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Audiovisuel. Le bal des recalés

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    Par Souleïman Bencheikh
    Audiovisuel. Le bal des recalés
    Le verdict de la HACA est tombé : aucune licence télé et seulement quatre licences radio. Les déçus sont partagés et les sages se justifient tant bien que mal. Etat des lieux.


    Lundi 23 février, le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA, instance des sages de la HACA) a décidé de n’accorder aucune licence télé. Une décision qui a évidemment ébranlé le microcosme journalistique. Ceux qui tablaient sur un boom du marché audiovisuel et sur l’afflux de nouveaux capitaux, dans un secteur où l’Etat reste le
    principal acteur, doivent dès à présent revoir leurs plans. Car les déçus sont légion. Parmi eux, beaucoup de puissants : les très attendus Othman Benjelloun, Mounir Majidi, Fouad Ali El Himma, Aziz Akhannouch. Parce que de grands groupes privés comme Finance.com ou Akwa avaient mis la main à la pâte. Tout ce beau monde se retrouve aujourd’hui le bec dans l’eau, après avoir investi des sommes colossales. Le porteur de l’un des projets recalés nous a ainsi confié avoir d’ores et déjà perdu 4 millions de dirhams, “indépendamment de la caution de 5 millions de dirhams que devra restituer la HACA”. enorme.

    Statu quo et méli-mélo
    Flash-back. Le 11 août 2008, dans le cadre de la libéralisation du paysage audiovisuel voulue par l’Etat, le CSCA lance des appels à concurrence pour l’établissement et l’exploitation de deux services télévisuels (concernant les licences radio, lire l'encadré). Les porteurs des 5 projets qui ont rempli les conditions de recevabilité juridique sont auditionnés par la HACA entre le 5 et le 9 janvier 2009. A ce moment-là, les sages ne laissent rien filtrer de leurs intentions, se contentant d’évaluer les projets en concurrence. En attendant, les médias se font régulièrement l’écho de l’imminence de la décision de la HACA, maintes fois annoncée et repoussée.

    Dans le même temps, la HACA balise le terrain, distillant ici et là qu’il serait tout à fait possible de ne délivrer aucune licence. C’est finalement le 23 février que les sages, réunis en conclave, publient un communiqué annonçant leur décision et la justifiant de manière plus que légère, en quelques lignes et deux arguments : la situation du marché publicitaire et la crise traversée par Medi 1 Sat qui, selon le communiqué, révèlent un “risque de contraction du marché publicitaire” et “entourent d’incertitude la composition de l’offre télévisuelle”. “Le CSCA a décidé de surseoir à l’octroi de toute licence de télévision”, conclut le communiqué, après avoir évoqué le risque que pouvaient faire peser de nouveaux acteurs télévisuels sur l’équilibre des chaînes déjà existantes.

    Côté investisseurs, c’est la stupéfaction, voire l’indignation. “Nous avons planché sur notre projet pendant un an et demi, mobilisant une vingtaine de personnes à temps plein, et nous avons rendu un dossier de plus de 1000 pages. Tout ça pour être anéantis en un paragraphe”, s’insurge le porteur d’un des projets présélectionnés. “Le CSCA a voulu protéger les chaînes publiques parce qu’elles ne sont clairement pas au niveau”, assène-t-il. Les sages, quant à eux, font le dos rond : “La décision a été très difficile à prendre”, confie l’un d’eux.

    Et d’ajouter : “Pendant plusieurs semaines, le Conseil était très partagé. D’ailleurs il l’est toujours, avec d’un côté les libéraux purs et durs qui veulent faire jouer la concurrence, et de l’autre, des conseillers soucieux de ne pas plonger dans la crise les chaînes existantes”. In fine, en choisissant de surseoir à l’octroi de toute licence de télévision, le CSCA n’a fait que refuser de trancher : ni autorisation, ni refus catégorique. Les porteurs des projets recalés sont ainsi dans l’expectative. Et l’attente risque de durer : “Il n’y aura pas de deuxième vague de licences avant deux ans”, a estimé, en off, un des 15 membres du CSCA. Deux années auxquelles il faudra ajouter au moins un an et demi de travail souterrain avant une première émission sur les ondes hertziennes. Téléspectateurs, armez-vous donc de patience, Al Aoula et 2M risquent fort de rythmer vos soirées pour un bout de temps encore, au mieux jusqu’en 2012.

