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La maigre fiabilité du fichier électoral en Algérie

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  • La maigre fiabilité du fichier électoral en Algérie

    «Il faut savoir qu'avant le scrutin de 1995, nous n'avions jamais eu de fichier électoral fiable en Algérie. C'était le système du parti unique, les chiffres n'étaient jamais corrects. C'est après 1988 que l'administration a commencé à inscrire les gens plus ou moins correctement. »
    Tel est, en substance, l'aveu sous forme de déclaration reprise par notre confrère El Watan du 22 mars 1999, fait par M. Abdelmalek Sellal, alors ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, aujourd'hui tout-puissant directeur de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika, après l'avoir été une première fois en 2004.

    La récente déclaration de M. Zerhouni, l'inamovible successeur de M. Sellal au département de l'intérieur, en marge de la visite de Bouteflika à la wilaya de Blida, sur l'état actuel du fichier électoral, montre que dix ans plus tard, la piteuse réalité de ce fichier n'a pas connu d'évolution notable.

    En effet, oser déclarer comme le fait M. Zerhouni que l'opération porte-à-porte, menée depuis le 15 janvier dernier par ses services, en prélude à la révision électorale qui vient de s'achever, que le bilan de l'opération s'est soldé par la régularisation de la situation électorale de près d'un million d'électeurs malinscrits, qu'il assimile à de faux abstentionnistes, est révélateur de l'ampleur des opérations de reconfiguration et de formatage, dont fait l'objet le fichier électoral, depuis au moins les préparatifs de la réélection de Bouteflika pour un second mandat.

    Dans la guerre sans merci que le régime a décidé de mener, contre ce qui est devenu au fil des élections, le principal obstacle à une manipulation des résultats des nombreux scrutins, à savoir l'abstentionnisme, le département de l'intérieur à procédé par tâtonnements successifs. En 2002, les doubles et même les multiples inscriptions, ainsi que la non-radiation des décès et les femmes ayant changé de résidence, constituaient, d'après Zerhouni, la principale raison aggravant la faiblesse du taux d'abstention. «Le fichier électoral comportait 85 497 doubles électeurs ou multiples inscriptions, qui ont été radiés à l'occasion de l'assainissement des listes électorales. Un nombre important de décès n'a pas été radié du fichier électoral et 15 % environ des femmes ayant changé de résidence, n'ont pas été radiées» (conférence de presse de Zerhouni du 10 septembre 2002).

    Parallèlement, une opération porte-à-porte d'identification de «malinscrits» fut, pour la première fois programmée. Elle toucha, selon le bilan annoncé plus tard par M. Zerhouni au cours de la réunion avec les DRAG en ce début d'année, 1,2 million de personnes, «qui ont vu leur situation réglée». En se rendant compte de l'impossibilité «technique» de créditer le candidat Abdelaziz Bouteflika d'un taux «politiquement» crédible de plus de 58,08 %, Nourredine Yazid Zerhouni a justifié le faible taux de participation pour la réélection pour un second mandat de Bouteflika, par de nouveaux faux prétextes, résumés dans une déclaration à l'ENTV faite au lendemain de la proclamation de cette réélection. «Il s'agit, premièrement, de la suppression des bureaux spéciaux qui accueillaient pas moins de 800 000 électeurs et qui votaient obligatoirement entre les deux corps militaires et de sécurité.»

    La seconde explication est celle de la diminution opérée dans le nombre de bureaux itinérants, qui est passé de 6 000 à 600. «Ces bureaux, ajoute le ministre, avaient la capacité de mobiliser 1,8 million d'électeurs.» L'exode rural a, en troisième lieu, influé sur le taux d'abstention.

    En fait, précise le ministre, «sur 1,3 million de potentiels électeurs, ce sont 500 000 qui ont fait défaut à ce rendez-vous, ne résidant plus au niveau de leurs localités. En ville, ils ne sont pas inscrits. La dernière explication concerne la communauté émigrée, dont une partie n'est pas inscrite sur les listes électorales, alors qu'une autre n'a pas renouvelé son inscription. Ils sont 400 000 à 600 000 électeurs potentiels dans ce cas».

