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Algérie. Bouteflika et les “Schtroumpfs”

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  • Algérie. Bouteflika et les “Schtroumpfs”

    Par Khaled A. Nasri,
    correspondance d’Alger
    Algérie. Bouteflika et les “Schtroumpfs”



    Le chef de l’Etat briguera, en avril, un troisième mandat. Il sera seul en piste, ou presque : redoutant une “mascarade électorale”, ses opposants ont déclaré forfait. Les généraux, résignés, laissent faire, en attendant…


    Pull rayé de marin, casquette de gavroche vissée sur la tête, guitare en bandoulière : Baaziz, Abdelaziz Bekhti de son vrai nom, cultive la ressemblance avec son ami Renaud. Un langage cru, détonant mélange d’arabe et de français, des paroles tantôt tendres tantôt acides, qui font

    mouche comme un direct à l’estomac, et, derrière chaque couplet, une poésie qui affleure : cet ancien instituteur kabyle, né il y a 45 ans du côté de Cherchell, est un chanteur engagé. Mais l’auteur d’Algérie mon amour et de l’inoubliable Atika, satire même pas voilée du président Bouteflika, est d’abord et surtout un “emmerdeur patenté”. Cet éternel pourfendeur du système a bien failli jouer un drôle de tour aux autorités de son pays : présenter sa candidature à l’élection présidentielle du 9 avril 2009. Avec un credo simple et efficace : puisque tout le monde sait que ces élections sont une farce, alors pourquoi ne pas y participer, histoire d’en rire ?

    En haut lieu, dans les arcanes du pouvoir algérien, où on redoutait par dessus tout “un scénario à la Coluche”, la blague n’a fait rire personne. Lancée sur le mode de la plaisanterie, à l’issue d’un spectacle, en novembre 1980, l’idée d’une candidature de l’humoriste français à la présidentielle de 1981 avait fait un tabac. En quelques jours, l’homme à la salopette rayée s’était retrouvé crédité de 15% dans les sondages ! Pendant des semaines, les pitreries du comique avaient semé la confusion. Avant que Coluche, effrayé par sa propre audace et déstabilisé par les pressions et les menaces, ne finisse par jeter l’éponge de lui-même.

    L’Algérie de 2009 réunit pas mal de conditions pour que la mayonnaise Baaziz prenne. A commencer par un code électoral assez libéral : il “suffit” de réunir 75 000 signatures pour que la candidature soit entérinée par le juge électoral. Fort de sa popularité dans la capitale et dans sa région d’origine, la frondeuse Kabylie, le chanteur aurait pu tenter le coup. Et il se murmurait qu’il s’était trouvé des mécènes disposés à financer sa campagne. Mais, à l’instar de Coluche, Baaziz a entretenu le suspense pendant quelques semaines, avant de renoncer. Il ne sera donc pas le grain de sable qui viendra gripper l’engrenage bien huilé de la machine qui doit permettre à Abdelaziz Bouteflika de se maintenir au pouvoir.

    L’article 74 de la Constitution, limitant à deux le nombre de mandats présidentiels successifs autorisés, ayant été modifié le 12 novembre 2008 par un vote presque unanime des députés, le chef de l’Etat algérien, âgé de 72 ans et malade, sera candidat à un troisième mandat. Il l’a annoncé le 12 février, devant 5000 de ses partisans. Officiellement, Bouteflika n’a fait que céder aux instances de la classe politique et syndicale et des représentants de la société civile, qui voient en lui l’homme providentiel. Il a promis une consultation régulière et transparente mais a prévenu qu’en Algérie, “un président ne peut l’être s’il ne dispose pas du soutien d’une écrasante majorité du corps électoral”. Précaution de pure forme : le président est assuré d’être réélu avec un score à la soviétique. Car Baaziz n’est pas le seul à avoir fait défection. Tous ceux qui auraient pu, peu ou prou, donner un semblant de substance à la compétition électorale ont déclaré forfait.

