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Entretien (Lundi 02 Mars 2009)
Le Ministre des travaux publics en exclusivité à Liberté
Ghoul : “L’autoroute vers Oran et Constantine livrable en septembre 2009”
Par :Khaled R.
Dans cet entretien, le premier responsable du secteur présente le chantier du siècle, situe le niveau d’avancement du projet. Il aborde le dossier de l’équipement de l’autoroute, du péage et annonce la livraison de tronçons importants dans les prochains mois qui vont progressivement faciliter la circulation à des centaines de milliers d’automobilistes.
Liberté : Où en est la réalisation de l’autoroute Est-Ouest ?
Amar Ghoul : En guise d’introduction, je voudrais présenter ce projet du siècle. Il s’agit de construire 1 700 kilomètres d’autoroute en 40 mois, dont 800 kilomètres en terrain très difficile passant par des montagnes, des oueds, des zones de grands glissements du sol, qui posent des problèmes techniques dans le domaine des travaux publics. Il s’agissait de résoudre les problèmes techniques de sol. Ce projet par sa conception est l’un des rares du bassin méditerranéen en termes d’engagement de réalisation dans un délai record. De plus, ce projet a une consistance physique particulière : 3 000 ouvrages d’art dont 100 grands viaducs, 16 tunnels (8 en bitubes), 600 ponts de liaison, environ 700 passages inférieurs pour les riverains, 1 000 ouvrages hydrauliques pour drainer l’eau au niveau du site. C’est un projet d’envergure qui nécessite une coordination très minutieuse et une maîtrise parfaite de la conduite d’un tel projet. C’est le plus grand défi qu’on ait connu. Engager ce projet sur le terrain c’était, en un mot, notre plus grand défi. L’engagement dans ce projet a été une réussite totale. C’était un grand défi avec un tel volume de travaux. Notre deuxième défi était comment encadrer le chantier par les ressources humaines c’est-à-dire comment ouvrir tout le couloir de l’autoroute. Ce second défi, c’était le lancement de 3 000 cadres et spécialistes algériens qui sont engagés dans ce projet, une partie dans l’Agence nationale des autoroutes, une partie au niveau des consortiums japonais et chinois et le reste au niveau des bureaux de suivi et de contrôle. Cette partie a été gagnée. Le défi a été relevé. Nous avons gagné cette seconde bataille. Notre troisième défi, c’étaient les moyens matériels et bien sûr l’ouverture du couloir. Il a fallu pour les deux consortiums recourir à 10 000 engins de travaux publics et installer en même temps 500 installations entre chantiers et bases de vie. Et il a fallu mobiliser donc des efforts colossaux pour libérer l’emprise de l’autoroute. En ce qui concerne les moyens matériels, l’installation des chantiers et bases de vie, ce défi a été gagné grâce à l’approche et l’organisation qui a été choisie en étroite coordination entre les consortiums, l’Agence des autoroutes et les collectivités locales. En ce qui concerne la libération de l’emprise, tâche très pénible, qui constituait un véritable défi, il s’agissait de déplacer 20 000 contraintes du couloir de l’autoroute (réseaux d’électricité, des PTT, gazoducs et oléoducs entre déplacement et protection des réseaux). Il fallait reloger les familles qui occupaient le couloir de l’autoroute. Nous avons déjà déplacé 1 000 familles qui ont été toutes relogées. Il y avait aussi une tâche difficile celle d’expropriation et dans ce cadre, nous avons exproprié 15 000 familles. C’était un travail très pénible au niveau local. Des efforts considérables ont été fournis par les services des travaux publics pour dialoguer, informer et donc travailler à l’amiable pour faire aboutir l’opération d’expropriation de chaque famille et aussi dégager l’argent nécessaire d’expropriation qui a dépassé les 18 milliards de dinars.
Vous avez donc rencontré de grosses difficultés dans la réalisation.
