Si la mobilité restreinte a été à l'origine de l'envolée de la téléphonie fixe, ce sont les produits prépayés qui expliquent l'ascension de la téléphonie mobile au Maroc.
Abstraction faite à la nature de l'accès ou à l'identité du fournisseur, l'Internet a vu son parc augmenter de 89% entre 2006 et 2008. Une progression certes phénoménale, mais il reste encore beaucoup à faire. La fracture numérique persiste.
Qui de nous pourra se passer de son téléphone portable ou, parfois, de ses deux ou trois numéros mobiles? Dans le monde restreint des médias, à chaque fois que se produit un défaut de connexion au réseau Internet, c'est la pagaille qui s'installe dans les salles de rédaction et, souvent dans ce genre de circonstances, les informations accusent du retard avant d'atteindre leur cible finale. Les doyens journalistes qui ont vécu l'ère de l'écriture à l'encre trouvent ceci désolant, mais encore faut-il ne pas omettre qu'entre-temps, le monde a visiblement changé et les télécommunications au Maroc aussi. Personne n'imaginait que de tels canaux de communication allaient connaître un succès pareil en si peu de temps. En dix ans de libéralisation, le Maroc est devenu une référence en la matière. Un récent rapport de l'Union internationale des télécommunications l'a classé premier en Afrique, au 78ème rang mondial, mieux que l'Algérie (82e), la Tunisie (83e), l'Egypte (90e) et l'Afrique du Sud qui brigue la 91ème position.
Au Maroc, la théorie d'Alvin Toffler est pleinement vérifiée, celle qui défend l'idée selon laquelle les télécommunications sont une condition préalable plutôt qu'une conséquence du développement économique. Les indicateurs socio-économiques du secteur montrent une réalité à ne pas sous-estimer. En dix ans, le chiffre d'affaires généré par les télécoms est passé de 8 à 30 milliards de DH. Premier contributeur fiscal, principal pourvoyeur d'IDE, la valeur ajoutée du secteur représente l'équivalent de 7% du PIB, sans compter l'impact direct sur l'emploi en génér ant des revenus permanents pour des dizaines de milliers de personnes. La saga des télécoms a déjà commencé et elle n'est pas encore terminée. Ses acteurs principaux sont au nombre de trois et ils ont tous la vocation d'opérateur mobile (Wana vient de recevoir la licence mobile il y a à peine une semaine). Comment alors se présente aujourd'hui le secteur? Qui domine quoi ? Les derniers chiffres arrêtés à fin 2008 donnent des éléments de réponse.
Sur le segment de la téléphonie fixe, la mise en service de la mobilité restreinte par le troisième opérateur a révolutionné complètement la donne de ce marché jusque-là maîtrisé et dominé par l'opérateur historique. La croissance du parc en 2008 a atteint 25%, passant de 2,39 à 2,99 millions d'abonnés. Le succès qu'a rencontré le produit Bayn a permis à Wana de s'approprier en l'espace de quelques mois 56% de parts de marché contre 43,42% pour Maroc Telecom et seulement 0,24% pour Méditel, ce dernier opérateur limite sa présence dans le segment fixe à la seule clientèle professionnelle. Encore faut-il relativiser ces chiffres du fait qu'au Maroc, on n'a pas encore délimité les frontières entre le fixe et le mobile. Tout un débat ! D'ailleurs, l'agence de régulation, l'Anrt, est en train de finaliser une définition propre d'un abonné au sens de la télécommunication fixe. C'est dire que le parc calculé jusqu'à nos jours sur la base des données communiquées par les trois opérateurs pourra être modifié une fois avoir arrêté le nouveau référentiel méthodologique.