    Les opposants de longue date, comme le leader du Front des forces socialistes, Hocine Aït Ahmed, héros de la guerre de libération, le réformateur Mouloud Hamrouche, ou l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahimi, chef du parti Wafa, ont refusé de se prêter à la mascarade. Quand à l’ancien président Liamine Zéroual (1994-1998), un temps pressenti, il a fait savoir le 13 janvier qu’il “n’irait pas”. Au lendemain de la révision de la Constitution, ce général, qui s’était retiré de la vie politique en 1999, avait laissé entendre qu’il pourrait se porter candidat. Il est allé jusqu’à formuler des jugements sévères sur son successeur au palais d’El Mouradia, l’accusant à mots à peine couverts d’avoir trahi le principe de l’alternance à la tête de l’Etat et de vouloir restaurer la présidence à vie.

    Les observateurs avaient interprété cette sortie comme un signal de désapprobation émanant de la “Grande Muette”, cette armée qui a longtemps fait et défait les présidents en Algérie. Ils s’étaient trompés : ce n’était manifestement qu’un ballon d’essai. Deux jours après Zéroual, c’était au tour du laïc Saïd Saâdi, le président du RCD, le Rassemblement pour la culture et la démocratie, de renoncer sans ambiguïté à la candidature. Et de faire de ce refus une question de dignité en expliquant que la participation à une telle compétition serait “synonyme de compromission dans une opération d’humiliation nationale.”

    Jamais deux sans trois (mandats)
    Cette “grève des candidatures” - pour reprendre l’expression de la journaliste du Monde et spécialiste du Maghreb, Florence Beaugé – est ennuyeuse pour le régime. Elle ne va certainement pas inciter les électeurs à se déplacer le jour du scrutin. Avec pour seule adversaire la trotskiste Louisa Hanoune, l’orgueilleux Bouteflika “va devoir se contenter d’emporter son troisième mandat face à des Schtroumpfs”, écrit-elle avec humour. Et “Boutef III” ressemblera, en pire, à “Boutef I”. Le 13 avril 1999, soit deux jours avant le premier tour du scrutin présidentiel, ses six adversaires, Hocine Aït Ahmed, Abdallah Djaballah, Mouloud Hamrouche, Youcef Khatib, Mokdad Sifi et Ahmed Taleb Ibrahimi, s’étaient retirés de la course pour protester contre “l’opération de fraude massive” en préparation. Bouteflika avait été élu avec 75 % des suffrages.

    “En 2004, beaucoup de gens avaient cru sur parole les généraux quand ils avaient assuré que l’armée n’interférerait pas dans la compétition électorale et que le scrutin serait transparent”, décrypte un journaliste algérien. La suite, selon la même source : “Ali Benflis, l’ancien Premier ministre de Boutef’, qui croyait en ses chances, s’est présenté. On sait ce qu’il est advenu (Bouteflika l’a emporté avec plus de 84% des voix, ndlr). Cette fois, les opposants étaient nettement plus circonspects. Mais le climat assez bizarre qui a prévalu jusqu’à la fin de l’année dernière, la valse-hésitation autour de la révision constitutionnelle, d’abord annoncée comme imminente, puis sans cesse différée, et qui est finalement intervenue assez tardivement [en novembre], les rumeurs relayées par la presse, le buzz créé par les déclarations du général-major Rachid Benyelles, farouchement hostile à l’idée d’un troisième mandat, tous ces éléments, mis bout à bout, ont pu laisser croire qu’une frange des décideurs étaient hostiles à l’OPA du clan Bouteflika sur El Mouradia. Avec le recul, on se rend compte qu’il s’agissait de vaines spéculations.”
    Dernière modification par orion, 28 février 2009, 12h27.

  • #2

    Les militaires se tâtent
    Les tensions entre la présidence et l’institution militaire sont toutefois une donnée récurrente de la vie publique algérienne. Et entre Bouteflika et les généraux, les choses n’ont jamais été simples (lire encadré). La politique de réconciliation nationale et de concorde civile, qui s’est soldée par l’amnistie de la plupart des islamistes qui avaient pris le maquis, plongeant le pays dans une guerre civile qui allait faire entre 100 et 200 000 morts, a heurté les convictions des gradés les plus éradicateurs. Et, de fait, elle a entraîné le départ de certains des plus influents des “janviéristes”, ces officiers supérieurs responsables, en janvier 1992, de l’interruption du processus électoral, pour empêcher le FIS de s’emparer du pouvoir par les urnes.

