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Encore une autre affaire de corruption avec un trafic d’armes françaises

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  • Encore une autre affaire de corruption avec un trafic d’armes françaises

    Il y a une dizaine de jours, Jean-Charles Marchiani, un ancien membre des services secrets français, a été relâché de la prison de La Santé à Paris, où il était incarcéré depuis mai 2008. L’année dernière, un tribunal de Paris a déclaré Marchiani coupable de trafic d’influence et de corruption impliquant des pays africains.

    Marchiani, qui était également un proche collaborateur de l’ancien ministre français de l’Intérieur, Charles Pasqua, a été condamné en 2008 à trois ans de prison. Il a été relâché tôt grâce à une amnistie spéciale accordée par le président français, Nicolas Sarkozy.

    Mais Marchiani pourrait se retrouver encore bientôt derrière les barreaux à La Santé. Il est confronté à d’autres accusations de corruption pour sa participation au soi-disant ‘Angolagate’, un labyrinthe d’affaires louches, trafic illégal d’armes avec l’Angola qui a eu lieu entre 1993 et 1998.

    Mais Marchiani est une des nombreuses personnalités françaises politiques et du monde des affaires confrontées à des accusations de trafic d’influence et de corruption, impliquées dans le transfert d’armes en Angola, pour un coût de 970 millions de dollars.

    A partir de la fin des années 1970, le gouvernement de gauche d’Angola de José Eduardo Dos Santos menait une guerre civile sanglante contre l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) de l’aile droite, qui était soutenue par les Etats-Unis, le régime de l’apartheid d’Afrique du Sud et Israël.

    Le trafic d’armes s’est produit à un moment où le gouvernement français, obéissant à un embargo des Nations Unies contre l’Angola, avait interdit tous les transferts de matériel militaire à ce pays d’Afrique australe. Ce trafic a produit un revenu net de quelque 400 millions de dollars pour Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak, les deux hommes d’affaires qui ont dirigé le trafic.

    La liste de 42 personnalités françaises confrontées aux accusations de corruption et de trafic d’influence dans ‘Angolagate’ comprend l’ancien ministre de l’Intérieur Pasqua, Jean-François Mitterrand, fils de l’ancien président François Mitterrand, ainsi que le conseiller le plus proche du chef d’Etat, Jacques Attali. Mitterrand était président au moment où l’affaire avait commencé.

    Au cours du procès, qui a commencé en octobre dernier, le procureur, Romain Victor a accusé les autorités françaises de complicité dans cette affaire d’armes illégale. Des autorités françaises avaient permis au "trafic illicite" de prospérer bien qu’elles aient été alertées par des informations de presse et par des membres de leurs propres services de renseignement.

    "Il ne se passe rien, personne n’entre", a déclaré Victor à la cour le 11 février. "Seul le ministère de la Défense intente un procès en 2001, après avoir été écouté par un juge d’instruction".

    "Les vraies raisons de cette attitude de laissez-faire doivent se trouver dans les intérêts économiques et stratégiques qui résident à l’arrière-plan", a affirmé Victor, se référant à l’intérêt de la France à accéder au pétrole et aux énormes sommes d’argent impliquées dans ces affaires.

    Victor a dit que Falcone ainsi que Gaydamak "avaient des relations directes avec les services de renseignement français et avaient bénéficié de puissants contacts au niveau de l’Etat".

    Ce procès tend vers sa fin. Victor a requis l’emprisonnement et des amendes considérables pour Pasqua et Mitterrand, ainsi que pour Falcone et Gaydamak.

    L’Angola, qui possède les deuxièmes réserves de pétrole les plus larges en Afrique après le Nigeria, est un point chaud régulier dans des enquêtes judiciaires sur des affaires de corruption impliquant des personnalités et entreprises politiques françaises.

    Au début de l’année 2000, les tribunaux français ont statué sur le scandale d’Elf Aquitaine, connu après comme celui de la compagnie pétrolière d’Etat qui était impliquée dans une grande affaire de corruption, entre autres pays, en Angola.

    A travers Elf Aquitaine, la France a acheté l’influence et des contacts en Afrique utilisant des comptes bancaires secrets en Suisse. Le système a été dirigé par le chef exécutif d’Elf, Loik Le Floch-Prigent, son bras-droit Alfred Sirven et le soi-disant M. Afrique de l’entreprise, André Tarallo.

    D’autres pays mentionnés dans l’enquête sur Elf Aquitaine comprenaient le Cameroun, le Gabon et le Congo Brazzaville. Aucune accusation pour crime n’était portée contre les dirigeants de ces pays, qui ont tous rejeté tous les torts.

    Lors du procès d’Elf Aquitaine, Le Floch-Prigent a franchement reconnu que la corruption pour traiter avec des pays africains avait été au cœur de l’Etat français pendant des années. La corruption "n’était pas aussi secrète qu’elle était opaque", a-t-il affirmé devant la cour.

    "En clair, dans la plupart des pays producteurs de pétrole, c’est le chef de l’Etat ou le roi qui est le vrai bénéficiaire", a ajouté Le Floch-Prigent.

    Actuellement, des autorités françaises enquêtent sur les origines de la richesse amassée en France par le chef de l’Etat angolais, Dos Santos. Une accusation de détournement de fonds publics a été déposée par des organisations humanitaires contre les dirigeants de cinq pays africains, et déposée encore par Transparency International, l’organisation de lutte contre la corruption.

    Selon ‘Human Rights Watch’ (HRW), le gouvernement de Dos Santos a détourné quelque quatre milliards de dollars des recettes de pétrole du pays entre 1997 et 2002. HRW est une organisation non gouvernementale internationale.

    Les autorités françaises enquêtent également sur des allégations de corruption contre les opérations du groupe Thalès, l’entreprise militaire la plus grande de la France, en Afrique du Sud.

    Selon des procureurs sud-africains, le dirigeant du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, Jacob Zuma, aurait pris, au début de l’année 1998, quelque 400.000 dollars en 783 pots-de-vin de ‘Thint Holdings Southern African Ltd’ et de ‘Thint Ltd’, deux branches de Thalès en Afrique du Sud.

    A l’époque, Thalès était connue sous le nom de Thomson CSF et Zuma était vice-président de l’Afrique du Sud.

    En 2005, le proche conseiller de Zuma, Schabir Shaik, avait été inculpé de corruption et condamné à 15 ans d’emprisonnement pour son implication dans l’affaire Thomson. La Haute cour de Durban avait statué que Shaik était coupable de corruption et de fraude, et constaté qu’il y avait des preuves "accablantes" d’une relation corrompue entre Shaik et Zuma.

    Cela a conduit à la destitution de Zuma par le président d’Afrique du Sud d’alors, Thabo Mbeki.

    En janvier dernier, la Cour suprême sud-africaine a validé les accusations de corruption, de racket, de fraude, de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale contre Zuma. Le procès contre Zuma débutera le 25 août. Il a plaidé son innocence.

    L’ANC a ordonné à Mbeki, qui a été accusé d’organiser une vendetta politique contre Zuma, de démissionner de la présidence en septembre l’année dernière après que la Haute cour a annulé les accusations contre Zuma.

    Des documents internes de Thalès, auxquels IPS a eu accès, suggèrent que Mbeki était dès le début informé de l’implication présumée de Zuma dans la corruption.

    Un mémorandum interne de Thomson daté de novembre 1998, détaillant les relations de l’entreprise avec Zuma, comprend également une liste de questions adressées à Mbeki, suggérant qu’il était informé de l’affaire.



    Julio Godoy
    © Copyright IPS
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