Inondations, aide et colère…
Dimanche, 15 Février 2009 10:16 ...
Le 31 janvier dernier, les services de la météo annonçaient que de sévères intempéries allaient frapper plusieurs régions du Royaume. Hélas, les prévisions se sont confirmées. Froid, neige et surtout précipitations torrentielles… Le Maroc a connu une semaine de véritable cauchemar qui s’est soldée par 24 morts, la plupart ayant vu le toit de leur maison s’effondrer sur leur tête.
Les Marocains se plaignaient de la sécheresse, ils ont eu une pluviométrie à faire déborder les plus grands barrages, à faire sortir les Oueds et rivières de leur lit… Les victimes se comptent par milliers.
Du jour au lendemain, plus rien. Tout a été emporté par les eaux : maisons, meubles, récoltes de la saison, bétail… Tout !
Ceux qui n’ont rien vu venir, ou que l’idée d’aller ailleurs n’a même pas effleurés, y ont parfois laissé la vie. D’autres ont fait connaissance avec un concept jusque là ignoré au Maroc, celui de « l’évacuation préventive » et s’en sont allés s’entasser dans des abris de fortune (église ou bâtiment administratif faisant office de centres d'hébergement)…
Bien sûr, le système de solidarité s’est mis en branle. Bien sûr, il y a eu, aussitôt, des comités de veille de l’administration territoriale (au niveau central, régional et local) pour évaluer les dégâts et assister les populations sinistrées ; et des commissions ministérielles ou parlementaires pour se rendre sur les lieux du déluge. Bien sûr, enfin, il y a eu ministère de l’Intérieur et Fondation Mohamed V pour acheminer tentes, couvertures, groupes électrogènes, kits alimentaires… D’importants moyens logistiques ont été mobilisés. L’armée a même été appelée à la rescousse.
Mais les équipes de sauvetage aux quatre coins du pays, les Zodiacs et autres pneumatiques prêts à agir en cas de crues de fleuves, l’assistance médicale, les aides en nature… Tout cela est bienvenu, certes, mais ne fait pas oublier les pertes subies. Les pertes matérielles et parfois humaines.
Cette douleur-là, il faut la comprendre. Comme il faut comprendre les doléances qui vont avec. Même quand elles sont exagérées. Quand on a tout perdu, il est rare qu’on ne perde pas aussi le sens de la mesure.
Alors, lorsque ce mardi 10 février, dans la commune rurale de Khenichet (province de Sidi Kacem, dans le Gharb, la région la plus affectée par les inondations), un groupe de manifestants s’attaque à un convoi de vivres pour essayer d’avoir la priorité dans la distribution des aides alimentaires, ce n’est sans doute pas le meilleur comportement. Surtout, si les revendications dégénèrent en actes de vandalisme qui s’étendent à des commerces et agences bancaires, comme l’affirme le ministère de l’Intérieur, dans un communiqué. Mais la solution est-elle de « suspendre toute aide alimentaire au niveau de la Commune rurale de Khenichet », comme cela a été annoncé par les autorités ?
Que les forces de l'ordre interviennent « pour rétablir la situation », que le parquet ouvre « une enquête pour identifier les auteurs de ces actes et les traduire devant la justice », cela se comprend. Mais qu’une punition collective soit administrée à la population de Khenichet… ? La solution ne nous semble ni humainement, ni politiquement ingénieuse.
Comprendre les citoyens-électeurs quand ils sont fous de douleur, avoir de l’indulgence face à leur « rage » et tenter d’atténuer cette « rage » par beaucoup de compréhension, c’est aussi le devoir des élus et du gouvernement.
Bahia Amrani
Lereporter.ma
=== MODERATION ===
Indiquez des titres explicites pour vos sujets de discussions, SVP : http://www.algerie-dz.com/forums/faq...edaction_topic
Dimanche, 15 Février 2009 10:16 ...
Le 31 janvier dernier, les services de la météo annonçaient que de sévères intempéries allaient frapper plusieurs régions du Royaume. Hélas, les prévisions se sont confirmées. Froid, neige et surtout précipitations torrentielles… Le Maroc a connu une semaine de véritable cauchemar qui s’est soldée par 24 morts, la plupart ayant vu le toit de leur maison s’effondrer sur leur tête.
Les Marocains se plaignaient de la sécheresse, ils ont eu une pluviométrie à faire déborder les plus grands barrages, à faire sortir les Oueds et rivières de leur lit… Les victimes se comptent par milliers.
Du jour au lendemain, plus rien. Tout a été emporté par les eaux : maisons, meubles, récoltes de la saison, bétail… Tout !
Ceux qui n’ont rien vu venir, ou que l’idée d’aller ailleurs n’a même pas effleurés, y ont parfois laissé la vie. D’autres ont fait connaissance avec un concept jusque là ignoré au Maroc, celui de « l’évacuation préventive » et s’en sont allés s’entasser dans des abris de fortune (église ou bâtiment administratif faisant office de centres d'hébergement)…
Bien sûr, le système de solidarité s’est mis en branle. Bien sûr, il y a eu, aussitôt, des comités de veille de l’administration territoriale (au niveau central, régional et local) pour évaluer les dégâts et assister les populations sinistrées ; et des commissions ministérielles ou parlementaires pour se rendre sur les lieux du déluge. Bien sûr, enfin, il y a eu ministère de l’Intérieur et Fondation Mohamed V pour acheminer tentes, couvertures, groupes électrogènes, kits alimentaires… D’importants moyens logistiques ont été mobilisés. L’armée a même été appelée à la rescousse.
Mais les équipes de sauvetage aux quatre coins du pays, les Zodiacs et autres pneumatiques prêts à agir en cas de crues de fleuves, l’assistance médicale, les aides en nature… Tout cela est bienvenu, certes, mais ne fait pas oublier les pertes subies. Les pertes matérielles et parfois humaines.
Cette douleur-là, il faut la comprendre. Comme il faut comprendre les doléances qui vont avec. Même quand elles sont exagérées. Quand on a tout perdu, il est rare qu’on ne perde pas aussi le sens de la mesure.
Alors, lorsque ce mardi 10 février, dans la commune rurale de Khenichet (province de Sidi Kacem, dans le Gharb, la région la plus affectée par les inondations), un groupe de manifestants s’attaque à un convoi de vivres pour essayer d’avoir la priorité dans la distribution des aides alimentaires, ce n’est sans doute pas le meilleur comportement. Surtout, si les revendications dégénèrent en actes de vandalisme qui s’étendent à des commerces et agences bancaires, comme l’affirme le ministère de l’Intérieur, dans un communiqué. Mais la solution est-elle de « suspendre toute aide alimentaire au niveau de la Commune rurale de Khenichet », comme cela a été annoncé par les autorités ?
Que les forces de l'ordre interviennent « pour rétablir la situation », que le parquet ouvre « une enquête pour identifier les auteurs de ces actes et les traduire devant la justice », cela se comprend. Mais qu’une punition collective soit administrée à la population de Khenichet… ? La solution ne nous semble ni humainement, ni politiquement ingénieuse.
Comprendre les citoyens-électeurs quand ils sont fous de douleur, avoir de l’indulgence face à leur « rage » et tenter d’atténuer cette « rage » par beaucoup de compréhension, c’est aussi le devoir des élus et du gouvernement.
Bahia Amrani
Lereporter.ma
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