«Argelia con Cuba dos pueblos hermanos»
Fidel Castro
Une ïle singulière dont le combat épique avait bercé les imaginaires dans les années 60. Nous retiendrons l’image des «Barbudos» de Fidel Castro s’écriant devant Boumediène lors d’une de ses visites: «Argelia con Cuba dos pueblos hermanos.»
Petit rappel sur cette ïle mythique: l’indépendance de Cuba s’est faite le 10 octobre 1868. La Révolution cubaine date du 1er janvier 1959. Son indicateur du développement humain qui croise plusieurs facteurs, santé, éducation, niveau de vie (IDH 2005), est l’un des plus élevés: 0,838. Sa population de 11.423.952 habitants en 2008. L’espérance de vie est de 78 ans, une des plus importantes au monde.(1)
La République de Cuba est formée de l’île de Cuba (la plus grande île des Grandes Antilles), de l’île de la Jeunesse et de quelques autres petites îles. Sa capitale est La Havane, sa langue officielle l’espagnol et deux monnaies y sont utilisées: le peso cubain et le peso cubain convertible. L’île a été une colonie espagnole de 1492 à 1898. Les Espagnols y ont décimé les tribus indiennes et importé des esclaves africains. La culture cubaine résulte du mélange entre les cultures espagnole et africaine. Cuba possède un rayonnement culturel assez important. Depuis 1959, Cuba est une République socialiste.(2)
Avant l’arrivée des conquistadors, Cuba était peuplée d’Amérindiens: les Siboney étaient des chasseurs et des pêcheurs qui ont laissé de belles peintures rupestres, plus de 200 dans les grottes de Punta del Este sur la Isla de la Juventud. Les Taino vivaient de la culture et de la chasse.
L’Espagne conquit l’île au cours du XVIe siècle après sa découverte par Christophe Colomb le 28 octobre 1492. La domination espagnole durera 1868. Malgré les efforts du prêtre dominicain Bartolomé de las Casas, la population indienne payera un lourd tribut: elle sera pratiquement décimée en quelques années. Les conquistadors décident de faire de Cuba leur plaque tournante vers le continent et l’utilisent comme escale pour les navires chargés des richesses du Nouveau Monde à destination de l’Espagne. Ce fut le fameux commerce triangulaire où se singularisèrent aussi les Juifs qui détenaient une grande partie du commerce. De 1792 à 1860, on introduit à Cuba plus de sept-cent-vingt mille esclaves, plus qu’au cours des deux siècles précédents. C’est seulement en 1886 que fut supprimé l’esclavage.
Les luttes pour l’indépendance remontent au milieu du XIXe siècle avec la guerre des Dix ans qui débuta en 1868. Les États-Unis intervinrent dans la guerre d’indépendance cubaine, qui avait fait 200.000 morts depuis 1895 (soit 1/8 de la population), pour aider les indépendantistes et occupèrent l’île de 1898 à 1902, puis de 1905 à 1909. Fidel Castro prit la tête d’une armée de révolutionnaires en 1956, renversant le dictateur Fulgencio Batista le 1er janvier 1959. Il est aidé par Ernesto Che Guevara qui deviendra une légende. Il dirige Cuba jusqu’au 31 juillet 2006 puis c’est son frère Raúl Castro Ruz qui, après avoir assuré l’intérim du pouvoir, est élu le 24 février 2008 président du Conseil d’État et du Conseil des ministres par l’Assemblée nationale.
Qu’en est-il de l’embargo?
Les États-Unis sont l’une des premières nations à reconnaître diplomatiquement ce nouveau gouvernement, mais les rapports entre les deux pays se gâtent dès le mois de mai lors de la nationalisation des avoirs étrangers (dont ceux de United Fruit Co) à Cuba. Par la suite, du 17 au 19 avril 1961 eut lieu une tentative de débarquement à la Baie des Cochons de 1400 réfugiés, recrutés, payés et entraînés par la CIA américaine, qui se solda par un échec. Les États-Unis mirent en place un embargo économique en 1962, mais renoncèrent à toute invasion de Cuba. Le pays fut longtemps soutenu par l’URSS qui lui accordait une aide.
L’enseignement est gratuit à tous les niveaux. Avant la révolution cubaine, le taux d’alphabétisation à Cuba, était déjà de 78%, alors que la moyenne mondiale était de 44%. Selon le PNUD, Cuba se situe au troisième rang mondial avec un taux d’alphabétisation de 99,8% aujourd’hui, à égalité avec l’Estonie et devant les États-Unis (93,3%). La plus ancienne université du pays est celle de La Havane fondée en 1728.