Notre quatrième défi était d’engager des travaux dans des tronçons très difficiles ou très délicats à traiter. Je donne un exemple, tout le lot de Chlef à Bordj Bou-Arréridj. Nous avons été obligés de passer par des montagnes, de traverser de grands oueds et construire des viaducs géants et des tunnels très importants. Autre exemple : à l’Ouest dans la région de Tlemcen où nous avions environ 80 kilomètres de terrains très accidentés et pour lesquels nous avons réalisé une vingtaine de grands viaducs (presque achevés). Autre exemple : à l’Est, c’est-à-dire à Constantine, Skikda et El-Tarf où nous devions construire des tunnels très importants, des phénomènes de glissement de terrains très délicats à traiter. Pour faire avancer la route, on était obligé d’utiliser des explosifs, donc ce volet technique, c’était très délicat pour nous au début de traverser les montagnes de Bouzegza et des wilayas de Bouira-Boumerdès à travers des tunnels où le terrain est très délicat. On a réussi quand même à creuser nos tunnels et surmonter toutes ces difficultés. Idem pour les tunnels de Constantine et de Skikda où nous étions obligés de mobiliser les plus grands experts du monde, japonais et européens pour surmonter les difficultés qui bien sûr s’opposaient à nous. Avec une délicatesse technique et avec des efforts exceptionnels, nous avons donc gagné l’avancement du tunnel au niveau de Skikda et de Constantine (achèvement des travaux à plus de 60%). D’ici l’été, nous aurons donc terminé le creusement de tous les tunnels : 16 tunnels au niveau de Skikda, Constantine, Bouira et Boumerdès. Le sixième défi, c’était pour nous comment s’organiser pour libérer progressivement des tronçons fonctionnels de l’autoroute à la circulation, et ce, pour décongestionner le nord du pays et les grands axes qui sont déjà saturés sur l’axe est-ouest. Nous avons donc environ 1 300 kilomètres de linéaire total (avec les bretelles et les échangeurs). Notre option, ce n’était pas de terminer toute l’autoroute pour libérer les tronçons, c’était de libérer progressivement par tronçons terminés pour décongestionner Bouira, Blida et Aïn Defla. Il s’agissait de terminer l’autoroute par phasage. Le nord du pays est saturé. Le sixième défi relevait de l’organisation et optimisation qui commence aujourd’hui à produire des résultats en matière de décongestion du réseau. Maintenant revenons aux délais de réalisation, le délai contractuel de réalisation de toute l’autoroute est juillet 2010. Nous avons un taux très appréciable d’avancement : route-ouvrages d’art-tunnel de 80%. Nous serons très heureux incessamment de livrer plus de 200 kilomètres d’autoroute, précisément en ce mois de mars. Il s’agit des tronçons Aïn Defla-Chlef, Bouira-Bordj Bou-Arréridj, Relizane-Oran. Sur ces 1 700 kilomètres, l’axe principal est long de 1 300 kilomètres. Ce qui a été livré, ce sont 300 kilomètres du programme en cours auxquels vont se rajouter 200 kilomètres de voies autoroutières nouvelles. Nous aurons livré 500 kilomètres d’autoroute en mars. Nous sommes aujourd’hui en train de faire un travail colossal et pertinent, un forcing sur les deux consortiums pour réceptionner en septembre 2009 Alger-Oran et Alger-Constantine (on met aujourd’hui 7 heures à 8 heures, on mettra 3 heures 20). Si on arrive à ce que nous avons projeté, nous allons réceptionner l’autoroute presque une année avant les délais. Ce n’est pas une tâche aisée. Mais c’est possible. La mise en service de l’axe autoroutier et la réalisation de 1 700 kilomètres d’autoroute sont des dossiers importants. L’option a été retenue donc par le gouvernement de mettre en service progressivement les tronçons pour décongestionner le pays. Les autres dossiers ne sont pas intégrés dans la durée du premier dossier.
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