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Cette « Cène » qui rappelle Munich !

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  • Cette « Cène » qui rappelle Munich !

    Lettre aux six dirigeants des grands pays européens présents au sommet de Charm el-Cheik.

    Le 18 janvier au soir, après le sommet de Charm el-Cheik, pendant que sous le feu israélien continuaient de mourir hommes femmes et enfants de Gaza, on vous voit attablés autour du triumvirat aux mains maculées de sang, dans une sorte de Cène tels les apôtres autour de Jésus.
    L’atmosphère n’était pas empreinte de cette gravité qui donne au Repas du Christ toute sa méditative valeur, non là, l’ambiance était celle des soirs de triomphes : larges sourires, accolades, embrassades et franches poignées de main. La courtoisie de vos hôtes dont on connaît la morgue pour les résolutions de l’ONU, notamment la toute récente 1860 qui demandait « un cessez le feu immédiat » n’est pas allée jusqu’à faire cesser au moins le temps de votre visite le bombardement au phosphore des ambulances, hôpitaux et bâtiment de l’ONU.

    J’en ai honte. Et mal ! Mal pour votre dignité et honte pour l’honneur de cette Europe que vous représentez. Vous me direz que c’est un voyage pour la paix. Et vous invoquerez la diplomatie pour les confraternels salamalecs avec les donneurs d’ordre du rouleau compresseur de la destruction et de la mort !

    Mais la diplomatie et la paix, justifient -elles tant d’apparat et de complaisance envers des dirigeants, accusés de partout de crimes contre l’humanité ? La diplomatie doit-elle s’accommoder obligatoirement de cynisme ? Car comment ne pas prendre pour du cynisme tout cet étalage de sympathie qui blesse le sens moral. De paix, parlons -en justement !
    Ce n’est pas à des hommes de votre expérience et de votre prestige que j’apprendrais quel est le premier devoir du faiseur de paix : l’objectivité au moins et surtout ne jamais confondre la victime avec son bourreau !
    Or dans ce conflit, cette image de vous six dans la maison des faucons, témoigne de votre fraternité de cœur et d’esprit avec des dirigeants si égoïstes dans leurs intérêts, exigeants tout et ne donnant jamais rien, dominateurs et colonisateurs, incapables de raison ni de simple pitié pour des femmes et des enfants, affameurs et constructeurs de murs qui étranglent, haineux et inhumains ! Toute la journée du dimanche 18 janvier, avec le Président égyptien vous n’avez cessé de vilipender le Hamas qui, en tirant des roquettes bidouillées sur Israël, est déclaré seul responsable de la destructrice colère d’Israël. Comme toujours les responsabilités de l’Ami Israélien sont occultées, à vos yeux ma foi, des dizaines de mois d’un siège qui rappelle quelque peu celui imposé à Leningrad par l’Allemagne nazie, ne compte pas. Affamer les gens de Gaza relève de l’insignifiance. Et ce même jugement si partagé qui explique sans doute l’indifférence totale du monde occidental, autoproclamé pourtant défenseur des libertés et de la démocratie.

    Puis-je vous poser une question ? Je sais qu’il est très difficile pour vous de vous mettre à la place de personnes à peines considérées comme des humains par vos collègues Israéliens. Mais je vous sais capables d’un grand effort d’imagination. Supposez-vous parqués comme des animaux, séquestrés entre quatre murs de béton, privés de pain, d’eau et de lumière, votre droit à la vie chaque minute contesté, étouffant sous le poids de la misère et de l’abandon, n’auriez vous pas essayé dans un élan de survie, de trouver un moyen de manifester votre refus de mourir : taper de toutes vos forces contre le mur qui vous enferme ou griffer le visage de votre geôlier , bref d’essayer de faire quelque chose contre l’oppression qui vous tue à petit feu. Du point de vue de la justice la plus élémentaire, comment considérer autrement ces roquettes artisanales que comme une ruade de mourants, la manifestation de ce profond désir de l’homme d’essayer de mourir debout, de dire non à toute paix dans la soumission.

    Quel Salomon pourrait rester insensible à la lutte tragique de l’homme pour sa terre et sa liberté ? C’est un vieux combat que celui-là, des Hébreux contre l’Egypte des Pharaons à la résistance française, l’Histoire a toujours porté admiration et donné justice à ceux qui puisent dans leur chair et leur sang afin de s’affranchir d’une injuste domination. Oh ! Grands dirigeants de l’Europe, si vous vouliez bien vous vêtir d’impartialité et d’honneur et porter haut la grandeur des peuples que vous représentez, si vous vouliez juger en toute conscience et considérer seulement quelques faits comme ce royal mépris pour toutes les résolutions de l’ONU, la colonisation qui se continue, des crimes de masses comme celui de Beït-Hanoun, les assassinats ciblés, l’ utilisation sans discernement d’une machine de guerre des plus sophistiquées ; si vous pouviez simplement prendre en compte l’effarant nombre de victimes palestiniennes , vous n’aurez aucune difficulté à désigner le bourreau ! Mais je sais que c’est là trop vous demander !