Cuba est également connue pour sa médecine et son éducation gratuites. Beaucoup d’étrangers viennent s’y faire soigner. Tous les hôpitaux ainsi que les traitements sont gratuits. Les Cubains sont aussi très avancés dans le domaine de la biotechnologie. Dès 1963, des médecins cubains ont été envoyés en Algérie. Cuba offrit aux enfants victimes de la catastrophe de Tchernobyl des soins gratuits. Dès 1990 Cuba a réussi à former plus de 78.000 médecins et à aider une centaine de pays. Plus de 20.000 médecins cubains sont à l’étranger, particulièrement au Venezuela qui en accueille 14.000. Cuba est un des six pays au monde produisant une protéine nommée interferon (INF). En 2004, le président Fidel Castro a lancé une vaste campagne humanitaire continentale portant le nom d’Opération Miracle. Près de 600.000 personnes de 28 pays, y compris des citoyens américains, ont retrouvé la vue grâce à l’altruisme des médecins cubains. L’élection d’Evo Morales en Bolivie permit aux Boliviens d’accéder au programme humanitaire lancé par Cuba. Ironie de l’histoire, quarante ans après la mort du Che, son exécuteur, le sergent bolivien Mario Terán qui a assassiné sur ordre de ses supérieurs Che Guevara, a pu se faire opérer par des médecins cubains dans un hôpital offert par Cuba à la Bolivie d’Evo Morales.(3)
Le sergent a lui-même raconté à la presse plus tard qu’il tremblait comme une feuille lorsqu’il s’est retrouvé face à cet homme qu’il a vu à ce moment-là «grand, très grand, immense». Le Che, blessé, assis sur un banc de la modeste école, le voyant hésitant et effrayé, a eu le courage qui manquait à son assassin: il a ouvert sa chemise kaki élimée, découvert sa poitrine et lui a crié: «Ne tremble plus et tire ici, car tu vas tuer un homme.»(4)
L’île produit du tabac (plus ou moins 300 millions de cigares par an ainsi qu’une bonne douzaine de milliards de cigarettes brunes ou blondes), du café et de la canne à sucre. Il semble que l’on ait cultivé, dès 1523, la canne à Cuba. En 1620, Cuba produisait 550 tonnes; en 1987, plus de 7 millions. Cuba est devenue le premier exportateur mondial de canne à sucre. Face à la crise économique, Cuba libéralisa un peu son économie, le développement d’entreprises privées. Le tourisme fut aussi encouragé. En 1996, l’activité touristique représentait plus que la culture de la canne à sucre en termes de devises. L’essentiel des touristes venant du Canada ou de l’Union européenne, a généré 2,1 milliards de dollars de revenus en 2003.
Fidel Castro
Une ïle singulière dont le combat épique avait bercé les imaginaires dans les années 60. Nous retiendrons l’image des «Barbudos» de Fidel Castro s’écriant devant Boumediène lors d’une de ses visites: «Argelia con Cuba dos pueblos hermanos.»
Petit rappel sur cette ïle mythique: l’indépendance de Cuba s’est faite le 10 octobre 1868. La Révolution cubaine date du 1er janvier 1959. Son indicateur du développement humain qui croise plusieurs facteurs, santé, éducation, niveau de vie (IDH 2005), est l’un des plus élevés: 0,838. Sa population de 11.423.952 habitants en 2008. L’espérance de vie est de 78 ans, une des plus importantes au monde.(1)
La République de Cuba est formée de l’île de Cuba (la plus grande île des Grandes Antilles), de l’île de la Jeunesse et de quelques autres petites îles. Sa capitale est La Havane, sa langue officielle l’espagnol et deux monnaies y sont utilisées: le peso cubain et le peso cubain convertible. L’île a été une colonie espagnole de 1492 à 1898. Les Espagnols y ont décimé les tribus indiennes et importé des esclaves africains. La culture cubaine résulte du mélange entre les cultures espagnole et africaine. Cuba possède un rayonnement culturel assez important. Depuis 1959, Cuba est une République socialiste.(2)
Avant l’arrivée des conquistadors, Cuba était peuplée d’Amérindiens: les Siboney étaient des chasseurs et des pêcheurs qui ont laissé de belles peintures rupestres, plus de 200 dans les grottes de Punta del Este sur la Isla de la Juventud. Les Taino vivaient de la culture et de la chasse.
L’Espagne conquit l’île au cours du XVIe siècle après sa découverte par Christophe Colomb le 28 octobre 1492. La domination espagnole durera 1868. Malgré les efforts du prêtre dominicain Bartolomé de las Casas, la population indienne payera un lourd tribut: elle sera pratiquement décimée en quelques années. Les conquistadors décident de faire de Cuba leur plaque tournante vers le continent et l’utilisent comme escale pour les navires chargés des richesses du Nouveau Monde à destination de l’Espagne. Ce fut le fameux commerce triangulaire où se singularisèrent aussi les Juifs qui détenaient une grande partie du commerce. De 1792 à 1860, on introduit à Cuba plus de sept-cent-vingt mille esclaves, plus qu’au cours des deux siècles précédents. C’est seulement en 1886 que fut supprimé l’esclavage.