    L’éviction déguisée en démission du général Mohamed Lamari, en juillet 2004, la nomination, un an plus tard, comme ambassadeur d’Algérie au Maroc, du général à la retraite Larbi Belkheir, qui occupait jusque-là les fonctions de directeur de cabinet de Bouteflika, et les départs à la retraite des généraux Mohamed Touati ou Fodil Chérif ont été analysés comme autant de signes de la perte d’influence de l’armée au profit du chef de l’Etat, qui a désormais placé ses hommes aux postes-clés.

    Aujourd’hui, contrairement à une idée solidement ancrée, les généraux ne font plus la pluie et le beau temps. Et cela fait maintenant plus de 5 ans que l’ANP, l’Armée nationale populaire, n’a plus tenu de conclaves. Mais de là à en conclure qu’elle a été marginalisée… “En réalité, l’armée n’a jamais été monolithique, explique un familier des arcanes du pouvoir. Elle a toujours compté dans ses rangs des francs-tireurs, comme Benyelles. Certes, les “janviéristes” ont été poussés en douceur vers la sortie par un Bouteflika désireux d’asseoir son autorité. Mais ces gens étaient âgés et n’ont pas cherché à s’accrocher. D’autres sont toujours là, et sont même là plus que jamais. A commencer par “l’homme sans visage”, le général Mohamed Medienne, alias Toufik, le patron du Département recherche et sécurité, le DRS, qui reste l’homme le plus influent du pays et travaille en osmose avec le président. Il faut aussi comprendre que les militaires n’ont pas été épargnés par les critiques, et que, dès 1994, ils avaient souhaité s’effacer, laissant l’apparence d’un pouvoir civil.”

    Une sorte de modus vivendi s’est établi entre les gradés et le système Bouteflika. Indéniablement, la perspective du troisième mandat n’enchante pas l'état-major. D’où les remous observés. Mais les militaires ne possèdent pas de candidat de rechange. Et savent aussi que le président est gravement malade et risque de ne pas achever son nouveau quinquennat. Il aurait d’ailleurs confié au général Toufik qu’il voulait mourir au pouvoir et “avoir des funérailles nationales”. Dans ces conditions, les gradés n’ont aucune raison de se mouiller et d’entamer un bras de fer à la fois inutile et incertain. L’Algérie semble se diriger tout droit vers un scénario à l’espagnole.

    L’agonie de Franco avait duré des mois, mais, à la mort du Caudillo, le processus avait, contre toute attente, débouché sur… une transition démocratique. L’Algérie pourrait-elle connaître un scénario similaire ? Il est aujourd’hui impossible de se prononcer. Une chose est sûre : Abdelaziz Bouteflika n’a pas d’héritier. Ali Benflis aurait pu être celui-là. Mais il s’est brûlé les ailes à force d’impatience. Alors, en définitive, et comme toujours, l’armée aura probablement le dernier mot. Mais elle a changé. Nombre de caciques sont partis à la retraite. Une nouvelle génération, plus moderne, plus en phase avec son époque, formée dans les écoles occidentales, a commencé à se frayer un chemin et à accéder aux postes de responsabilité. Voudra-t-elle, et pourra-t-elle, organiser la transition ? C'est toute la question...