    Et c’est cela même qui blesse : vous voir ce dimanche soir formant une auguste et amicale assemblée autour des bourreaux, vous voir arborer si franchement, sourire aux lèvres et œil guilleret, un comportement de complices venant, sous prétexte de paix, rassurer leurs amis de leur indéfectible attachement quels que soient leurs errements, leurs aveuglements, leurs crimes. Indécence ou inconscience ?

    Franchement, avez-vous trouvé une minute pour réprimander vos hôtes et amis par exemple sur ce raid du 4 novembre qui tua six personnes, cela en violation justement de la trêve ? Leur avez-vous dit votre colère quant au blocus dont les clauses de la trêve prévoyaient clairement la levée ? En toute objectivité, et vous le savez, c’est Israël qui d’abord n’a jamais respecté la dite trêve, puis l’a rompue militairement et unilatéralement ce 4 novembre2008. Et l’on peut raisonnablement supposer, tant c’est dans les habitudes des dirigeants israéliens, que toutes ces provocations étaient préméditées afin de déclencher des réactions/ruades de mourants de la part du Hamas, réactions qui l’aideraient à justifier son opération militaire dont le nom « Plomb durci » est tout un programme. Non, bien sûr, cela se serait vu et vos visages auraient été marqués par le rictus de la désapprobation !

    A vos yeux, Israël n’est jamais coupable ! Et ça, ce n’est pas un comportement responsable et ce n’est pas bon pour la paix !

    A mon tour d’être blessant ! Je vais l’être, pas par plaisir croyez le bien. Je sais que ce que je vais vous dire est grave et offensant mais comprenez aussi que ce spectacle de tant de promiscuité avec des bourreaux, cette Cène qui vous confine dans une posture d’affidés, m’a profondément choqué. Et je n’ai pu juguler le souvenir de MUNICH !

    Evoquer ce 30 septembre 1938 de la honte est dur pour vous comme pour moi. Mais comment écarter une similitude si envahissante. Rappelez-vous, représentants français et anglais étaient venus à Munich dire son fait à Hitler et défendre la paix, ils sont repartis, le cœur léger après lui avoir cédé sur tout ! Ai-je besoin de vous rappeler le prix en vies et en destruction de la lâcheté munichoise ?! Une bonne cause se suffit à elle-même, s’impose avec la force de l’évidence. Elle n’a pas besoin de mensonges. Aucun droit, pas plus que le droit légitime de défendre les intérêts de son pays, ne justifie que l’on tue impunément. Enfin, l’indulgence et les reculades devants le diktat et les ambitions démesurées balisent plus le chemin de la guerre que celui de la paix. C’est la grande leçon de Munich. Sera-t-il écrit un jour que les dirigeants d’Israël seraient pour quelque chose dans la dégénérescence intellectuelle et morale de l’Europe ?

    J’ai relu cette lettre, c’est d’abord le cri de ma conscience blessée par tant de torts faits à la justice et à l’humanité. Je n’y vois rien d’outrancier et si, c’en était le cas sur un point, je vous prie de puiser dans ce qui vous reste de générosité pour me pardonner la faute. J’ai pour excuse ces corps d’enfants déchiquetés par l’acier des bombes. Plus de trois cents ! Des images insupportables qui accusent et interpellent. Elles sont une insupportable injure aux valeurs humaines si chères au cœur des Européens qui vous ont accordé leur suffrage et donc leur confiance. Personnellement je les ressens comme une atroce atteinte à ma dignité. La dignité c’est quoi, me direz-vous ? - C’est le refus catégorique de toute compromission avec ce qui choque le cœur et l’esprit. Malgré tout et par respect pour ceux qui vous ont élus, je ne veux point vous assimiler à un Chamberlain ou à un Daladier, et vous prie de croire tout de même à ma considération.

    Hassen Bouabdellah, citoyen français d’identité, de culture et de cœur

    Info-Palestine

  • #2
    Mon frère, trouve-toi un pays autre que la France et épouse ta propre culture arabe, car ton nom m'indique que tu ne seras jamais français sinon sur le papier.
    Ask not what your country can do for you, but ask what you can do for your country.

    J.F.Kennedy, inspired by Gibran K. Gibran.

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