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Tahar Ould-Amar, Bururu

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    Tahar Ould-Amar : “Bururu, c’est un peu l’islamisme”

    C’est bien la première fois que le café littéraire de la Maison de la culture de Béjaïa, organisé en partenariat avec les éditions Tira et “la Dépêche de Kabylie”, tourne exclusivement autour de l’œuvre annoncée. En effet, le cinquième invité de cette rencontre bimensuelle, qui n’était autre que le responsable du bureau de Bouira de la Dépêche de Kabylie, Tahar Ould Amar, a eu à répondre aux questions de l’assistance sur tout ce qui concerne son roman, rédigé en kabyle Bururu.

    En ce jeudi 26 février 2009, les deux animateurs du café littéraire du jour étaient Mohand Haddad, enseignant de français à l’université de Béjaïa et Allaoua Rabhi, enseignant de tamazight dans la même université et cosignataire de la préface du roman de Tahar Ould-Amar, Bururu. Ainsi , avant de céder la parole à l’auteur, Allaoua Rabehi présentera celui-ci au public, notamment à l’époque où il collaborait au journal L’Hebdo n’tmurt qui avait publié des extraits de son roman Bururu. Il précisera qu’en ce temps-là, les gens étaient plutôt prudents par rapport à la littérature en tamazight. Le cosignataire de la préface dira que ce roman lui avait tellement plu qu’il l’a même relu à plusieurs reprios. Il le passera ensuite à Zahir Meksem qui réagira de la même façon. D’où la décision commune de la préfacer.

    Ensuite, ce sera l’invité du café littéraire de parler de son roman. Il dira au passage qu’il s’est inspiré d’une réalité puisqu’il a eu un de ses amis, à Alger, qui a été emprisonné pour ses activités dans la mouvance islamiste. Seulement, cet ancien ami se rendra compte, contrairement à l’histoire du roman, durant son emprisonnement, de la fausse voie dans laquelle il s’était engagé.

    Tahar Ould-Amar dira que le symbolique de Bururu dans certains pays d’Europe est un porte-bonheur alors que, chez nous, c’est un oiseau de mauvais augure. Il choisira donc ce titre pour faire le rapport avec l’islamisme qui sème la mort. Quant à Ur teqqim un tengir, la deuxième partie du titre du roman, c’est pour dire que c’est le statu quo puisque rien n’a changé.

    Le roman Bururu relate une histoire moderne, d’abord, mais aussi d’actualité. C’étaient durant les années 90, Muh, un enfant d’une cité populaire de la capitale en secourant une jeune fille-cible d’une bande de voleurs-devient l’ami de Dounya (c’est ainsi qu’elle se prénomme) qui était d’une grande beauté... il ira jusqu’à mentir sur sa personne en se présentant comme le fils d’un grand commerçant. plus tard, en apprenant la vérité, la réaction de Dounya sera violente et brutale : “Il faut te rendre compte que nous ne sommes pas de la même classe, il ne faut plus penser à moi”. En fait, c’est la fille d’un haut gradé de l’armée... Les conséquences de cette réponse seront immenses. En effet, tout basculera dans la vie de Muh qui ne sera plus un “rêveur”, innocent, mais qui s’engagera plus tard dans toutes les voies pour s’enrichir et faire fortune, de n’importe quelle façon... C’est ainsi qu’il fera partie d’un réseau de trafiquants de voitures jusqu’à son arrestation et son emprisonnement.

    A sa sortie de prison, il décide d’immigrer. Il passera ainsi du Maroc vers l’Espagne puis l’Italie. Là, ce sera l’univers de l’alcool et de la drogue jusqu’au jour où il tente de voler une femme. Il sera donc emprisonné et aura des idées islamistes. A sa sortie de prison, il ira en France puis à Alger mais pas... chez sa famille ! Ce sont ses “amis” barbus qui le prendront en main en lui disant : “Tu es recherché par la police, tu es fiché comme moudjahid”. Il se retrouvera donc dans les grottes “Abou Ikhedjan” à Zberber.

    Muh assistera au massacre de tout un village. Dans un moment de panique du groupe, il tirera sur l’émir sanguinaire et le tuera. A partir de ce moment-là il n’a qu’une idée : déserter du rang du groupe terroriste. Ce qu’il finira par faire grâce à la complicité d’un émir qui lui accordera son mariage avec une file enlevée d’une village et mariée de force à l’émir assassiné. C’est dans la gare de Boumerdès que Muh, Dalila, Mourad et Nadia, les “miraculés” de Zberber prennent le train pour Alger. Mais, l’auteur de Bururu, Ur Teqqim ur tengir a bien pris le soin de signaler que la violence islamiste est toujours là puisqu’il terminera son roman par: “Je regarde de la fenêtre, je vois deux barbus aborder la colline”.

    Tahar Ould-Amar a eu, durant les débats, à répondre à un certain nombre de questions concernant son roman. Etant journaliste, la première question a été inévitablement celle relative au “passage du style journalistique à la littérature”. Il répondra : “Je ne peux pas parler de passage puisque le journalisme est pour moi un gagne-pain. Même dans l’écriture, il n’y a aucun rapport entre les deux car ce sont deux univers complètement différents. “Dans le journalisme, je ne fais que rapporter des informations. Quant à la littérature, pour moi, c’est la lumière.” A la question relative à l’“acte” d’écrire en kabyle et le passage de l’oralité à l’écrit. Tahar Ould-Amar sera clair en disant qu’il écrit, avant tout, par plaisir tout en reconnaissant que cela peut servir la langue.

    Ensuite, on lui demandera pourquoi il a introduit des passages en français et en arabe dans son roman écrit en kabyle. Tahar Ould-Amar dira: “J’écris comme je parle et je pense. Je dirai même que je parle en kabyle et que je réfléchi en algérien. Vous savez bien comme nous. Quant à moi, je n’ai pas de complexe par rapport aux langues.”

    Une autre question intéressante sera posée durant les débats. Elle est relative à la portée de Bururu concernant un projet cinématographique. Tahar Ould-Amar dira qu’il y a un seul réalisateur qui s’intéresse à son roman et qu’il est possible que le projet se concrétise. De notre côté, faisons remarquer la modestie de l’auteur. En effet, en disant un “seul” réalisateur, comme si cela ne suffisait pas, ce n’est pas à Tahar Ould-Amar que nous apprendrons que notre littérature a énormément de publications sans, pour autant, qu’elles ne soient réalisés en films. Signalons aussi que la question du “mélange” de langues dans le roman Bururu est revenue plusieurs fois avec beaucoup d’échanges de points de vues. La polémique a été close par Kamel Bouamara qui fera remarquer qu’il s’agit en fait d’introduction de mots et de passages en français et en arabe, autrement dit, il s’agit d’un roman écrit en kabyle. Après les débats, l’assistance a été conviée à une rencontre plus intime avec Tahar Ould-Amar au salon d’honneur de la Maison de la culture. Quant à la vente-dédicace, elle s’est transformée en une simple “dédicace” pour ceux qui avaient Bururu entre les mains, car le shock est... épuisé.

    Preuve qu’il est lu. Toutefois, Brahim Tazaghart a annoncé qu’il sera réédité incessamment.

    Par la Dépêche de Kabylie
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