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La République islamique d'Iran fête ses 30 ans

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  • La République islamique d'Iran fête ses 30 ans

    Ce mardi, les festivités marquant le trentième anniversaire de la Révolution islamique iranienne atteignent leur apogée, avec le rassemblement de dizaines de milliers de manifestants place Azadi,à Téhéran. Et le discours du président Mahmoud Ahmadinejad devant la foule.

    Un vrai casse-tête: comment fêter ses trente ans avant de sortir de la quarantaine? Malgré son isolement relatif, la République islamique d'Iran célèbre avec faste le 30e anniversaire de la révolution fatale au Chah. Apogée d'une décade de cérémonies, le rassemblement de ce mardi place Azadi (Liberté), à l'ouest de Téhéran, où se dresse l'arche triomphale édifiée sur ordre du souverain déchu pour les festivités des 2500 ans de l'Empire, en 1972. C'est en effet le 10 février que l'on commémore la chute de la dynastie Pahlavi. Ou plus exactement, en cet an de grâce 1387 selon le calendrier persan, le 22 du mois de Bahman.

    A leur arrivée, les journalistes sont priés de revêtir une chasuble jaune fluo. Mauvaise pioche: la mienne porte le n°699. Même pas foutu de tirer un dossard frappé d'un chiffre rond... Face à la tribune officielle, la vaste esplanade tarde à se remplir. Une armada d'autocars a pourtant convoyé jusque là des cohortes de fonctionnaires, d'écoliers et de bassiji, volontaires dévoués corps et âmes au régime théocratique. A l'inverse, maints Téhéranais ont profité de ce jour férié providentiel pour fuir la mégalopole aux avenues étonnamment désertes. Les uns vers les stations balnéaires de la mer Caspienne; les autres vers les sentiers escarpés ou les pistes de ski des contreforts de l'Alborz, la chaîne de montagne dont les sommets enneigés ceinturent la capitale par le nord.

    Chacun son 22 Bahman. Ici, place Azadi, afflue l'Iran des abayas noires, des hidjabs ajustés, des gamins en treillis, des keffiehs quadrillés chers aux miliciens et des fronts ceints de turbans verts à la gloire de l'imam Hussein, héros et martyr. Sur cette houle lente et sombre flottent étendards et banderoles. Rien ne manque à la panoplie: ni le mannequin artisanal de l'Oncle Sam, pantin dérisoire, ni les pancartes barrées des formules rituelles -"A bas les USA!" ou "A bas Israël" - et parfois ornées d'une chaussure, allusion ironique au jet de tatanes que George W. Bush esquiva de peu à Bagdad.

    En cette matinée frisquette, même le soleil sort voilé. Au pied de la tribune officielle, généreusement fleurie, une foule de collégiennes et de lycéennes agitent gaiement leurs petits drapeaux, tandis qu'une sono saturée enchaîne les refrains martiaux, patriotiques et religieux. Cette volée de corneilles donne la réplique à un autre oiseau, le phénix, symbole des festivités. Et pour cause: une vielle légende exalte l'aventure de 30 -ça tombe bien- de ces volatiles; lesquels, en conjuguant leurs forces, vinrent à bout du filet qui les emprisonnait. Place maintenant à la fanfare militaire et à un chant révolutionnaire fameux, où il est question de l'obscurité qui s'éloigne et du printemps qui point. C'est beau comme du Jack Lang un soir de mai 1981.

    Restons dans le domaine céleste. Deux hélicos de l'armée viennent de larguer une grappe de parachutistes dont les fumigènes colorés dessinent le sillage dans la grisaille. Las!, l'un d'eux atterrit dans le carré réservé aux femmes, déclenchant chez les "soeurs" une joyeuse pagaille. Rapport à son avancement, le para de ces dames aurait sans doute pu trouver mieux. Bien sûr, on est en 1387, mais quand même...

    Attendu comme le 12e imam, messie du chiisme, Mahmoud Ahmadinejad apparaît. Son visage anguleux émerge au-dessus des massifs de lys et de marguerites. Dans l'immédiat, le président iranien cède le micro à un jeune bassij à la voix haut-perchée, le temps de fredonner à ses côtés l'hymne des "mobilisés".

    Puis il entreprend de prononcer un discours sur lequel, foi de matricule 699, nous reviendrons. Je ne veux dénoncer personne, mais les écolières massées au pied de la tribune auraient bien du mal à en faire autant: elles se sont égayées bien avant la fin de l'adresse de l'ancien maire de Téhéran...

    par l'Express


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