Toujours dans le domaine du Fixe, il est à noter que la structure du marché s'est fortement améliorée grâce surtout à l'évolution du parc résidentiel qui s'est enrichi de 531 mille nouveaux clients rien qu'en 2008, soit une croissance de 27%. Dans ce créneau résidentiel, Wana a su garder une longueur d'avance en s'accaparant, à elle seule, 68% de parts de marché contre 32% chez Maroc Telecom. Par contre, l'opérateur historique demeure l'incontestable leader du Fixe professionnel avec 96% de parts de marché. En 2008, IAM a activé 66 mille nouvelles lignes professionnelles, en progression de 21% par rapport à 2007. Si la mobilité restreinte a été à l'origine de l'envolée de la téléphonie fixe, ce sont les produits prépayés qui expliquent en bonne partie l'ascension de la téléphonie mobile au Maroc. Sur ce dernier segment, la concurrence est de plus en plus rude. Chaque jour apporte son lot de nouvelles promotions et ce n'est pas la demande qui manque non plus. 2,7 millions de lignes additionnelles ont été absorbées en 2008, chose qui s'est répercutée sur le taux de pénétration global qui, en douze mois, est passé de 66 à 74%.
Même en cédant quelques points de part de marché, de 66,5 à 63 ,3%, l'opérateur historique occupe toujours le sommet du classement de la catégorie mobile, avec 14,5 millions d'abonnés (dont 1,1 million recrutés en 2008). De son côté, Méditel, qui concentre son agressivité commerciale sur le prépayé, a capté 1,2 million de comptes supplémentaires, améliorant sa part d'un point à 34,73 %. Celle de de Wana est encore restreinte (moins de 2%), bien que ce troisième opérateur ait pu commercialiser en 2008 environ 174 mille nouveaux contrats. Wana tire par ailleurs sa révérence sur le segment de l'Internet, en particulier celui sans fil (3G), là où elle détient 73% du parc, suivi de Méditel (18%) et de Maroc Telecom (9%). Depuis son lancement en avril 2007, le service 3G, connu pour sa facilité d'usage, a attiré plus de 268 mille abonnés et l'année 2008 aura été celle de tous les records en clôturant sur une note spectaculaire (un bond de 527%). Cela dit, c'est l'ADSL (dominé à hauteur de 98% par IAM) qui concentre l'essentiel des connexions. Malgré une légère croissance en 2008 (1,34%), le haut débit représente 64% du parc Internet national, contre 35% pour la 3G.
Globalement, abstraction faite à la nature de l'accès ou à l'identité du fournisseur, le parc Internet a évolué de 43% en 2008 et de 89% depuis décembre 2006. Une progression certes phénoménale mais il reste encore beaucoup à faire pour améliorer le taux de pénétration de cet outil devenu, de nos jours, presque indispensable. Cette question renvoie d'ailleurs à la notion du service universel, engagé par les trois opérateurs. Ce service peine à se concrétiser sur l'ensemble du territoire. Le Plan Génie, par exemple, a promis d'introduire des TIC au sein de tous les établissements scolaires au plus tard à la fin de l'année 2009. De même, un programme baptisé Pacte cible, à l'horizon 2011, la généralisation d'accès aux télécommunications à l'ensemble des zones rurales du Maroc. Mais au vu du rythme des réalisations constatées sur le terrain, il est tout à fait légitime de réclamer un bilan provisoire si l'on veut vraiment évaluer, agir et espérer réduire, ou du moins éviter de creuser davantage la fracture numérique au Maroc.
Combler le gap numérique suppose aussi établir une concurrence saine, pour ne pas dire pure et parfaite, entre les opérateurs.
D'aucuns estiment que le marché est suffisamment concurrentiel, preuve en sont les grandes décisions prises par l'agence régulatrice, notamment au sujet du coût d'interconnexion. La tendance baissière des prix, d'une manière générale, sert aussi d'argument pour ce genre d'analyses. D'autres, par contre, estiment qu'on est loin du modèle « parfait ». Sinon, qui empêche, se pose-t-on la question, tel ou tel opérateur à conquérir l'ensemble des créneaux, au lieu de rester dans un schéma dans lequel chaque acteur choisit le créneau qui s'adapte à la technologie dont il dispose (pas forcément celle offerte par la concurrence) et qui offre le plus d'opportunités. Finalement, les leviers de régulation à la disposition de l'Anrt sont-il à même d'inciter les opérateurs à appliquer la vérité des prix ? En tout cas, de l'avis même du PDG du troisième opérateur, au sujet de la concurrence loyale, « il y a encore du pain sur la planche ».
