plainte, ils m’offriraient une somme d’argent qui me permettrait de vivre cinq ans en Belgique. Depuis lors, ma famille a peur. Surtout qu’on leur a dit que ma vie était menacée ici. »
Mais Sabrine ne veut en aucun cas retourner en Tunisie. Elle est en effet convaincue d’être plus en sécurité en Belgique. Car, selon elle, si elle rentre au pays, c’est la prison qui l’attend. « C’est ce qui est arrivé à une fille qui a pris l’argent et qui est rentrée chez elle, à Dubaï. »
A l’instar des dix autres esclaves, Nora, Sabrine et Hanan ont commencé à se construire en Belgique. Elles sont prises en charge par des associations, dont Pag-Asa, qui les aide. Grâce à la plainte qu’elles ont déposée, elles bénéficient en effet du statut de victime de la traite des êtres humains et sont donc logées, tout en pouvant profiter de formations qui devraient faciliter leur intégration.
Une intégration que l’on voudrait en fait briser, selon Nora. « Pourquoi nous propose-t-on maintenant de l’argent alors que quand ont travaillé pour la princesse, on n’a jamais rien eu. Même pas le droit de sortir ou le droit d’avoir un jour de congé. »
Et le député fédéral Ecolo Fouad Lahssaini qui soutient les jeunes femmes dans leurs démarches d’avancer une explication. « Pour bénéficier du statut de victimes, les filles doivent remplir certaines conditions, notamment rompre tout contact avec la famille princière et déposer plainte. Si l’une de ces conditions n’est pas respectée, le contrat devient caduc. Il suffirait donc qu’une seule fille accepte l’argent pour voir tout le dossier s’écrouler. Et ça, les esclavagistes le savent… »
Pourquoi ne pas avoir déposé plainte pour tentative de corruption privée ? « On n’ose pas, rétorque les filles. On pensait que le dossier déjà ouvert irait plus vite. Et puis on se sentait en sécurité ici car la justice belge avait osé agir… » Et le député d’embrayer. « La justice pourrait aussi envoyer une commission rogatoire afin d’entendre les familles de toutes les filles qui ont été menacées. Ca étaierait les faits. »
Cette commission rogatoire ne sera toutefois peut-être pas indispensable. Car une approche a aussi eu lieu sur le sol belge. « L’avocat belge des Emirats aussi a proposé une importante somme d’argent à nos avocats afin qu’ils nous convainquent de retirer notre plainte. »
Jusqu’à présent, les malheureuses esclaves n’ont pas cédé à la tentation. Mais combien de temps résisteront-elles ?
lesoir.be
« Des hommes qui doivent être issus de l’ambassade des Emirats arabes en Tunisie sont venus voir mes parents, en Tunisie, à bord d’une voiture banalisée, relate Sabrine. Ils ont dit à mes parents que si je retirais ma plainte, ils m’offriraient une somme d’argent qui me permettrait de vivre cinq ans en Belgique. Depuis lors, ma famille a peur. Surtout qu’on leur a dit que ma vie était menacée ici. »
Mais Sabrine ne veut en aucun cas retourner en Tunisie. Elle est en effet convaincue d’être plus en sécurité en Belgique. Car, selon elle, si elle rentre au pays, c’est la prison qui l’attend. « C’est ce qui est arrivé à une fille qui a pris l’argent et qui est rentrée chez elle, à Dubaï. »
A l’instar des dix autres esclaves, Nora, Sabrine et Hanan ont commencé à se construire en Belgique. Elles sont prises en charge par des associations, dont Pag-Asa, qui les aide. Grâce à la plainte qu’elles ont déposée, elles bénéficient en effet du statut de victime de la traite des êtres humains et sont donc logées, tout en pouvant profiter de formations qui devraient faciliter leur intégration.
Une intégration que l’on voudrait en fait briser, selon Nora. « Pourquoi nous propose-t-on maintenant de l’argent alors que quand ont travaillé pour la princesse, on n’a jamais rien eu. Même pas le droit de sortir ou le droit d’avoir un jour de congé. »
Et le député fédéral Ecolo Fouad Lahssaini qui soutient les jeunes femmes dans leurs démarches d’avancer une explication. « Pour bénéficier du statut de victimes, les filles doivent remplir certaines conditions, notamment rompre tout contact avec la famille princière et déposer plainte. Si l’une de ces conditions n’est pas respectée, le contrat devient caduc. Il suffirait donc qu’une seule fille accepte l’argent pour voir tout le dossier s’écrouler. Et ça, les esclavagistes le savent… »
Pourquoi ne pas avoir déposé plainte pour tentative de corruption privée ? « On n’ose pas, rétorque les filles. On pensait que le dossier déjà ouvert irait plus vite. Et puis on se sentait en sécurité ici car la justice belge avait osé agir… » Et le député d’embrayer. « La justice pourrait aussi envoyer une commission rogatoire afin d’entendre les familles de toutes les filles qui ont été menacées. Ca étaierait les faits. »
Cette commission rogatoire ne sera toutefois peut-être pas indispensable. Car une approche a aussi eu lieu sur le sol belge. « L’avocat belge des Emirats aussi a proposé une importante somme d’argent à nos avocats afin qu’ils nous convainquent de retirer notre plainte. »
Jusqu’à présent, les malheureuses esclaves n’ont pas cédé à la tentation. Mais combien de temps résisteront-elles ?
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