    Après les résultats catastrophiques des élections législatives de mai 2007, qui ont enregistré, malgré les replâtrages et autres traitements de choc, une percée historique jamais atteinte auparavant par l'abstention (74,33 %), le régime prit peur et déclencha la grosse artillerie. L'ouverture de ce front s'expliquait et se justifiait par le fait qu'il s'agissait de l'avant-dernier rendez-vous électoral, avant la présidentielle d'avril 2009.

    Trois millions d'électeurs abstentionnistes sont sommés d'expliquer à défaut de justifier leur statut d'abstentionniste. Le procédé n'intimida pas outre mesure les citoyens. Seulement 250 000 inscrits sur les listes électorales ont cru devoir répondre au courrier des services de l'intérieur, selon Mohamed Talbi, directeur des libertés au ministère de l’Intérieur.

    Malgré cette tiédeur de la réponse des citoyens, Nourredine Yazid Zerhouni réalisa un exploit historique qui trahit le caractère déloyal de la charge sur l'intégrité du fichier électoral.

    En effet, pour la première fois depuis l'indépendance, la taille du fichier électoral est compressée. Elle passe de 18 761 084 aux élections législatives de mai 2007 à 18 447 351 aux élections locales de la fin de la même année, soit une coupe sombre de 313 733, alors que la moyenne de croissance de ce même fichier, calculée par nos soins sur 20 ans (entre 1962 et 2002), laisse apparaître une croissance annuelle moyenne constante de 141 475 564 électeurs ! Pourquoi ? La réponse est simple : pour augmenter substantiellement le taux de participation aux élections, il faut vider le fichier de ses «faux abstentionnistes» et les remplacer par de «bons électeurs».

    En lançant une nouvelle opération porte-à-porte au début de cette année, touchant cette fois-ci le million et demi de citoyens censés avoir bénéficié d'un logement au cours des deux mandats de Bouteflika, le régime entend faire passer à la caisse électorale ces heureux bénéficiaires. Ils sont vertement sommés de renvoyer l'ascenseur. L'opération rapporte gros «si l’on considère que deux personnes au moins résident dans chacun de ce 1,5 million de logements, cela signifie que la situation de 3 millions de personnes sera assainie sur un corps électoral de 18 ou 19 millions de votants», déclarait M. Zerhouni en lançant l'opération.

    L'opération, adossée à une campagne «d'éducation civique» d'une ampleur jamais égalée, vient de prendre fin avec un bilan inespéré : un million de «faux» abstentionnistes, hier encore «mal inscrits», deviennent aujourd'hui de «bons» électeurs, fraîchement formatés par la machine électorale du régime et prêts à donner à Bouteflika le million de voix qui lui permettront de remporter massivement, comme il l'a demandé, le prochain scrutin !

    Par Hani Mosteghanemi, le Soir

  • #2
    FICHIER ÉLECTORAL Entre «mal inscrits», «faux abstentionnistes» et «bons électeurs»

    Actualités : FICHIER ÉLECTORAL
    Entre «mal inscrits», «faux abstentionnistes» et «bons électeurs»


