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AIG, la descente aux enfers

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    Lorsque, lundi matin 2 mars, l'assureur American International Group (AIG) a annoncé 61,7 milliards de dollars (48,15 milliards d'euros) de pertes au dernier trimestre, un blogueur, sur le site du Wall Street Journal, s'est amusé à calculer que cela représentait 465 421 dollars partis en fumée à chaque minute. Le terme "amusé" est peut-être impropre, tant l'opinion américaine assiste avec rage à la descente aux enfers d'une société qui aura perdu 99,3 milliards de dollars en 2008, trois à quatre fois plus que n'importe laquelle des banques d'affaires.

    Depuis septembre, le Trésor américain et la Réserve fédérale ont renfloué AIG à hauteur de 150 milliards de dollars. Lundi, 30 autres milliards s'y sont ajoutés. Nationaliser ? Ce n'est même plus le débat. Même si son ancienne direction reste en place, AIG est officiellement "sous tutelle" de l'Etat, lequel détient 80 % de ses parts.

    Les deux seules questions qui se posent sont : combien cela coûtera-t-il à la collectivité, et pourquoi l'Etat américain juge-t-il impossible de s'y soustraire ?

    La réponse à la seconde question est plus aisée. Alimentée par des sources internes et les informations d'un ancien haut dirigeant d'AIG, Robert Arvanitis, une enquête du New York Times, publiée le 28 février, répondait à une interrogation qui s'impose : comment expliquer qu'une compagnie d'assurance ait perdu dans la crise financière immensément plus que toutes les banques d'affaires ? Réponse : en confiant à une unité londonienne, chargée des "pratiques financières", la vente des contrats qui assuraient les investisseurs sur des produits à risques contre d'éventuelles pertes.

    On passera ici sur les mécanismes boursiers mis en place. L'essentiel est ailleurs : lorsqu'une assurance garantit contre le risque de catastrophe naturelle, elle doit provisionner les sommes afférentes. Dans le cas de titres boursiers totalement "dérégulés", AIG a cru pouvoir s'en priver. La notation de sa dette par les sociétés spécialisées était la plus haute imaginable – AAA, équivalent quasiment à un risque zéro –, offrant aux swaps (contrats d'échanges) qu'il plaçait une supposée fiabilité hors norme. Ses commissions étaient extrêmement élevées.

    SA PROPRE INSOLVABILITÉ

    C'est ainsi que les banques, les fonds de pensions et de placements et les hedge funds ont acquis les swaps d'AIG. Ils estimaient réduire, sinon couvrir entièrement leur risque en le transférant à l'assureur. AIG empochait, mais ne provisionnait pas la couverture du risque. Il suffisait d'utiliser une faille du système qui permette de s'y soustraire.

    Quel risque prenait-il, puisque le marché haussier n'aurait jamais de fin ? En réalité, provisionner eût signifié la perte de tout l'intérêt de l'opération. Au pic de son activité, AIG détenait pour 450 milliards de dollars de titres de ce type.

    Le jour où la bulle immobilière a explosé, entraînant l'effondrement de nombre d'autres produits financiers "à risques", AIG a été confronté à sa propre insolvabilité, ayant garanti des centaines d'organismes financiers dans le monde entier face au risque de pertes. S'il n'assume pas ses engagements, toute la finance mondiale craint un effet domino dévastateur, des faillites de banques et de fonds en cascade. Voila pourquoi l'Etat américain est pieds et poings liés. Pour éviter un désastre pire encore, il devra honorer les engagements d'AIG.

    Le Trésor va entreprendre sa "restructuration ordonnée". Sa division assurance est toujours rentable. L'Etat cherche à vendre des pans entiers de l'entreprise, à commencer par ses activités en Asie de l'Est. Les experts estiment que celle-ci finira par être démantelée. Mais cela prendra sans doute plusieurs années. Et combien cela coûtera-t-il finalement ? La somme de 250 milliards de dollars est évoquée.

    Par Le Monde
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