Les luttes pour l’indépendance remontent au milieu du XIXe siècle avec la guerre des Dix ans qui débuta en 1868. Les États-Unis intervinrent dans la guerre d’indépendance cubaine, qui avait fait 200.000 morts depuis 1895 (soit 1/8 de la population), pour aider les indépendantistes et occupèrent l’île de 1898 à 1902, puis de 1905 à 1909. Fidel Castro prit la tête d’une armée de révolutionnaires en 1956, renversant le dictateur Fulgencio Batista le 1er janvier 1959. Il est aidé par Ernesto Che Guevara qui deviendra une légende. Il dirige Cuba jusqu’au 31 juillet 2006 puis c’est son frère Raúl Castro Ruz qui, après avoir assuré l’intérim du pouvoir, est élu le 24 février 2008 président du Conseil d’État et du Conseil des ministres par l’Assemblée nationale.
Qu’en est-il de l’embargo?
Les États-Unis sont l’une des premières nations à reconnaître diplomatiquement ce nouveau gouvernement, mais les rapports entre les deux pays se gâtent dès le mois de mai lors de la nationalisation des avoirs étrangers (dont ceux de United Fruit Co) à Cuba. Par la suite, du 17 au 19 avril 1961 eut lieu une tentative de débarquement à la Baie des Cochons de 1400 réfugiés, recrutés, payés et entraînés par la CIA américaine, qui se solda par un échec. Les États-Unis mirent en place un embargo économique en 1962, mais renoncèrent à toute invasion de Cuba. Le pays fut longtemps soutenu par l’URSS qui lui accordait une aide.
L’enseignement est gratuit à tous les niveaux. Avant la révolution cubaine, le taux d’alphabétisation à Cuba, était déjà de 78%, alors que la moyenne mondiale était de 44%. Selon le PNUD, Cuba se situe au troisième rang mondial avec un taux d’alphabétisation de 99,8% aujourd’hui, à égalité avec l’Estonie et devant les États-Unis (93,3%). La plus ancienne université du pays est celle de La Havane fondée en 1728.
Cuba est également connue pour sa médecine et son éducation gratuites. Beaucoup d’étrangers viennent s’y faire soigner. Tous les hôpitaux ainsi que les traitements sont gratuits. Les Cubains sont aussi très avancés dans le domaine de la biotechnologie. Dès 1963, des médecins cubains ont été envoyés en Algérie. Cuba offrit aux enfants victimes de la catastrophe de Tchernobyl des soins gratuits. Dès 1990 Cuba a réussi à former plus de 78.000 médecins et à aider une centaine de pays. Plus de 20.000 médecins cubains sont à l’étranger, particulièrement au Venezuela qui en accueille 14.000. Cuba est un des six pays au monde produisant une protéine nommée interferon (INF). En 2004, le président Fidel Castro a lancé une vaste campagne humanitaire continentale portant le nom d’Opération Miracle. Près de 600.000 personnes de 28 pays, y compris des citoyens américains, ont retrouvé la vue grâce à l’altruisme des médecins cubains. L’élection d’Evo Morales en Bolivie permit aux Boliviens d’accéder au programme humanitaire lancé par Cuba. Ironie de l’histoire, quarante ans après la mort du Che, son exécuteur, le sergent bolivien Mario Terán qui a assassiné sur ordre de ses supérieurs Che Guevara, a pu se faire opérer par des médecins cubains dans un hôpital offert par Cuba à la Bolivie d’Evo Morales.(3)
Le sergent a lui-même raconté à la presse plus tard qu’il tremblait comme une feuille lorsqu’il s’est retrouvé face à cet homme qu’il a vu à ce moment-là «grand, très grand, immense». Le Che, blessé, assis sur un banc de la modeste école, le voyant hésitant et effrayé, a eu le courage qui manquait à son assassin: il a ouvert sa chemise kaki élimée, découvert sa poitrine et lui a crié: «Ne tremble plus et tire ici, car tu vas tuer un homme.»(4)
L’île produit du tabac (plus ou moins 300 millions de cigares par an ainsi qu’une bonne douzaine de milliards de cigarettes brunes ou blondes), du café et de la canne à sucre. Il semble que l’on ait cultivé, dès 1523, la canne à Cuba. En 1620, Cuba produisait 550 tonnes; en 1987, plus de 7 millions. Cuba est devenue le premier exportateur mondial de canne à sucre. Face à la crise économique, Cuba libéralisa un peu son économie, le développement d’entreprises privées. Le tourisme fut aussi encouragé. En 1996, l’activité touristique représentait plus que la culture de la canne à sucre en termes de devises. L’essentiel des touristes venant du Canada ou de l’Union européenne, a généré 2,1 milliards de dollars de revenus en 2003.
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