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Toxicomanie en milieu scolaire

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  • Toxicomanie en milieu scolaire

    Quand le joint remplace le stylo

    Si en milieu scolaire la violence a franchi un nouveau pas puisque des enfants vont jusqu’à commettre l’irréparable pour une raison ou une autre, mettant en exergue notamment les limites d’un système éducatif, ne trouvant toujours pas de palliatif au problème de la violence au sein des établissements scolaires, il n’en demeure pas moins que les raisons de ce laisser-aller dangereux et la dérive permanente de milliers de jeunes n’est autre que la consommation de drogue à l’intérieur même des collèges et lycées et qui semble avoir pris de larges proportions dans le milieu scolaire d’Oran.

    Désormais, la drogue n’épargne personne. Ce phénomène aux effets ravageurs touche toutes les couches de la société et même les établissements scolaires ne sont plus à l’abri d’un fléau, qui, d’une manière exponentielle, gagne, jour après jour, encore plus de terrain, dans un monde, où rien n’est plus impossible et dans lequel, une fois accoutumé, il est tellement difficile de s’en extraire et rares sont ceux qui y parviennent.

    Ainsi, donc, le voile opaque, dressé par les autorités, et la fuite en avant des responsables, quant à la consommation de drogue en milieu scolaire, n’ont-ils fait, en réalité, qu’aggraver la situation. Le problème est désormais profond et le constat des plus accablants.

    L’emprise de drogues en tout genre, sans oublier les psychotropes à bon marché, a atteint un seuil alarmant et ne peut être cachée. Les tractations d’achat, vente et même de consommation, se font en plein jour, au vu et au su de tout le monde et bien des fois à l’intérieur même des établissements.

    «J’ai peur de me faire choper par les flics quand je dois m’approvisionner en kif. Pour éviter les ennuis, heureusement qu’à l’intérieur même de mon lycée, il y a tout un réseau de distribution, qui est là pour satisfaire nos besoins en drogue», nous dira Halim, en classe de terminale dans l’un des nombreux lycées, que compte la ville d’Oran et dont on préfère taire le nom.

    Cet aveu terrible réveille les consciences sur la vulnérabilité d’une jeunesse pourchassée jusqu’à l’intérieur même des bâtiments publics par des dealers sans scrupule, utilisant sa fragilité comme fond de commerce.

    Ce fléau ne fait aucune distinction et touche toutes les couches sociales.

    Toutes les franges de la société y ont droit et chaque milieu a ses facteurs favorisants. Si, pour ce qui est des toxicomanes issus des quartiers huppés de la ville, ils n’ont aucun mal à s’approvisionner en stupéfiants, afin d’avoir leur «trip» quotidien vers l’enfer, loin est le cas pour la plupart d’autres, qui, pour éviter le «manque», sont prêts à commettre n’importe quel délit à même de leur payer leurs doses quotidiennes.

    «En état de manque, je ne pense plus. Je perds toute notion de logique et suis prêt à tout pour me procurer ma dose», se confiera Abdelhak, n’ayant plus que la peau sur les os et que, à l’âge de seulement 17 ans, il paraît en avoir le double.

    Pour les plus démunis, ils jettent leur dévolu sur des produits à bon marché et légalement disponibles dans les magasins. L’inhalation de produits volatiles et solvants organiques comme les détachants, l’éther ou encore la colle, suffit à faire le «bonheur» de ces jeunes, sans le sou, prêts au pire afin d’assouvir leurs besoins en drogue.

    D’ailleurs, totalement happés par les effets dévastateurs de ce genre de psychotropes, les jeunes collégiens et lycéens ne s’en cachent plus.

    Ils assument totalement leur penchant pour la drogue. En groupes restreints afin d’éviter d’attirer l’attention des plus grands mais surtout des «flics» comme ils disent, aux alentours de leurs collèges et lycées, des dizaines d’adolescents s’adonnent quotidiennement à la consommation de drogue.

    Assis à même les trottoirs, leur propre cartable entre les deux jambes, les adeptes des sachets pleins de colle et de comprimés de psychotropes sniffent et se shootent à tour de rôles sans se préoccuper des passants, comme pour narguer une société qu’ils pensent responsable de les avoir livrés aux mains des dealers.