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Abstraction faite à la nature de l'accès ou à l'identité du fournisseur, l'Internet a vu son parc augmenter de 89% entre 2006 et 2008. Une progression certes phénoménale, mais il reste encore beaucoup à faire. La fracture numérique persiste.
Qui de nous pourra se passer de son téléphone portable ou, parfois, de ses deux ou trois numéros mobiles? Dans le monde restreint des médias, à chaque fois que se produit un défaut de connexion au réseau Internet, c'est la pagaille qui s'installe dans les salles de rédaction et, souvent dans ce genre de circonstances, les informations accusent du retard avant d'atteindre leur cible finale. Les doyens journalistes qui ont vécu l'ère de l'écriture à l'encre trouvent ceci désolant, mais encore faut-il ne pas omettre qu'entre-temps, le monde a visiblement changé et les télécommunications au Maroc aussi. Personne n'imaginait que de tels canaux de communication allaient connaître un succès pareil en si peu de temps. En dix ans de libéralisation, le Maroc est devenu une référence en la matière. Un récent rapport de l'Union internationale des télécommunications l'a classé premier en Afrique, au 78ème rang mondial, mieux que l'Algérie (82e), la Tunisie (83e), l'Egypte (90e) et l'Afrique du Sud qui brigue la 91ème position.
Au Maroc, la théorie d'Alvin Toffler est pleinement vérifiée, celle qui défend l'idée selon laquelle les télécommunications sont une condition préalable plutôt qu'une conséquence du développement économique. Les indicateurs socio-économiques du secteur montrent une réalité à ne pas sous-estimer. En dix ans, le chiffre d'affaires généré par les télécoms est passé de 8 à 30 milliards de DH. Premier contributeur fiscal, principal pourvoyeur d'IDE, la valeur ajoutée du secteur représente l'équivalent de 7% du PIB, sans compter l'impact direct sur l'emploi en génér ant des revenus permanents pour des dizaines de milliers de personnes. La saga des télécoms a déjà commencé et elle n'est pas encore terminée. Ses acteurs principaux sont au nombre de trois et ils ont tous la vocation d'opérateur mobile (Wana vient de recevoir la licence mobile il y a à peine une semaine). Comment alors se présente aujourd'hui le secteur? Qui domine quoi ? Les derniers chiffres arrêtés à fin 2008 donnent des éléments de réponse.
Sur le segment de la téléphonie fixe, la mise en service de la mobilité restreinte par le troisième opérateur a révolutionné complètement la donne de ce marché jusque-là maîtrisé et dominé par l'opérateur historique. La croissance du parc en 2008 a atteint 25%, passant de 2,39 à 2,99 millions d'abonnés. Le succès qu'a rencontré le produit Bayn a permis à Wana de s'approprier en l'espace de quelques mois 56% de parts de marché contre 43,42% pour Maroc Telecom et seulement 0,24% pour Méditel, ce dernier opérateur limite sa présence dans le segment fixe à la seule clientèle professionnelle. Encore faut-il relativiser ces chiffres du fait qu'au Maroc, on n'a pas encore délimité les frontières entre le fixe et le mobile. Tout un débat ! D'ailleurs, l'agence de régulation, l'Anrt, est en train de finaliser une définition propre d'un abonné au sens de la télécommunication fixe. C'est dire que le parc calculé jusqu'à nos jours sur la base des données communiquées par les trois opérateurs pourra être modifié une fois avoir arrêté le nouveau référentiel méthodologique.
