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Othman Benjelloun: Interrogations autour d’un empire bancaire

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  • Othman Benjelloun: Interrogations autour d’un empire bancaire

    Troisième fortune du Maroc, Othman Benjelloun est à la tête d’un holding, Finance com, aux ramifications multiples.

    Après plusieurs années d’ascension continue dans le secteur bancaire, BMCE Bank et son emblématique président directeur général, Othman Benjelloun, arrivent à un niveau où les interrogations sont aussi nombreuses que les convoitises. C’est que la ferraille, héritée dans un mauvais état par le biais d’une opération de privatisation en 1995, s’est transformée en un joli rubis convoité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du royaume. Après avoir ouvert 100 agences en 2008, BMCE Bank comptait, au 31 décembre 2008, quelque 500 représentations commerciales dans tout le Maroc.
    En bon banquier, Othman Benjelloun sait bien faire durer les attentes. Faire du temps un allié pour valoriser ses positions. Depuis plus de deux ans, la presse se fait écho d’alliances imminentes ou d’acquisition d’une banque d’affaires de la place. Il n’en est rien. L’homme sait bien entretenir le doute et se faire entourer. La preuve par Jalloul Ayyad, cheville ouvrière du groupe et artisan de la wholesale bank, et Brahim Benjelloun Touimi, inamovible conseiller, gardien des insignes et des armoiries de l’empire. Il sait bien anticiper. L’alliance avec l’Américain Westinghouse dans les années 70 a été accélératrice de business. Faire les bons placements. En misant de manière désintéressée dans la fondation Clinton. Il sait bien encaisser les coups durs et… oublier. Le départ, jadis, d’un Saad Bendidi, présenté alors comme le digne héritier de la couronne, vers le concurrent ONA.

    Bref, Othman Benjelloun sait bien faire mystère de ses desseins. Qui saura s’il a vraiment voulu contrôler la SNI au terme d’une bataille livrée (et perdue ?) à la fin des années 90 contre l’ONA et qui aura tenue en haleine l’ensemble de la communauté financière. Tout un art développé sans doute dans les lambris du Palais royal pour celui qui a battu le record de longévité en tant que conseiller économique officieux du roi Hassan II.

    Envisage-t-il de s’ouvrir davantage aux groupes étrangers ? Les regards sont particulièrement tournés vers le Crédit Mutuel qui a opéré bruyamment, à force de communiqués et de notices, fin décembre, au reclassement de ses actifs (15%) détenus dans le capital de BMCE Bank.
    De sources internes à cette entité, il est acquis que des négociations sont en cours pour porter la participation du groupe français à au moins 20%. Motus et bouche cousue dans l’état-major de M. Benjelloun où les cadres et salariés, habitués aux stocks options (ils ont encaissé 350 millions de plus-values cette année en vendant à 3180 dirhams des titres acquis à 525 Dh, soit un rendement de plus de 400% !) et à la culture du secret bien gardé, se hasardent rarement à répondre aux questions de la presse.

    Alliance forte
    En attendant, ceux qui connaissent bien les ambitions africaines du Crédit Mutuel s’étonnent d’ores et déjà qu’une telle institution veuille rester ad vitam eternam dans un rôle de minoritaire qui ne sied ni à son rang, ni à son amour autoproclamé pour l’Afrique. La réponse se trouve en partie à Paris, à Lyon, mais aussi à Casablanca, dans la tour BMCE Bank dont l’écran géant reproduisant les indices boursiers 24/24 illumine l’intersection des Avenues Zerktouni et Hassan II.
    D’aucuns pensent que l’avenir du groupe passe nécessairement par une alliance forte avec l’un des nombreux héritiers spirituels d’Othman Benjelloun qui font le Maroc d’aujourd’hui ou, pas improbable, avec les nouvelles fortunes nées du boom immobilier et financier. Ces pistes s’avèrent d’autant plus vraisemblables que toute cession importante à un groupe étranger doit, au préalable, recueillir l’assentiment des autorités financières marocaines, ce qui n’est pas automatique.

    Diversifications
    Fassi bon teint, marié à la fille d’une grande figure berbère du pays, l’homme d’affaires a toujours été avant-gardiste. Pour l’anecdote, « il a doté le royaume de sa première vraie salle de marché », se souvient avec émotion un cadre bancaire débauché par la concurrence. C’est lui qui, alors que les banques, devenues trop grandes, se neutralisaient dans un territoire serré, a sonné le tocsin en engageant une diversification tous azimuts. Vers la petite distribution en misant sur la reconversion du commerçant traditionnel du coin en un gestionnaire avisé d’une superette moderne de 400 à 500 mètres carrés.
    Plus qu’un programme financier, c’est une révolution culturelle que veut provoquer la troisième fortune du Maroc dans un secteur où des enseignes Label Vie et Acima (filiale de Marjane, filiale du groupe ONA) se meuvent en maîtres. La valorisation de Hanouty se fera sans doute, mais avec le temps
    A l’intérieur du groupe, certains cadres misent sur la banque de demain, persuadés que celle-ci passe par les télécoms, les nouvelles technologies, la télévision et, in fine, un grand groupe média.
    Autant de domaines qui entrent aujourd’hui dans le périmètre de consolidation du groupe. Certes, l’opérateur de téléphonie Méditel, issu d’une alliance entre Finance com, Téléfonica, Portugal Télécom et la CDG, est loin d’être une soucoupe volante au vu de ses stats. Mais elle occupe quand même une deuxième place qu’il faudra défendre sans cesse contre Wana (groupe ONA).
    Le projet de communication AtCom porté par Moncef Belkhayate n’en finit pas d’être annoncé. « Son plan de vol est tout tracé », dit-on. La concrétisation et la validation d’un projet de télévision devraient donner une puissante impulsion à la banque de demain qui tournera autour du capital, de la technologie et de la communication. En attendant, les projets ne s’arrêtent pas chez BMCE Bank.

    La perle rare
    L’ouverture de Medicapital Bank en plein cœur de Londres, en 2008, illustre bien l’audace qui anime ce banquier aux cheveux argentés et lissés, comme ceux d’un lord britannique. Il sait mieux que quiconque le prix du mètre carré dans la capitale britannique, le niveau de concurrence au cœur de la City et toutes les opportunités qu’une grande banque d’affaires dédiée à l’Afrique peut tirer de cette expérience anglaise. Présente au Sénégal (BMCE Capital) et en Tunisie (Axis Capital), les ramifications de la future grande banque d’affaires disposent déjà des capacités à couvrir les 17 pays de l’Afrique francophone. L’avenir de Medicapital passera aussi par le degré de synergie avec la filiale parisienne de BMCE Bank, l’agence de Madrid et l’implantation (en cours) de la filiale de Dubaï.
    Il sait dénicher la perle rare, comme ce fut le cas avec l’entrée fracassante dans le capital de Bank of Africa (présent dans onze pays) qu’il contrôle aujourd’hui à 42%. Le contrôle futur de cette entité devra passer par un deal avec les institutionnels et les privés maliens qui en forment le tour de table.
    Président de l’Union maghrébine des banques, président du Groupement bancaire marocain, citoyen du monde, Othman Benjelloun est connu pour être un militant ardent de la monnaie unique des cinq pays formant cet espace politique. Sa demande d’agrément bancaire, boudée par les autorités algériennes depuis quelques années, n’a pas émoussé cette ardeur « maghrébine » qui l’anime. Loin s’en faut.
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