Nissan victime de l'effondrement de ses marchés et de l'envolée du yen
Lors de l'été 2008, Carlos Ghosn avait été l'un des premiers à alerter de la gravité de la crise de l'industrie automobile mondiale. Le PDG de Renault et Nissan en tire aujourd'hui les conséquences de façon drastique. Fidèle à sa réputation de "cost killer", (coupeur de coûts), M. Ghosn a annoncé, lundi 9 février, la suppression de 20 000 emplois chez Nissan d'ici à mars 2010.
La restructuration est à la hauteur de la dégringolade des bénéfices du constructeur japonais, dont Renault détient 44,4 %. Nissan prévoyait initialement de gagner 2,2 milliards d'euros pour son exercice clos le 31 mars. Finalement il devrait perdre 1,35 milliard. Déjà au troisième trimestre de son exercice (octobre à décembre), le groupe a enregistré une perte d'exploitation de 849 millions d'euros, la première depuis que M. Ghosn dirige l'entreprise. "Les pires scénarios possibles se sont systématiquement réalisés, a-t-il expliqué. Nous devons protéger notre entreprise face à cette situation".
LE MARCHÉ AMÉRICAIN, D'ATOUT, EST DEVENU UN HANDICAP
Comme ses principaux rivaux japonais, Nissan est victime à la fois de l'effondrement des marchés automobile et de l'envolée du yen par rapport au dollar. Ce double phénomène est particulièrement dévastateur aux Etats-Unis, où le groupe japonais réalisait jusqu'à présent les trois-quarts de ses bénéfices.
Mais avec la réévaluation du yen de plus de 20 % et une chute de 30 % de ses ventes aux Etats-Unis, le marché américain, d'atout, est devenu un handicap. Le Japon et l'Europe tournent aussi au ralenti, mais Nissan ne se résout pas encore à fermer d'usine.
"Cette crise ne va pas durer éternellement", espère M. Ghosn. C'est pourquoi parallèlement aux suppressions de postes, Nissan veut également mettre en place un système de "partage du travail", consistant à réduire les horaires de ses salariés ou instaurer des jours de fermeture dans ses usines.
Nissan prévoit également de baisser les rémunérations de ses dirigeants. Ces mesures consistent à réduire de 20 % les dépenses de personnel dans les pays où ces coûts sont le plus élevés.
Par ailleurs, alors que l'alliance avec Renault va fêter ses dix ans en mars, Nissan renonce à deux projets d'envergure, qu'il comptait mener à bien avec son partenaire français. Le japonais suspend ainsi sa participation à l'usine de Tanger au Maroc, tandis qu'un autre projet en Inde va être révisé.
La crise actuelle est en train de refermer la parenthèse enchantée qu'a connue Nissan sous l'ère Ghosn. Le groupe replonge dans le rouge et licencie à nouveau. Mais les temps ont changé. En arrivant à la tête de l'entreprise en 1999, le PDG avait annoncé 21 000 suppressions de postes, provoquant un grand émoi dans le pays de l'emploi à vie.
Dix ans plus tard, le Japon est submergé par une vague de licenciements dans la high tech et dans l'automobile, offrant au plan de Nissan une certaine forme de banalisation.
Stéphane Lauer (Le Monde)
Lors de l'été 2008, Carlos Ghosn avait été l'un des premiers à alerter de la gravité de la crise de l'industrie automobile mondiale. Le PDG de Renault et Nissan en tire aujourd'hui les conséquences de façon drastique. Fidèle à sa réputation de "cost killer", (coupeur de coûts), M. Ghosn a annoncé, lundi 9 février, la suppression de 20 000 emplois chez Nissan d'ici à mars 2010.
La restructuration est à la hauteur de la dégringolade des bénéfices du constructeur japonais, dont Renault détient 44,4 %. Nissan prévoyait initialement de gagner 2,2 milliards d'euros pour son exercice clos le 31 mars. Finalement il devrait perdre 1,35 milliard. Déjà au troisième trimestre de son exercice (octobre à décembre), le groupe a enregistré une perte d'exploitation de 849 millions d'euros, la première depuis que M. Ghosn dirige l'entreprise. "Les pires scénarios possibles se sont systématiquement réalisés, a-t-il expliqué. Nous devons protéger notre entreprise face à cette situation".
LE MARCHÉ AMÉRICAIN, D'ATOUT, EST DEVENU UN HANDICAP
Comme ses principaux rivaux japonais, Nissan est victime à la fois de l'effondrement des marchés automobile et de l'envolée du yen par rapport au dollar. Ce double phénomène est particulièrement dévastateur aux Etats-Unis, où le groupe japonais réalisait jusqu'à présent les trois-quarts de ses bénéfices.
Mais avec la réévaluation du yen de plus de 20 % et une chute de 30 % de ses ventes aux Etats-Unis, le marché américain, d'atout, est devenu un handicap. Le Japon et l'Europe tournent aussi au ralenti, mais Nissan ne se résout pas encore à fermer d'usine.
"Cette crise ne va pas durer éternellement", espère M. Ghosn. C'est pourquoi parallèlement aux suppressions de postes, Nissan veut également mettre en place un système de "partage du travail", consistant à réduire les horaires de ses salariés ou instaurer des jours de fermeture dans ses usines.
Nissan prévoit également de baisser les rémunérations de ses dirigeants. Ces mesures consistent à réduire de 20 % les dépenses de personnel dans les pays où ces coûts sont le plus élevés.
Par ailleurs, alors que l'alliance avec Renault va fêter ses dix ans en mars, Nissan renonce à deux projets d'envergure, qu'il comptait mener à bien avec son partenaire français. Le japonais suspend ainsi sa participation à l'usine de Tanger au Maroc, tandis qu'un autre projet en Inde va être révisé.
La crise actuelle est en train de refermer la parenthèse enchantée qu'a connue Nissan sous l'ère Ghosn. Le groupe replonge dans le rouge et licencie à nouveau. Mais les temps ont changé. En arrivant à la tête de l'entreprise en 1999, le PDG avait annoncé 21 000 suppressions de postes, provoquant un grand émoi dans le pays de l'emploi à vie.
Dix ans plus tard, le Japon est submergé par une vague de licenciements dans la high tech et dans l'automobile, offrant au plan de Nissan une certaine forme de banalisation.
Stéphane Lauer (Le Monde)
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