Toujours dans le domaine du Fixe, il est à noter que la structure du marché s'est fortement améliorée grâce surtout à l'évolution du parc résidentiel qui s'est enrichi de 531 mille nouveaux clients rien qu'en 2008, soit une croissance de 27%. Dans ce créneau résidentiel, Wana a su garder une longueur d'avance en s'accaparant, à elle seule, 68% de parts de marché contre 32% chez Maroc Telecom. Par contre, l'opérateur historique demeure l'incontestable leader du Fixe professionnel avec 96% de parts de marché. En 2008, IAM a activé 66 mille nouvelles lignes professionnelles, en progression de 21% par rapport à 2007. Si la mobilité restreinte a été à l'origine de l'envolée de la téléphonie fixe, ce sont les produits prépayés qui expliquent en bonne partie l'ascension de la téléphonie mobile au Maroc. Sur ce dernier segment, la concurrence est de plus en plus rude. Chaque jour apporte son lot de nouvelles promotions et ce n'est pas la demande qui manque non plus. 2,7 millions de lignes additionnelles ont été absorbées en 2008, chose qui s'est répercutée sur le taux de pénétration global qui, en douze mois, est passé de 66 à 74%.
Même en cédant quelques points de part de marché, de 66,5 à 63 ,3%, l'opérateur historique occupe toujours le sommet du classement de la catégorie mobile, avec 14,5 millions d'abonnés (dont 1,1 million recrutés en 2008). De son côté, Méditel, qui concentre son agressivité commerciale sur le prépayé, a capté 1,2 million de comptes supplémentaires, améliorant sa part d'un point à 34,73 %. Celle de de Wana est encore restreinte (moins de 2%), bien que ce troisième opérateur ait pu commercialiser en 2008 environ 174 mille nouveaux contrats. Wana tire par ailleurs sa révérence sur le segment de l'Internet, en particulier celui sans fil (3G), là où elle détient 73% du parc, suivi de Méditel (18%) et de Maroc Telecom (9%). Depuis son lancement en avril 2007, le service 3G, connu pour sa facilité d'usage, a attiré plus de 268 mille abonnés et l'année 2008 aura été celle de tous les records en clôturant sur une note spectaculaire (un bond de 527%). Cela dit, c'est l'ADSL (dominé à hauteur de 98% par IAM) qui concentre l'essentiel des connexions. Malgré une légère croissance en 2008 (1,34%), le haut débit représente 64% du parc Internet national, contre 35% pour la 3G.
Globalement, abstraction faite à la nature de l'accès ou à l'identité du fournisseur, le parc Internet a évolué de 43% en 2008 et de 89% depuis décembre 2006. Une progression certes phénoménale mais il reste encore beaucoup à faire pour améliorer le taux de pénétration de cet outil devenu, de nos jours, presque indispensable. Cette question renvoie d'ailleurs à la notion du service universel, engagé par les trois opérateurs. Ce service peine à se concrétiser sur l'ensemble du territoire. Le Plan Génie, par exemple, a promis d'introduire des TIC au sein de tous les établissements scolaires au plus tard à la fin de l'année 2009. De même, un programme baptisé Pacte cible, à l'horizon 2011, la généralisation d'accès aux télécommunications à l'ensemble des zones rurales du Maroc. Mais au vu du rythme des réalisations constatées sur le terrain, il est tout à fait légitime de réclamer un bilan provisoire si l'on veut vraiment évaluer, agir et espérer réduire, ou du moins éviter de creuser davantage la fracture numérique au Maroc.
Combler le gap numérique suppose aussi établir une concurrence saine, pour ne pas dire pure et parfaite, entre les opérateurs.
D'aucuns estiment que le marché est suffisamment concurrentiel, preuve en sont les grandes décisions prises par l'agence régulatrice, notamment au sujet du coût d'interconnexion. La tendance baissière des prix, d'une manière générale, sert aussi d'argument pour ce genre d'analyses. D'autres, par contre, estiment qu'on est loin du modèle « parfait ». Sinon, qui empêche, se pose-t-on la question, tel ou tel opérateur à conquérir l'ensemble des créneaux, au lieu de rester dans un schéma dans lequel chaque acteur choisit le créneau qui s'adapte à la technologie dont il dispose (pas forcément celle offerte par la concurrence) et qui offre le plus d'opportunités. Finalement, les leviers de régulation à la disposition de l'Anrt sont-il à même d'inciter les opérateurs à appliquer la vérité des prix ? En tout cas, de l'avis même du PDG du troisième opérateur, au sujet de la concurrence loyale, « il y a encore du pain sur la planche ».
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