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L'Europe de l'Est va mener l'euro à sa perte

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  • L'Europe de l'Est va mener l'euro à sa perte

    La monnaie américaine serait-elle redevenue la devise la plus sûre aux yeux des investisseurs ? Auraient-ils déjà oublié leurs craintes concernant le dérapage des finances publiques américaines ? Pas vraiment, mais face à une économie japonaise qui s'enfonce dans la crise et à un euro malmené par la récession qui menace les pays de l'Est, ils sont revenus vers le dollar. Celui-ci a gagné, au cours de la semaine achevée vendredi 20 février, 2,67 % face au yen et plus de 2 % face à l'euro.

    Le produit intérieur brut nippon, publié lundi, a reculé de 12,7 % en rythme annuel entre octobre et décembre, sa pire contraction en trente-cinq ans. Et la banque centrale, qui n'a pas modifié jeudi le niveau de ses taux, à 0,10 %, a décidé de soutenir le crédit aux entreprises. Dans un premier temps, elle va racheter en mars pour 1 000 milliards de yens (8,3 milliards d'euros) de leurs emprunts. Ceux émis à moins d'un an par des entreprises notées au moins "A". Si cette annonce a stabilisé le yen jeudi, il reste encore à des niveaux historiquement élevés face au dollar (94,34 yens pour un dollar), proches de ceux de 1995 lorsque les Etats-Unis et le Japon étaient en pleine guerre commerciale.

    LES LIMITES DU YEN FORT

    Les prévisionnistes sont divisés sur l'orientation future du yen. Alors que ceux de Dresdner Kleinwort s'attendent à un repli de la devise nippone à 105 yens pour un dollar en fin d'année, ceux de Royal Bank of Scotland voient la monnaie japonaise se renforcer jusqu'à 80 yens pour 1 dollar en milieu d'année, à moins, disent-ils, que le Japon estime avoir atteint les limites du yen fort sur ses exportations et décide d'intervenir.

    Mais c'est surtout l'euro qui a vécu des heures difficiles au cours de la semaine, tombant à 1,2563 dollar mardi, son plus bas niveau depuis novembre 2008. La monnaie unique a souffert des craintes concernant les pays de l'Est, dont bon nombre sont aux portes de l'euro. Dégradation de la situation économique, système bancaire fragilisé, les flux de capitaux vers ces régions se tarissent, entraînant une chute de leurs devises depuis six mois. Les prévisions de la banque ING font état d'une contraction de l'économie hongroise, roumaine et ukrainienne de 3 % à 5 % en 2009.

    "SPIRALE DE DÉPRÉCIATION"

    L'agence de notation Moody's s'est inquiétée, mardi, de l'exposition des banques d'Europe de l'Ouest vis-à-vis de leurs filiales d'Europe de l'Est, en rappelant que les difficultés de ces dernières auraient des répercussions négatives sur leurs maisons mères. Selon Moody's, les banques de six pays (Autriche, Italie, France, Belgique, Allemagne et Suède) concentrent environ 84 % des engagements des banques ouest-européennes en Europe de l'Est. Le système bancaire autrichien est de loin le plus exposé, selon l'agence, devant les banques italiennes et scandinaves.

    Cette étude a accéléré le plongeon des devises d'Europe centrale. Le forint hongrois a atteint mardi son plus bas niveau historique (à 309,68 forints pour un euro), la couronne tchèque a coté 29,68 couronnes pour un euro, son plus bas niveau depuis novembre 2005 et le leu roumain a approché son plancher historique (à 1 euro pour 4,34 lei). Le zloty est tombé à 4,93 zlotys pour 1 euro, son plus bas depuis l'adhésion de la Pologne à l'Union européenne en 2004.

    Face à cette situation, le commissaire européen aux affaires économiques, Joaquin Almunia, s'est dit, mercredi, "préoccupé par l'évolution de la volatilité des taux de changes de certains Etats membres de l'Union européenne qui ont des régimes flottants" de changes, mais aussi "par la possibilité que certaines déclarations publiques aient accéléré cette évolution". Varsovie s'était en effet déclaré prêt à intervenir, mardi, pour défendre le zloty si son cours tombe sous le seuil de 5 zlotys pour un euro, tandis que le gouvernement tchèque avait rejeté, mercredi, une telle idée.
    Selon les économistes de la Banque Dresdner, "les devises d'Europe de l'Est sont engluées dans une spirale de dépréciation", et "pour l'euro, c'est une bombe à retardement". Les prévisions pour l'euro sont plutôt pessimistes. Les experts d'ABN Amro, d'UBS et de Natixis voient la devise européenne s'affaiblir jusqu'à 1,233 dollar. Steven Pearson, stratège chez Merrill Lynch, cité par l'agence Bloomberg, le voit s'effondrer à 1,12 dollar d'ici au mois de juin.

    Cécile Prudhomme (Le Monde)
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