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Détroit ville sinistrée

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  • Détroit ville sinistrée

    La ville de l'automobile subit de plein fouet la baisse des ventes de voitures, le credit crunch et l'éclatement de la bulle immobilière. Malmenée depuis plusieurs dizaines d'années, son taux de chômage explose et Détroit prend des allures de ville fantôme. Pour se relever, elle cherche à diversifier son économie.

    La onzième plus grande ville américaine est sous pression. Le berceau de l'automobile US est en récession depuis cinq ans et subit de plein fouet la plus grave crise qu'ait jamais connu cette industrie. Plus de 80.000 emplois devraient être détruits en 2009, dans un état, celui du Michigan, qui détient déjà le record du taux de chômage aux Etats-Unis. 71.200 emplois ont déjà disparu en 2008. A Détroit, près de 10% de la population est sans emploi. Que les constructeurs réussissent à mettre en place leur plan de redressement ou non, les conséquences seront de toutes façons de nouvelles destructions d'emplois dans la région. Ainsi, General Motors a indiqué que sa restructuration entraînerait la suppression de 20 à 30% de sa masse salariale d'ici à 2012.

    Le lent déclin de la production automobile

    Les quatre plus gros employeurs de la région appartiennent à l'industrie automobile, et 71 des 100 premiers équipementiers de première monte sont présents autour de Détroit. Les Américains ne sont pas les seuls pourvoyeurs d'emplois, Volkswagen USA ayant par exemple son siège à Détroit. La région a continué d'attirer les cadors du secteur ces dernières années, à l'instar de Hyundai qui a investi 117 millions de dollars en 2005 pour ouvrir un centre technologique consacré au design, à la conception et à la fabrication de ses modèles. Par ailleurs, l'ensemble de la filière est représentée : outre les véhicules et les équipements auto, la région est aussi un atelier pour les machines outils, les pièces d'acier, etc.

    Cependant, le déclin se précise depuis plusieurs années. En dix ans, entre 1994 et 2004, la part de Détroit et sa région s'est réduite dans la production totale d'automobiles aux Etats-Unis, passant de 24,6% à 18,5% selon l'Association des constructeurs américains d'automobiles. La ville a perdu près de 40% des ses emplois dans l'industrie dans les années 80, tandis que la part des services augmentait. Aujourd'hui, 80% des emplois de la région sont des emplois tertiaires, l'industrie manufacturière représentant 14,1% de l'activité en 2005 (contre 18,2% en 1995).

    Par ailleurs, l'industrie automobile de Détroit se reconvertit lentement de la production à la recherche et l'innovation : environ 300 centres techniques et R&D implantées dans la région ont fait de la « Motor City » le « cerveau » de l'industrie, et plus seulement son atelier. Ainsi le Michigan est-il le deuxième état américain en termes de dépenses de recherche et développement, derrière la Californie et sa Silicon Valley. Il se classe sixième en termes de dépôts de brevets.

    Détroit, ville sinistrée

    Les problèmes de Détroit ont commencé il y a longtemps. A l'inverse des grandes capitales européennes, le centre de la ville s'est vidé de sa population CSP+ à la fin des années 60 pour laisser la place aux revenus très faibles, parmi lesquels la population noire (qui compte pour plus de 80% des habitants) est surreprésentée. Les classes aisées sont parties vivre en banlieue. En parallèle, la ville et sa banlieue se sont vidées de ses habitants : d'un pic de 1,9 million d'habitant dans les années 50, la population est passé à 850.000 aujourd'hui. Aujourd'hui, le profil de la ville n'est pas reluisant : 33,8% de résidents sont sous le seuil de pauvreté, et le taux de criminalité est trois fois plus élevé que la moyenne américaine.

    La bulle immobilière a éclaté là-bas plus tôt qu'ailleurs, en raison des dizaines de milliers d'emplois détruits dans l'industrie automobile ces dernières années, qui ont poussé les salariés à déménager. Depuis deux ans, la situation s'est rapidement dégradée. 18% des logements de la ville seraient vides, on voit fleurir partout des pancartes « A vendre », qui restent parfois en place un ou deux ans malgré la baisse des prix.

    « Lorsque je suis arrivé il y a quatre ans avec ma femme et mes trois enfants, raconte ce Français expatrié dans le secteur automobile, il était quasiment impossible de trouver une grande maison à louer. Aujourd'hui, je connais pas mal d'expatriés qui sont obligés de revendre leur maison à perte, et tous les nouveaux arrivants depuis un ou deux ans ont opté pour la location parce que les perspectives sont très mauvaises. Je connais même des personnes qui doivent plus d'argent que la valeur résiduelle de leur maison !»