    Les coulisses d’une décision
    Le CSCA est accusé par ses détracteurs d’avoir péché par la méthode qu’il a adoptée et par la forme qu’a prise sa décision. En d’autres termes, on ne peut pas, en un paragraphe, renvoyer aux calendes grecques une évolution inéluctable et souhaitable du paysage médiatique marocain. “Nous aurions compris la décision du CSCA si les sages nous avaient dit que nos projets n’étaient pas bien ficelés”, argumente un recalé. “Les raisons qu’ils ont avancées ne tiennent pas la route”, poursuit-il. De prime abord effectivement, les arguments du CSCA ont de quoi surprendre : les sages ne pouvaient-ils anticiper, en août 2008, les effets d’une crise qui a explosé à la face du monde quelques semaines plus tard ? Le ralentissement de la croissance du marché publicitaire (de 12% à 5% en un an) est-il plutôt la conséquence d’une crise internationale dont le Maroc n’a pas encore fait le diagnostic, ou est-il dû aux faibles taux d’audience des chaînes publiques ? Lier l’avenir de Medi 1 Sat – une chaîne qui, avec le renfort de la CDG et de Maroc Telecom, ne risque pas de manquer de pub – à l’octroi de nouvelles licences télévisuelles, ne serait-il pas un moyen commode de repousser l’heure des grands choix ? La HACA et son instance délibérative (CSCA) n’ont pas répondu à toutes ces interrogations.

    Que faire de Medi 1 Sat ?
    Les mauvaises langues en profitent pour répandre le bruit que les sages ont, en fait, été désavoués par le roi qui, alerté par Salim Cheikh (2M) et Fayçal Laraïchi (SNRT) sur la baisse des recettes publicitaires des deux chaînes publiques, aurait donné ses hautes instructions à Ahmed Ghazali, général en chef de l’armée des 15 sages, pour qu’il sursoie à l’octroi de nouvelles licences. En coulisses, les déçus pointent aussi une autre raison qui pourrait expliquer la décision du CSCA : il n’y a que deux fréquences hertziennes disponibles, ce qui laisse la place pour deux nouveaux projets de chaîne. Or l’incertitude qui règne autour de Medi 1 Sat, ainsi que son importance géostratégique, font qu’il est tout à fait envisageable que la chaîne tangéroise occupe l’une de ces deux fréquences, ce qui reviendrait à désavouer l’un des deux projets qui avaient la cote : celui porté Majidi et Benjelloun, ou celui d’El Himma et Akhannouch. Cruel dilemme donc pour la HACA, une instance placée “auprès de Sa Majesté” (selon son dahir constitutif) qui se serait vue dans l’obligation de trancher entre deux amis du roi, qui plus est réputés ennemis. Mais ces bruits de couloir ne peuvent en aucun cas avoir valeur d’information. Officiellement, la HACA reste drapée dans une légitimité intacte, celle d’un vrai régulateur, indépendant dans ses choix et qui, selon l’expression d’un membre du CSCA, n’a avec le roi qu’une “relation protocolaire”.

    Licences radio. Les heureux élus

    Concernant la radio, trois appels à concurrence avaient été lancés par le CSCA, le 11 août dernier. Le premier a vu s’affronter cinq projets de radios à couverture nationale. Et de gros calibres étaient sur la ligne de départ : El Himma qui s’est aussi porté candidat pour une licence télé, ainsi que la radio française RFI, et le groupe Lagardère. Ces trois mastodontes ont été recalés et l’appel à concurrence déclaré infructueux. La raison invoquée par le CSCA ? Les “projets en compétition ne sont pas susceptibles d’enrichir la diversité de l’offre radiophonique nationale”. Les deux autres appels à concurrence concernaient des radios à couverture multirégionale et quatre projets ont émergé du lot. Les heureux élus sont donc : Radio Mars (thématique à dominante sportive), Radio Médina (portée sur le monde rural, contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom), Radio Luxe (thématique de l’artisanat marocain), et Radio Med (médiation et vie associative). Quant aux radios déjà existantes, jusqu’alors cantonnées dans quelques grandes villes (notamment Atlantic et Hit Radio), elles se voient dotées de nouvelles fréquences qui leur permettront d’étendre leur diffusion.


    © 2009 TelQuel Magazine. Maroc.

  • #2
    La TNT doit débarquer pour briser cette idée qu'on ne donne des licences qu'en fonction des "places" dispo.

    Aussi s'il y avait un grand nombre de chaine TV, les annonceurs suivraient, et on verrait des PME utiliser la TV pour leur com.

    Grâce à la TNT on segmente mieux le marché, et on récupère les téléspectateurs qui regardent les chaines étrangères.

    Une TV de musique, il faut pas être un génie pour la monter. Et on récupère alors ceux qui regardent rotana et consort.

    Il faut se bouger un peu les fesses là!
    La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

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