    Avachis par les meurtrissures d’une vie, qui ne les a pas gâtés, d’un quotidien difficile à supporter, les jeunes se trouvent des excuses pour ne pas regretter leur geste, allant même jusqu’à reconnaître, le plus normalement du monde, leur dépendance à la drogue.

    C’est un moyen comme un autre d’attirer l’attention des adultes sur la détresse d’une jeunesse oranaise ayant perdu ses repères et malade de par l’indifférence coupable des garants de sa bonne santé.

    Néanmoins, si les toxicomanes des quartiers défavorisés ont le courage d’avouer leur dépendance à la drogue, loin est le cas pour ceux des quartiers huppés qui, à propos de ce sujet, ne daignent même pas nous répondre.

    C’est que, à l’inverse de leurs camarades démunis, ces fils et filles de nantis n’ont aucun argument valable, ne pouvant justifier, même à tort, leur accoutumance à la drogue. En fait, les lycéens, issus d’un milieu social aisé, se retrouvent dans le monde de la drogue par imitation ou par curiosité.

    Ils s’adonnent à la consommation de la drogue comme moyen de distraction, qu’ils peuvent facilement s’en procurer. «Les fils à papa, les «ennouches», au sein des établissements, sont plus discrets.

    «Aux heures de récréation, ça sniffe pas mal dans les toilettes. La poudre blanche, la cocaïne n’émet ni d’odeur ni de fumée, comme c’est le cas pour la colle ou les joints de kif et nous sommes incapables de les prendre en flagrant délit», avouera un surveillant au sein d’un lycée très renommé sur la place d’Oran.

    Pour être sûrs de toucher le maximum de lycéens, toutes franges de la société confondues, les dealers ne lésinent pas sur les moyens.

    «Les dealers mettent le paquet pour nous convaincre d’acheter leurs produits de la mort. Ils excellent dans l’art de la persuasion. Ils tentent par tous les moyens de nous convaincre à goûter, ne serait-ce qu’une fois à la drogue», témoigne un lycéen.

    La première fois, sous forme d’imitation, s’avère en général déterminante.

    A ce propos, il faut savoir qu’une grande panoplie de drogues est disponible. Cela peut aller de la cocaïne, du cannabis, du kif, des amphétamines, etc. La tentation est certainement de mise et chaque lycéen peut s’en procurer, selon ses goûts, mais surtout sa bourse.

    Les prix varient de 100 dinars le «tarf» de zetla de la «Bataille» à 9.000, voire 12.000 dinars le gramme de poudre blanche. Pour arriver à leurs fins, les dealers s’ingénient, concoctant des plans élaborés et d’innombrables stratagèmes pour attirer, en «douceur» leurs jeunes proies dans le monde infect de la drogue.

    Tous les moyens sont bons pour faire franchir le seuil de cet univers aux horizons bouchés. Au début, les dealers vont jusqu’à offrir gratuitement leurs services pendant quelques temps.

    Une fois, bien accrocs à leurs produits, les lycéens sont sommés de payer, au prix fort, leur nouveau penchant pour la drogue. Pour toucher le plus d’adolescents possibles, les dealers vont jusqu’à approvisionner les nouveaux adeptes à crédits et laisser au temps faire le reste.

    Après une à deux semaines de consommation assidue, le tour est joué, les dealers montent au créneau, montrant leurs vrais visages, la bonté et la gentillesse, cédant la place aux menaces et brimades. Acculés et ne pouvant se plaindre par peur de représailles des parents, le jeune lycéen s’enfonce davantage dans les entrailles incandescents du monde de la drogue, préférant la tranquillité éphémère, que procure un joint de kif.

    Les parents sont totalement démissionnaires préférant ne pas admettre leur échec, celui de ne pas pu avoir évité à leur progéniture un tel désastre. Incapables d’admettre que leurs enfants puissent trahir leur confiance, ils se voilent la face devant des faits bien réels : Leurs chers fils ou filles se droguent.

    Ces parents, bien au fait de l’accoutumance de leurs enfants à la drogue, par peur généralement de les perdre, préfèrent souffrir en silence. Ce mutisme complice, malheureusement, ne pourra pas indéfiniment éviter le pire à des milliers de jeunes adolescents, qui se meurent lentement.

    - Pdz
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