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La Russie distribue les passeports dans les anciennes républiques soviétiques

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  • La Russie distribue les passeports dans les anciennes républiques soviétiques

    Près de vingt ans après la fin de l'Union soviétique, Moscou octroie la citoyenneté russe à plusieurs centaines de milliers de Russes de souche résidant dans d'anciennes républiques soviétiques. Le Kremlin affirme agir pour des raisons humanitaires, mais nombre d'observateurs occidentaux, évoquant l'exemple de la Géorgie, s'inquiètent d'une éventuelle ingérence dans les affaires de ces pays.

    Depuis 2000, Moscou a délivré près de 2,9 millions de passeports russes à d'anciens ressortissants soviétiques en Géorgie, Moldavie, Estonie ou Ukraine, selon les Services fédéraux des migrations, qui ne précisent combien de ces "nouveaux" Russes ont migré vers la Russie.

    Certains observateurs craignent que la Russie n'utilise cette communauté croissante d'expatriés pour intervenir dans les affaires intérieures des pays voisins ou, comme cela a été le cas en Géorgie l'été dernier, comme prétexte pour une intervention militaire. Le Kremlin, lui, affirme avoir des raisons humanitaires et vouloir aider les Russes de souche, abandonnés dans d'autres pays après la dissolution de l'URSS.

    "Nous avons une politique étrangère de non-confrontation -nous ne voulons pas de conflit", affirme Alexeï Sazonov, porte-parole du Kremlin. "En même temps, défendre les droits de ses compatriotes est un droit pour tous les pays", précise-t-il.

    La création de communautés de citoyens russes dans les pays concernés a déjà des conséquences politiques: elle empêche l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN, et affaiblit la Moldavie dans ses tentatives de rapprochement avec l'Europe. Dans le même temps, elle montre à l'Occident que la Russie fera entendre sa voix à l'intérieur de ce qu'elle considère toujours comme sa sphère d'influence.

    "C'est un avertissement, une piqûre de rappel disant à ceux qui ne reconnaissent pas les intérêts de la Russie qu'ils ont des raisons de s'inquiéter", explique Masha Lipman, analyste au Carnegie Moscow Center.

    La situation dans les provinces séparatistes géorgiennes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie illustre le plus clairement la politique moscovite. Après y avoir délivré plusieurs dizaines de milliers de passeports russes ces dernières années, le Kremlin a cet été en partie justifié son intervention par son droit à protéger ces citoyens y vivant. Et, depuis la fin du conflit, les deux provinces ont renforcé leurs liens avec la Russie.

    Autre exemple, la Transnistrie, province séparatiste de Moldavie. Là-bas, le Kremlin envoie du gaz à bas prix, finance les mouvements de jeunesse pro-russes, et fournit un complément de retraite aux plus pauvres. Environ un quart des 550.000 habitants de Transnistrie ont déjà obtenu la citoyenneté russe, et Igor Smirnov, président de la province depuis 1991, ne cache pas sa volonté de rattachement à la Russie, même si elle ne partage aucune frontière avec elle.

    En Estonie, Etat membre de l'OTAN et de l'Union européenne, l'ambassade russe indique avoir émis 3.700 passeports au cours de l'année s'étant arrêtée le 30 octobre 2008, soit trois fois plus que lors de la même période l'année précédente.

    Après l'indépendance du pays en 1991, beaucoup d'habitants de souche russe se sont vus refuser la citoyenneté estonienne automatique et ont aujourd'hui le statut de "non-citoyens" qui doivent passer un examen de langue avoir de recevoir leur passeport estonien. Beaucoup ne prennent pas le temps, ni n'ont l'argent nécessaire, pour apprendre la complexe langue estonienne, et font donc le choix d'un passeport russe. Selon les chiffres de l'immigration, 96.200 citoyens russes et 111.700 "non-citoyens" vivent en Estonie, pays de 1,3 million d'habitants.

    Enfin, en Ukraine, où les tensions entre communautés ukrainienne et russe sont fortes, les autorités affirment que Moscou délivre rapidement des passeports en Crimée, ancien joyau de la Russie impériale, cédé à Kiev dans les années 1950 par Nikita Khrouchtchev, et où on estime que quelque 200.000 personnes auraient la double nationalité russo-ukrainienne, pourtant interdite par la loi.

    En Ukraine, la Russie "essaie de faire ce qu'elle a fait en Abkhazie et en Ossétie du Sud: poser les bases juridiques, du moins dans le système légal russe, pour justifier une intervention, qu'elle soit économique, politique, ou militaire", estime Peter Zeihan, analyste chez Stratfor, société américaine d'analyse de renseignements.

    source : AP
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