    Bouteflika et l’armée. “Je t’aime, moi non plus”

    Natif d’Oujda, au Maroc, mais originaire d’une famille de Tlemcen, Abdelaziz Bouteflika a rejoint en 1956, à 19 ans, la branche armée de la wilaya 5 du FLN, où il a fait la connaissance du colonel Houari Boumédiène. Il devient son homme de confiance. Il quitte l’ALN en 1962, à l’indépendance, et fait ses débuts en politique comme ministre de la Jeunesse et des Sports de Ben Bella. Son ascension est fulgurante : l’année suivante, il est promu chef de la diplomatie. Boumédiène, qui prend le pouvoir en 1965, le maintient à ce poste-clé. Les deux hommes travaillent en parfaite osmose. A la mort du président, en 1979, Bouteflika apparaît comme le successeur naturel, mais les militaires, réunis en conclave sous la houlette de Larbi Belkheir, en décident autrement, et confient le job à Chadli Benjedid, l’officier le plus ancien dans le grade le plus élevé. C’est le début de la traversée du désert pour Boutef’. Exclu du comité central du FLN en 1981, il s’exile à Genève et à Abou Dhabi. Rentré en 1987, mais resté à l’écart du sérail, l’homme, qui symbolise les années glorieuses de l’Algérie, championne des pays non-alignés, est approché par les militaires, en 1992, puis en 1994. Le général Lamari lui propose la présidence. Les négociations capotent à la dernière minute : estimant qu’il n’aurait pas les pleins pouvoirs, il décline l’offre. Quatre ans plus tard, les conditions ont changé, et, adoubé par les militaires, il se porte candidat à la succession de Liamine Zéroual. Non sans avoir prévenu son monde : “Je ne serais pas un trois-quarts de président”. Il a tenu parole…


    © 2009 TelQuel Magazine. Maroc.

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    • #3
      cet ancien instituteur kabyle
      Ca dénote d'un amateurisme criant. Baaziz n'est pas un kabyle mais un Chenoui. Ca ne donne même pas envie de lire la suite.

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      • #4
        ils se sont peut être trompé, mais tu ne peux pas parler d'amateurisme, t'as même pas lu tout l'article ... tant pis

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        • #5
          Fort de sa popularité dans la capitale et dans sa région d’origine, la frondeuse Kabylie
          Rien que pour vous j'ai fait l'effort de lire la suite et malheureusement je tombe encore sur cette phrase toute fausse Baaziz n'est pas issu de la Kabylie.
          Connaissant TelQuel, je suis déçu.

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          • #6
            A retenir de TelQuel

            l’homme, qui symbolise les années glorieuses de l’Algérie, championne des pays non-alignés,


            ** le retour aux années glorieuses , la politique extérieur puis l intérieur qui commence à bouger socialement et économiquement aprés une décennie noire ...!
            A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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            • #7
              quels sont les candidats aux élections ?

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              • #8
                Orion: pourquoi poster cet article dans la rubrique internationale?
                Tu craignais qu'on t'empêcherait de le commenter s'il était posté dans la rubrique "actualité Algérie"

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                • #9
                  euh, je l'ai pas fait exprès en fait, j'ai l'habitude de tout poster dans la rubrique "international", heureusement, les modos sont là pour rattraper mes bourdes

                  y a pas de raisons qu'on me laisse pas commenter sinon ...

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                  • #10
                    Moha

                    Baaziz n'est pas un kabyle
                    Ah bon?? c'est nouveau ça.

                    ** le retour aux années glorieuses , la politique extérieur puis l intérieur qui commence à bouger socialement et économiquement aprés une décennie noire ...!
                    Socialement?? bouger?? tu veux dire, tout le monde part à la barque. C'est vrai ça bouge, 35% de chômage, c'est rien. Tu as les chiffres de 1998?:22:

                    Commentaire


                    • #11
                      Baaziz, de son vrai nom Abdelazziz Bakhti, chanteur né en 1963 à Cherchell, à 90 kilomètres à l'ouest d'Alger,...
                      http://fr.wikipedia.org/wiki/Baaziz

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                      • #12
                        Envoyé par Moha le penseur
                        Ah bon?? c'est nouveau ça.
                        Pour vous je vois que c'est nouveau oui. Il n'est jamais trop tard tt façon.

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                        • #13
                          le penseur

                          Socialement?? bouger?? tu veux dire, tout le monde part à la barque. C'est vrai ça bouge,
                          ** l esprit / à la barque voit l Algérie tout noir !
                          A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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