    «Il faut savoir qu'avant le scrutin de 1995, nous n'avions jamais eu de fichier électoral fiable. C'était le système du parti unique, les chiffres n'étaient jamais corrects. C'est après 1988 que l'administration a commencé à inscrire les gens plus ou moins correctement. »
    Tel est, en substance, l'aveu sous forme de déclaration reprise par notre confrère El Watan du 22 mars 1999, fait par M. Abdelmalek Sellal, alors ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, aujourd'hui tout-puissant directeur de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika, après l'avoir été une première fois en 2004. La récente déclaration de M. Zerhouni, l'inamovible successeur de M. Sellal au département de l'intérieur, en marge de la visite de Bouteflika à la wilaya de Blida, sur l'état actuel du fichier électoral, montre que dix ans plus tard, la piteuse réalité de ce fichier n'a pas connu d'évolution notable. En effet, oser déclarer comme le fait M. Zerhouni que l'opération porte-à-porte, menée depuis le 15 janvier dernier par ses services, en prélude à la révision électorale qui vient de s'achever, que le bilan de l'opération s'est soldé par la régularisation de la situation électorale de près d'un million d'électeurs malinscrits, qu'il assimile à de faux abstentionnistes, est révélateur de l'ampleur des opérations de reconfiguration et de formatage, dont fait l'objet le fichier électoral, depuis au moins les préparatifs de la réélection de Bouteflika pour un second mandat. Dans la guerre sans merci que le régime a décidé de mener, contre ce qui est devenu au fil des élections, le principal obstacle à une manipulation des résultats des nombreux scrutins, à savoir l'abstentionnisme, le département de l'intérieur à procédé par tâtonnements successifs. En 2002, les doubles et même les multiples inscriptions, ainsi que la non-radiation des décès et les femmes ayant changé de résidence, constituaient, d'après Zerhouni, la principale raison aggravant la faiblesse du taux d'abstention. «Le fichier électoral comportait 85 497 doubles électeurs ou multiples inscriptions, qui ont été radiés à l'occasion de l'assainissement des listes électorales. Un nombre important de décès n'a pas été radié du fichier électoral et 15 % environ des femmes ayant changé de résidence, n'ont pas été radiées» (conférence de presse de Zerhouni du 10 septembre 2002). Parallèlement, une opération porte-à-porte d'identification de «malinscrits» fut, pour la première fois programmée. Elle toucha, selon le bilan annoncé plus tard par M. Zerhouni au cours de la réunion avec les DRAG en ce début d'année, 1,2 million de personnes, «qui ont vu leur situation réglée». En se rendant compte de l'impossibilité «technique» de créditer le candidat Abdelaziz Bouteflika d'un taux «politiquement» crédible de plus de 58,08 %, Nourredine Yazid Zerhouni a justifié le faible taux de participation pour la réélection pour un second mandat de Bouteflika, par de nouveaux faux prétextes, résumés dans une déclaration à l'ENTV faite au lendemain de la proclamation de cette réélection. «Il s'agit, premièrement, de la suppression des bureaux spéciaux qui accueillaient pas moins de 800 000 électeurs et qui votaient obligatoirement entre les deux corps militaires et de sécurité.» La seconde explication est celle de la diminution opérée dans le nombre de bureaux itinérants, qui est passé de 6 000 à 600. «Ces bureaux, ajoute le ministre, avaient la capacité de mobiliser 1,8 million d'électeurs.» L'exode rural a, en troisième lieu, influé sur le taux d'abstention. En fait, précise le ministre, «sur 1,3 million de potentiels électeurs, ce sont 500 000 qui ont fait défaut à ce rendez-vous, ne résidant plus au niveau de leurs localités. En ville, ils ne sont pas inscrits. La dernière explication concerne la communauté émigrée, dont une partie n'est pas inscrite sur les listes électorales, alors qu'une autre n'a pas renouvelé son inscription. Ils sont 400 000 à 600 000 électeurs potentiels dans ce cas». Après les résultats catastrophiques des élections législatives de mai 2007, qui ont enregistré, malgré les replâtrages et autres traitements de choc, une percée historique jamais atteinte auparavant par l'abstention (74,33 %), le régime prit peur et déclencha la grosse artillerie. L'ouverture de ce front s'expliquait et se justifiait par le fait qu'il s'agissait de l'avant-dernier rendez-vous électoral, avant la présidentielle d'avril 2009.Trois millions d'électeurs abstentionnistes sont sommés d'expliquer à défaut de justifier leur statut d'abstentionniste. Le procédé n'intimida pas outre mesure les citoyens. Seulement 250 000 inscrits sur les listes électorales ont cru devoir répondre au courrier des services de l'intérieur, selon Mohamed Talbi, directeur des libertés au ministère de l’Intérieur. Malgré cette tiédeur de la réponse des citoyens, Nourredine Yazid Zerhouni réalisa un exploit historique qui trahit le caractère déloyal de la charge sur l'intégrité du fichier électoral. En effet, pour la première fois depuis l'indépendance, la taille du fichier électoral est compressée. Elle passe de 18 761 084 aux élections législatives de mai 2007 à 18 447 351 aux élections locales de la fin de la même année, soit une coupe sombre de 313 733, alors que la moyenne de croissance de ce même fichier, calculée par nos soins sur 20 ans (entre 1962 et 2002), laisse apparaître une croissance annuelle moyenne constante de 141 475 564 électeurs ! Pourquoi ? La réponse est simple : pour augmenter substantiellement le taux de participation aux élections, il faut vider le fichier de ses «faux abstentionnistes» et les remplacer par de «bons électeurs».En lançant une nouvelle opération porte-à-porte au début de cette année, touchant cette fois-ci le million et demi de citoyens censés avoir bénéficié d'un logement au cours des deux mandats de Bouteflika, le régime entend faire passer à la caisse électorale ces heureux bénéficiaires. Ils sont vertement sommés de renvoyer l'ascenseur. L'opération rapporte gros «si l’on considère que deux personnes au moins résident dans chacun de ce 1,5 million de logements, cela signifie que la situation de 3 millions de personnes sera assainie sur un corps électoral de 18 ou 19 millions de votants», déclarait M. Zerhouni en lançant l'opération. L'opération, adossée à une campagne «d'éducation civique» d'une ampleur jamais égalée, vient de prendre fin avec un bilan inespéré : un million de «faux» abstentionnistes, hier encore «mal inscrits», deviennent aujourd'hui de «bons» électeurs, fraîchement formatés par la machine électorale du régime et prêts à donner à Bouteflika le million de voix qui lui permettront de remporter massivement, comme il l'a demandé, le prochain scrutin !
    Hani Mosteghanemi

