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Leon Panetta confirmé à la tête de la CIA

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  • Leon Panetta confirmé à la tête de la CIA

    Le Sénat américain a approuvé, jeudi 12 février, la nomination de Leon Panetta à la tête de la CIA. M. Panetta n'était pas le premier choix de Barack Obama et il le sait.

    Pour diriger l'Agence centrale de renseignement, le président avait d'abord songé à l'ex-chef de cabinet de George Tenet en fonction lors des attentats du 11-Septembre : John Brennan. Ce dernier avait claqué la porte de la CIA en 2005 sans cacher ses critiques de la stratégie de George Bush. Il prédisait l'inéluctable faillite du boycott de l'Iran et prônait un changement d'attitude vis-à-vis du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien.

    En raison de sa connaissance des dossiers, M. Brennan bénéficiait d'un important crédit dans la CIA. Mais une fois parti de l'Agence, il avait fondé l'une de ces firmes (Analysis Corp. et son antenne londonienne, Global Stratégies) qui ont bénéficié de contrats en Irak et en Afghanistan. Des associations de défense des droits de l'homme le soupçonnent d'avoir trempé dans la politique des prisons secrètes américaines où la torture était pratiquée. Exit M. Brennan à la tête de la CIA. M. Obama en a fait son conseiller spécial, poste qui ne nécessite pas la confirmation des élus.

    Avec M. Panetta, 70 ans, le président a choisi un grand commis de l'Etat apprécié pour ses connaissances en matière budgétaire. Un politique, aussi : seize ans passés à la Chambre, et trois (1994-1997) comme chef de cabinet du président Bill Clinton.

    Il a commencé sa carrière en 1969 dans l'administration Nixon, qui l'a vite éjecté pour son zèle à faire appliquer les lois sur les droits civiques. En 2006, M. Panetta a fait partie du groupe d'études sur l'Irak, dit Baker-Hamilton, critique de la politique Bush au Moyen-Orient. Il n'a aucune expérience approfondie du renseignement.

    M. Obama a fixé la règle du jeu : M. Panetta devra "rompre avec les méthodes du passé" et lui exprimer son point de vue réel, pas "ce qu'il pense que le président veut entendre".

    En réalité, sa mission s'annonce bien plus ardue. La CIA sort traumatisée des années Bush. Des 16 agences américaines de renseignement elle a été la plus vilipendée après le 11 septembre 2001. Son statut a été affaibli. Statutairement privilégiée jusqu'en 2004 la CIA est devenue sous M. Bush une agence parmi d'autres, depuis la Direction nationale du renseignement (DNI), à laquelle elle défère désormais.

    M. Panetta a demandé à ses numéros deux et trois, Stephen Kappes et Michael Morrell, qui connaissent intimement la machine, de rester en poste. Or les deux sont soupçonnés d'avoir mis en oeuvre les incarcérations secrètes.

    DÉTENTIONS SECRÈTES


    Au Congrès, certains élus veulent créer une commission d'enquête sur les dérives de la politique antiterroriste de M. Bush. Selon un sondage USA Today, 71 % des Américains souhaitent soit l'ouverture d'une enquête criminelle, soit la création d'une commission indépendante. Lundi, un tribunal californien examinera la plainte de cinq personnes,qui se disent victimes d'une détention secrète.

    Quelle sera l'attitude de M. Panetta ? La CIA craint une chasse aux sorcières. Certes, son nouveau directeur aura l'oreille de M. Obama. Mais, venu de "l'extérieur", il appliquera aussi plus fidèlement les décisions du président. "S'il défère des membres de la CIA devant une commission, sa position sera intenable et il deviendra inutile pour le président", estime Mark Lowenthal, un ancien analyste de poids de l'agence.

    De plus, observe M. Betts, "tout le renseignement verra ses finances resserrées". L'amiral Dennis Blair, le nouveau directeur du renseignement, décidera des coupes claires.

    L'Agence espère que son nouveau chef saura mieux tirer son épingle du jeu - au détriment des agences militaires. Car le principal enjeu est de réorganiser la CIA en privilégiant le service clandestin, où "beaucoup d'officiers expérimentés sont partis durant les années difficiles et où la jeune génération manque d'expérience", juge M. Lowenthal.

    Si un service doit pâtir, ce sera celui qui concerne l'espionnage technologique et l'analyse. En revanche, selon tous les observateurs, le renseignement humain doit être renforcé. Encore faut-il disposer des moyens adéquats. Un ex-agent, Reuel Marc Gerecht, racontait récemment "avoir vu un officier baragouinant le farsi débriefer un officiel iranien jugé de haute valeur qui parlait à peine l'anglais. "

    Reste que la CIA juge positive la priorité donnée par M. Obama, à l'Afghanistan sur l'Irak. "En Irak, l'Agence servait d'appoint à l'armée, note M. Lowenthal. Elle est présente en Afghanistan depuis les années 1980, son service clandestin y sera dorénavant bien plus à l'aise."

    Par Le Monde
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