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Pourquoi Nissan suspend son projet de Tanger

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  • Pourquoi Nissan suspend son projet de Tanger

    · Renault maintient son investissement

    · Mais éventuelles incidences sur le planning


    · 80% de la production sera assurée par le constructeur français


    C’EST officiel, le constructeur vient d’annoncer sa décision «de suspendre sa participation dans le projet d’usine commune» de l’alliance Renault Nissan à Tanger. Un coup dur asséné à la compétitivité du site Maroc.
    Mais attention, il ne s’agit nullement d’une annulation, mais juste un report dicté par un vaste plan d’austérité destiné à surmonter la crise économique mondiale, fait-on valoir auprès du constructeur nippon.
    Le plan d’austérité devra également se traduire, selon le PDG Carlos Ghosn, par la suppression de 20.000 emplois dans le monde. «Nous sommes frappés par trois difficultés en même temps: crise du crédit, récession économique et renforcement du yen», a déploré récemment Ghosn estimant que «les pires scénarios possibles se sont systématiquement réalisés» ces derniers mois.
    Hier matin, les professionnels du secteur automobile à Casablanca et Tanger, notamment les équipementiers qui fondent beaucoup d’espoir sur cet investissement, sont restés abasourdis.
    «Certes, les rumeurs allaient bon train depuis quelques mois sur une éventuelle annulation de projets de Nissan dans le monde. Mais on ne croyait pas que le Maroc allait être concerné directement compte tenu des engagements pris au plus haut niveau par le top management de l’Alliance», se désole une source proche des équipementiers.
    Maintenant que la décision est tombée, poursuit une source auprès de l’Association marocaine du commerce automobile (Amica), il va falloir s’adapter à la nouvelle donne: «C’est au gouvernement de faire preuve de réactivité, de pragmatisme et éventuellement redimensionner le projet de Renault». Il y va de la crédibilité et de la compétitivité du site Maroc à l’international et de sa capacité à drainer des investissements dans une conjoncture internationale morose, estiment des opérateurs du secteur.
    La logique veut que, dans ce cas de figure, l’Etat s’implique pleinement pour convaincre Renault d’investir plus ou du moins réajuster le business plan. D’ailleurs, le management de Renault a appelé hier matin le ministre de l’Industrie pour lui réaffirmer le maintien du projet de Tanger.


    30 véhicules par heure


    Aux yeux de Ahmed Réda Chami, ministre du Commerce et de l’Industrie, «dans ce projet, le seul interlocuteur du Maroc est Renault. Le contrat-cadre a été négocié avec le constructeur français. Mais suspendre ne signifie pas renoncer définitivement au projet». Par ailleurs, ajoute le ministre, «même si Nissan venait à se retirer du projet, cela ne devrait pas compromettre l’avenir de celui-ci». Sachant que, poursuit Chami, 80% de la production est assurée par Renault dans le site de Melloussa. A noter que dans ce projet, il existe trois lignes de production -dont deux de 30 véhicules par heure chacune dédiée à Renault-. Quant à l’autre ligne -de 15 véhicules/heure-, elle devait relever de Nissan. Autrement dit, Chami estime que quelle que soit l’issue de cette affaire, l’usine de Renault à Tanger restera à ce jour la plus grande au monde.
    Reste à savoir si le constructeur Renault est prêt dans le contexte actuel à maintenir ses ambitions et à respecter son calendrier initial à l’identique sur Tanger? D’autant plus que les aides de l’Etat français (6 milliards d’euros répartis entre Renault et PSA) dans le plan de relance «pour dépanner l’automobile» est conditionné par la non-fermeture des sites de production en France. Et par ricochet, l’abandon des projets de délocalisations. Le Maroc n’est pas concerné par cette restriction, pour la simple raison que le contrat cadre ne date pas d’aujourd’hui.
    Contacté par L’Economiste, Renault Maroc précise que «l’annonce par Nissan de suspendre sa participation dans le projet industriel de Tanger ne remet nullement en cause l’investissement du site de Melloussa».
    La filiale marocaine du constructeur français rappelle que Renault avait signé des accords avec le gouvernement marocain. En revanche, «la décision de Nissan pourrait avoir des incidences sur les plannings que Renault n’est pas en mesure de préciser pour l’instant».
    Difficile aussi, pour le moment, d’avoir des éléments chiffrés sur le manque à gagner, l’impact sur le tissu des équipementiers…
    Pour rappel, l’usine de Tanger devait ouvrir en 2010. Le business plan de ce site tablait sur la production de quelque 400.000 véhicules par an à partir de 2013. Les véhicules devront être destinés à près de 90% à l’export. La marque au losange est jusque-là censée produire la majorité (80%). Quant à Nissan, il comptait fabriquer surtout des utilitaires et des fourgons à Tanger.
    Ce qui relativise un tant soit peu la décision du constructeur nippon. Selon une source proche de Nissan, compte tenu du marché international, les priorités du constructeur lui imposent de se rétracter sur les gros investissements à mener tout en se concentrant sur l’existant des sites compétitifs de production.



    Effet yen et conjoncture



    LA problématique du renchérissement du yen à des niveaux jamais atteints depuis plus de 13 ans n’arrange pas non plus la compétitivité et la rentabilité commerciale des concessions Nissan dans le monde. Le constructeur nippon prévoit de clôturer l’exercice 2008-2009 sur une lourde perte nette de 2,2 milliards d’euros. Cette année, le chiffre d’affaires sera de 23,3% inférieur à celui de l’exercice précédent. Le groupe va dès 2009 comprimer les rémunérations de ses dirigeants. Au 31 mars 2010, Nissan compte réduire ses effectifs de 8,5% dans le monde. Rappelons que le constructeur a déjà annoncé des milliers de suppressions d’emplois en Espagne, en Grande-Bretagne, au Japon, aux Etats-Unis…
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