Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Une version «très contestable» des guerres coloniales

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Une version «très contestable» des guerres coloniales

    Un site institutionnel français épinglé par l’Humanité

    Une version «très contestable» des guerres coloniales

    Le fait n’a pas échappé à la curiosité «historienne» de Rosa Moussaoui. Journaliste au quotidien l’Humanité, cette jeune Franco-Algérienne vient d’épingler la très officielle préfecture du Gers, la surprenant en flagrant délit d’amnésie sur les méfaits de la colonisation.

    Passionnée d’histoire et de mémoire, Rosa Moussaoui ne cesse, depuis une dizaine d’années, de revisiter la séquence sanglante de la colonisation. A force de fouiner dans les archives et de naviguer sur la Toile en quête de documents, elle n’en finit pas de découvrir des choses.

    Un jour, elle tombe sur un document digne d’intérêt. Le lendemain, ses yeux fixent un témoignage inédit. Et le surlendemain, sans y être invitée, elle s’engouffre dans un forum de la «nostalgérie», où les partisans de l’«Algérie française» rejouent indéfiniment les prolongations de la guerre.
    Dernière découverte en date : la mise en ligne d’une littérature aux accents dignes de la Dépêche algérienne et de l’Echo d’Alger, qui plus est sur un site institutionnel.

    Surfant sur le Web de la préfecture du Gers, et à la lecture de quelques passages, Moussaoui n’en croyait pas ses yeux.

    Sous les intitulés génériques de «Algérie, la déchirure» et «Histoire des guerres d’Indochine», le site publie, dans la rubrique mémorielle dédiée à l’Office national des ancêtres combattants et victimes de guerre, deux versions «revues et corrigées» des guerres coloniales françaises en Algérie et en Indochine.

    «Complètement unilatéraux», observe la journaliste de l’Humanité, ces textes présentent le FLN-ALN et les combattants vietnamiens «comme des belligérants à égalité avec l’armée française. Les exactions de cette armée sont soigneusement tues, au point que les bilans de ces guerres par lesquels se concluent les textes ne comptabilisent… que les militaires français tombés au front».

    Séquence sanglante de la page coloniale, la répression féroce du 8 mai 1945 est réduite à un énoncé factuel inspiré des éléments du langage officiel de l’époque. Qu’en on juge : le moment des émeutes passé, «le fossé entre les deux communautés se creuse davantage en dépit de la volonté du gouvernement français de doter l’Algérie d’institutions démocratiques» (sic). Le texte passe sous silence le temps de la fraude électorale, le temps des collèges électoraux, etc.

    De plus, le texte du site Web de la préfecture du Gers fait sienne une sémantique dont l’usage a été battu en brèche par la loi parlementaire de 1999. Votée sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, celle-ci avait institué, pour la première fois, l’appellation de «Guerre d’Algérie» dans le discours officiel français.

    Dans la littérature mise en ligne sur le site officiel du département du Gers, les combattants du FLN-ALN sont déclinés sous le qualificatif de «fell» pour «fellaghas» et dits «en proie au terrorisme».

    Abordant la Bataille d’Alger, le texte du site insiste, de bout en bout du passage, sur la «recrudescence des attentats et des enlèvements» par le FLN. «Pas une seule fois n’est évoqué le mot torture», note Rosa Moussaoui. Pour toute allusion, déplore la journaliste, le document se contente d’évoquer «les méthodes parfois musclées» qui «suscitent un certain malaise dans l’opinion».

    En livrant une «version très contestable» des guerres coloniales, la préfecture montre, aux yeux de l’Humanité, que «l’histoire d’Etat est décidément bien amnésique».

    Le Jeune Indépendant
Chargement...
X