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La mise au point de Bouteflika

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  • La mise au point de Bouteflika

    «Voilà pourquoi j'ai décidé, grâce à Dieu, de me présenter aux élections présidentielles d'avril prochain comme candidat indépendant», a tenu à préciser le président candidat à l'attention de ses invités.

    La précision a sonné comme une mise au point que Bouteflika voulait faire pour étouffer dans l'oeuf les élucubrations de certains partis qui se sont appropriés sa candidature à la prochaine élection présidentielle. D'ailleurs, comme pour le montrer clairement, il avait pris le soin avant d'adresser «mes remerciements appuyés aux partis de l'alliance présidentielle, aux organisations et aux associations patronales qui ont relayé cet appel et l'ont traduit en prise de position clairement énoncée». Le président semble tenir d'une manière coriace à son indépendance des cercles du pouvoir. Il a même insinué qu'il n'a eu besoin d'eux que pour faire répercuter son ambition de briguer un troisième mandat présidentiel quand on l'entend remercier ceux «qui ont relayé cet appel et l'ont traduit en prise de position clairement énoncée».

    Ce qui est étonnant, c'est qu'il ne s'est pas privé de rendre avec insistance hommage aux moudjahidine en expliquant que s'il avait refusé de se présenter pour une troisième fois à la présidentielle, «ce serait également une attitude difficile à assumer devant les moudjahidine encore en vie car nous appartenons à une génération qui croit toujours à la nécessité de concrétiser la plénitude du message du 1er novembre 1954». D'ailleurs, il regrettera qu'il n'ait pas été présenté par Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine. Tout au début de son intervention, il marquera un air étonné parce qu'il avait vu qu'il était écrit: «J'ai été très sensible aux paroles de bienvenue de mon compagnon d'armes, le Commandant Si Saïd Abadou.» Une phrase qui n'a pas été rayée du discours écrit. Le refus de Abadou de se lever pour présenter Bouteflika n'a pas été expliqué. Le président candidat lui l'a vu comme «une grande humilité» de la part du concerné.

    Ce subit intéressement aux moudjahidine et à leur parrainage de sa personne contredit la volonté de Bouteflika de tenir à être totalement «affranchi» de quelque partie que ce soit du pouvoir. S'il a accepté d'être candidat pour une troisième fois, en plus des moudjahidine qu'il ne voulait pas décevoir, c'est parce que, a-t-il justifié, «chacun comprendra qu'il m'est difficile de rester sourd à un appel aussi pressant car je serais alors en contradiction avec le serment qui m'a définitivement lié aux plus chers de mes compagnons, les glorieux chouhada de la Révolution du 1er novembre 1954». Et, dira-t-il, «ce serait aussi et surtout une attitude moralement pénible pour moi, envers le peuple qui m'a accordé sa confiance et son soutien à travers quatre suffrages universels, qu'il s'agisse des élections présidentielles de 1999 et de 2004 ou qu'il s'agisse des référendums sur la Concorde civile et la Réconciliation nationale».



    Zeroual et Benflis à El Mouradia, intox ou ballon-sonde ?



    Ainsi, explique-t-il, «ce faisant, j'aurais personnellement accompli mon devoir moral, laissant au peuple le soin de rendre souverainement et démocratiquement sa décision, à travers les élections d'avril prochain, dont la liberté et la transparence seront garanties». Un peuple à qui il demande de voter pour lui massivement parce, a-t-il lancé, «un président n'est président que s'il est élu par une majorité absolue».

    Le président candidat a eu le privilège de commencer avant l'heure légale, donc avant tous les autres candidats, sa campagne électorale en soulignant que «si je bénéficie encore une fois de la confiance de notre peuple, je me propose de poursuivre les efforts déjà entamés». Il estime pour cela que «le chemin qui reste à parcourir est encore long si nous voulons mettre définitivement le pays à l'abri des crises et si nous voulons réellement garantir aux générations futures un développement et un bien-être à l'abri des événements».

    Il fera en sorte de maintenir encore une fois en éveil, voire en haleine les foules en leur promettant d'avoir «durant les semaines qui nous séparent du scrutin l'occasion d'exposer de manière détaillée les voies et les moyens par lesquels je propose à la Nation la poursuite et la réconciliation de la voie entamée avec elle, pour elle depuis 1999». En plus des nombreux engagements qu'il a pris vis-à-vis de ses électeurs, Bouteflika promettra d'appliquer la disposition qu'il a introduite dans la Constitution à la faveur de la révision qu'il lui a fait subir récemment. «J'ai l'intention, a-t-il lancé, d'oeuvrer à la concrétisation des nouvelles dispositions constitutionnelles relatives à la promotion de la place de la femme dans les assemblées élues. La loi sera mise à contribution pour franchir les premiers pas dans cette direction.» Sa précision concernant l'indépendance de sa candidature conjuguée à sa promesse aux femmes, laisse entendre dans les milieux avertis que ceci permettra au président, pour ce qui est de la première précision, de former un nouveau gouvernement comme il l'entend sans avoir à composer obligatoirement avec les partis de l'alliance présidentielle.

    Pour ce qui est de sa promesse aux femmes, l'on dit qu'il sera dans l'obligation de dissoudre le Parlement pour pouvoir les faire représenter au taux inscrit par ses soins dans la Constitution. Il devra aussi dans ce sens amender la loi électorale. Dans la forme, ce genre de recoupement pourrait s'avérer juste. Mais dans le fond, l'on sait que le président ne s'est jamais encombré des remarques des partis ou d'autres cercles qui le soutiennent. Tous les gouvernements ont été nommés par ses seuls soins et tous les chefs de gouvernement qui se sont succédé n'avaient pas le droit de contredire ses choix. Ils se sont tous contentés d'en approuver la composante sans pouvoir la commenter. Du moins officiellement.

    Les rangs des courtisans se sont fortement renforcés en ce jour d'annonce de la candidature du président. L'on se rappelle qu'en 1999, une fois élu, Bouteflika avait lancé que «celui qui prétend avoir fait quelque chose pour moi, qu'il me dise combien cela lui a coûté, je suis prêt à le payer, je ne pourrais pas lui donner un poste ou autre chose».

    La journée de jeudi ne s'était pas terminée sans qu'il soit distillé, de sources distinguées, une nouvelle quelque peu étonnante de par sa sensible faisabilité. «Le président a reçu mardi dernier l'ancien président Liamine Zeroual et l'ancien chef de gouvernement Ali Benflis», nous a-t-on dit d'un air persuadé de la véracité de l'information.

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    Le Quotidien d’Oran
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