Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Comment les migrateurs propagent la grippe aviaire

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Comment les migrateurs propagent la grippe aviaire

    On a longtemps pensé que les oiseaux migrateurs n'étaient pas responsable de la propagation du virus de la grippe aviaire H5N1 en raison des tests qui s'avéraient tous négatifs et puis jusqu'au jour où...

    =====
    Dès que le virus H5N1 de la grippe aviaire a commencé son périple mortel en Asie, on a suspecté les oiseaux migrateurs. Cela expliquait le lien qui pouvait exister entre ses apparitions ponctuelles sur la côte est de l'Asie et son arrivée ces derniers mois en Sibérie, au Kazakhstan et en Turquie. De plus, ces oiseaux sont connus pour héberger des virus moins virulents de la grippe aviaire et nombre d'entre eux viennent côtoyer les volailles élevées librement en Asie.

    Presque tous les experts avaient pourtant des réticences à imputer la propagation du virus aux oiseaux sauvages. Ni les prélèvements effectués depuis une dizaine d'années sur des dizaines de milliers d'oiseaux arrivant de l'Alaska en Asie par le ministère de l'Agriculture américain ni ceux pratiqués à Hongkong par des chercheurs locaux n'avaient pu dépister un seul animal porteur sain de la souche pathogène du H5N1, responsable de la mort de plus de 100 millions d'oiseaux domestiques et d'au moins 60 personnes en Asie.
    Cette souche est pourtant presque aussi mortelle pour les canards et les oies sauvages que pour les poulets. «Les canards morts ne volent pas» répétaient les experts qui ne voyaient pas comment des animaux mourants pouvaient propager bien loin la maladie. De plus, ces épidémies sporadiques n'étaient sur aucune route des oiseaux migrateurs. Sur de telles distances, les hommes semblaient en cause dans l'infection des élevages. Ce fut le cas à Lhassa, au Tibet, en janvier 2004, où l'épidémie était due à une cargaison de poulets provenant de Lanzhou, une ville chinoise à 1 500 km de là.

    Porteurs sains de souches mortelles


    Les avis ont commencé à changer avec le décès, observé dans un lac de Mongolie, d'une centaine d'oiseaux aquatiques migrateurs infectés par le virus. Ces oiseaux peuvent héberger tous les types peu pathogènes du virus de la grippe aviaire, y compris le H5N1. Les virus de la grippe sont classés en fonction de deux glycoprotéines de surface, l'hémagglutinine (H) présente sous seize formes différentes et la neuraminidase (N) sous neuf formes et aussi selon leur pathogénicité. Ceux faiblement pathogènes infectent les voies respiratoires et les intestins, causant peu ou pas de symptômes, tandis que les souches fortement pathogènes se propagent dans toutes les cellules de l'organisme et entraînent la mort de l'oiseau. On ne connaît aucun animal réservoir pour ces dernières formes qui semblent émerger des souches faiblement pathogènes passées chez des gallinacés tels que les poules ou les dindes. En tentant de s'adapter à leur nouvel hôte, les virus peuvent alors acquérir la propriété d'infecter toutes les cellules de l'organisme et causer alors des épidémies mortelles dans les élevages comme cela s'est produit au moins dix-neuf fois depuis 1959.

    Concernant H5N1, l'origine de sa forme hautement pathogène reste inconnue. Elle a dû évoluer à partir d'oiseaux aquatiques du sud de la Chine, avant que la première épizootie ne se déclare en 1997 chez les poulets à Hongkong. Les autorités avaient réussi à se débarrasser du virus en tuant 1,5 million de volailles. Elle est réapparue en décembre 2003 en Corée du Sud où elle a décimé des élevages de poulets. En janvier 2004, le virus était détecté dans des fermes au Japon, au Vietnam. En février, il était en Indonésie puis a fait des dégâts en Thaïlande et en Chine.

    L'épidémie actuelle montre que le H5N1 représente «un changement de paradigme» par rapport à ce que l'on savait des virus de grippe aviaire précise Les Sims, vétérinaire à Manunda en Australie. Auparavant, on pensait que les palmipèdes étaient résistants aux formes très pathogènes du virus. Des canards domestiques avaient été montrés porteurs sains de souches H5N1 mortelles pour les poulets. Rien n'indiquait que le H5N1 puisse infecter des oiseaux sauvages jusqu'à ce que plus de 5 000 oiseaux migrateurs soient trouvés morts dans le lac Qinghai en Chine. Les scientifiques ne purent suivre les conséquences de cette hécatombe due au H5N1 car les autorités chinoises leur refusèrent l'accès aux oiseaux. En août, ce fut au tour du lac Erkhel en Mongolie d'être touché, mais cette fois un groupe de vétérinaires de la Wildlife Conservation Society alors présents dans le pays put recueillir 774 échantillons d'animaux morts ou en vie. Des oiseaux décédés – mais aucun parmi les canards, oies, goélands ou cygnes vivants – portaient le H5N1.

    Elargir la veille


    Les pays asiatiques ont mis sur pied un programme actif de prélèvements sur les oiseaux sauvages ou d'élevage sous l'égide de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations unies, la FAO. Cette dernière a demandé 100 millions de dollars à la communauté internationale pour lutter contre la grippe aviaire en Asie mais n'en a obtenu que 30. Côté européen, Albert Osterhaus, un virologue de l'université Erasmus à Rotterdam, aux Pays-Bas, a proposé un programme de surveillance européen des oiseaux sauvages. Selon lui, il en coûterait 2 millions d'euros pour élargir cette veille aux principales routes migratoires.

    Tout le monde reconnaît désormais que si les oiseaux sauvages sont en cause, il faudra établir de nouvelles stratégies pour contenir la propagation du virus dans les élevages, et de là, à l'homme. De plus en plus de scientifiques et d'organisations demandent qu'un considérable effort soit fait pour surveiller tous les virus circulants parmi les oiseaux sauvages. Comme le dit Kennedy Shortridge, virologue et professeur émérite à l'Université de Hongkong, «le H5N1 est important mais nous devons rester vigilants sur les autres virus de grippe aviaire». Selon lui, le coût de cette surveillance reste faible au regard des dégâts que pourrait causer le virus à l'industrie de la volaille ou, pis encore, une pandémie.

    Dennis Normile, le figaro.

  • #2
    Bonjour Morjane,

    Merci beaucoup pour cet article, c'est tres interessant de comprendre comment cela se passe...avec ces oiseaux migrateurs, il ne suffit pas de fermer ses portes ou ses frontieres, la danger est la, est nul n'est a l'abris.

    Commentaire

    Chargement...
    X