    Les habitations ne sont pas les seules victimes de l'immobilier. Des commerces ferment et ne sont pas repris, et des immeubles de bureaux, autrefois symboles de la fierté de la ville comme l'ancien siège de GM, abritent aujourd'hui des services administratifs.

    En route vers la reconversion

    A la fin des années 90, à coups de politiques de zones franches et d'incitations fiscales, les investissements ont repris et de nouvelles entreprises se sont installées, à l'instar des casinos qui ont apporté de salutaires taxes à la ville. Mais aujourd'hui, Détroit a besoin d'un nouveau souffle.

    La nouvelle ère commence par la politique. Le maire, Kwame Kilpatrick, a démissionné en septembre 2008 après une affaire de liaison extraconjugale, de corruption et de parjure. Il dort actuellement en prison. La nouvelle équipe aura pour difficile tâche de reconstruire le tissu économique. Son objectif : faire revenir les commerces en centre ville, diversifier les sources de revenus de la région, et restaurer le paysage urbain.

    En novembre, la ville a demandé une aide de 47 millions de dollars au gouvernement fédéral pour lutter contre la désertification de l'espace urbain : immeubles vacants, terrains en jachère, dizaines de milliers de maisons à démolir... Elle pourrait décider de se débarrasser de certains terrains pour un dollar symbolique si les acquéreurs acceptent de remettre en état et de payer les taxes afférentes. Autre piste : la mise en culture de certains terrains, un phénomène connu sous le nom d'« urban farming ».

    Les politiques d'incitation fiscale et de prêts à taux préférentiels pour les entreprises qui embauchent se poursuivent, et ont permis notamment d'attirer les investissements de Google, Hemlock Semiconductor ou encore United Solar Ovonic.

    Concernant la diversification économique, Détroit et l'état du Michigan ont plusieurs chevaux de bataille : les énergies nouvelles, qui permettent de faire le lien, pour une part, avec l'automobile (biocarburants, batteries...). L'état héberge 120 entreprises dans la filière. Le Michigan se développe aussi dans l'armement, les nanotechnologies et les biotechnologies, en capitalisant notamment, pour ces dernières, sur les infrastructures hospitalières locales. Des organisations privées telles que Detroit Renaissance agissent aussi en parallèle de la Chambre de commerce et des pouvoirs publics pour dynamiser l'économie régionale, à travers des études, des partenariats, des think-tanks et du lobbying.

    Raphaële Karayan (Usine Nouvelle)

  • #2
    en vingt ans cette ville a perdu la moitié des habitants!
    Mr NOUBAT

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    • #3
      Detroit, Phoenix et la Floride sont les parties les plus touchees par la crise immobiliere, j'ai lu que les maisons en saisie se vendaient a 50-60% de reduction par rapport a leur valeur reelle... Ca resume l'acuité de la situation...

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      • #4
        J'ai lu avec intérêt ce qu'on dit de Détroit: Et mes sentiments sont partagés... concernant les commentaires.
        J'ai souvent visité la région dans les années 70, ayant des amis à Garden City... juste à l'extérieur de Détroit.

        Eh bien, mes impressions sont toujours restées les mêmes.

        A l'époque déjà, il y avait certes une ville bien vivante ... mais déjà la pauvreté s'affichait dans les quatiers noirs qui ne cessaient de prendre de l'ampleur...

        Vers 1990 je me souviens, étant de passage.. que beaucoup d'arabe s'y sont installés... petites boutiques surtout... et une bonne partie de la ville était dans un état lamentable.
        Au point ou... un étranger aurait peur de cette ville... et la plupart des américains, pour leur soirée ou fin de semaine allaient de l'autre côté de la frontière, au Canada ou le coût de la vie était environ 60% du leur... ce qui explique le déclin de la ville.

        J'y suis repassé récemment, au printemps 2008 presque toutes mes connaissances et amis on quitté la ville!
        Une ville qui dans certains coin connait des rues entières de maisons abandonnées... placardées (avec du contrepaqué)... et beaucoup ont des portes ou fenêtres qui manquent!

        Je me demande si le passant n'aurait pas peur...

        Et je dois ajouter que les États Unis en général, n'ont pas fini de voir leur villes se détériorer l'une après l'autre: on dirait qu'il existe une culture de laisser aller général dans l'intérêt que porte le peuple à son pays... et c'est la décadence.
        L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

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