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    • #3
      Moha

      Le boycott devient de plus en plus justifiable et justifié.
      Si nous étions dans un pays démocratique, je serais le premier à m'indigner qu'on boycotte, parceque c'est laisser les autres choisir pour soi, mais dans une dictature, ce n'est pas valable. Ca fait 1 million de personne au moins qui ne savent pas qu'ils vont voté Bouteflika malgrès eux.

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      • #4
        Le boycott devient de plus en plus justifiable et justifié
        je ne pense pas qu'il soit une solution, sinon la pire !
        vous boycottez, tant mieux pour vous, vous avez fait un grand pas vers la democratie et ses règles, qu'est-ce que ça va changer à votre avis ?
        je suis sûr que certains doivent rêver le soir, ah boutef renonce à la presidence et part car il y a eu trop d'abstention (je n'aime pas le terme de boycott, c'est indigne de l'idée même de démocratie) !!!

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        • #5
          Moha

          Tolkien, nous n'aimons pas le boycott non plus.
          Sauf qu'il y a un choix à faire, entre laisser le dictateur gagner avec une faible participation, ce qui le rend illégitime, ou voter, voir sa voix détournée pour au final ne profiter qu'au dictateur.
          Donc soit tu soutiens Bouteflika tant mieux pour toi va voter, soit tu t'y opposes et tu sais que le traffic va l'emporter, veux tu y contribuer??

          C'est une question de stratégie pour certains, d'honneur pour d'autres, mais dans tous les cas, ils sont daccord pour ne pas se faire avoir cette fois ci encore, sachant de toutes les façons qu'il va gagner, tu as le choix entre 80% et 50% de participation, ce qui le rend heureux, ou 80% et 10% de participation, ce qui le rend illégitime, les Algériens espèrent dans ce cas, une réaction venant soit de dehors, soir de l'intérieur pour l'obliger à refaire les élections, et à écouter le peuple cette fois ci.

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          • #6
            Ca fait 1 million de personne au moins qui ne savent pas qu'ils vont voté Bouteflika malgrès eux.
            Il aussi possible qu'une partie censée boycotter, vont voter boutef à sa place.

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            • #7
              Moha

              Il aussi possible qu'une partie censée boycotter, vont voter boutef à sa place.
              C'est la même chose, ils ont voté Boutef MALGRES EUX.

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              • #8
                C'est la même chose, ils ont voté Boutef MALGRES EUX.
                Qu'est ce qu'il va changer le boycott dans ce cas??

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