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L'apathie, culture nationale en Algérie

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  • L'apathie, culture nationale en Algérie

    “La tyrannie d’un prince dans une oligarchie n’est pas aussi dangereuse pour le bien public que l’apathie des citoyens dans une démocratie.” Cette sentence de Montesquieu, probablement inspirée en partie du “despotisme éclairé’’ qui eut les faveurs de beaucoup d’élites européennes pendant le XVIIIe siècle, est d’une justesse qui transcende les siècles et franchit les frontières des États.

    En termes plus simples, l’apathie des citoyens est le laxisme général frappant le corps social de façon à l’enfoncer dans la torpeur et l’indifférence. C’est trop facile de s’en prendre au prince, aux gouvernants, aux édiles lorsqu’un minimum de civisme, de bonne éducation et de morale citoyenne ne figure pas au palmarès. Il ne s’agit nullement de blanchir ou de dédouaner ce qu’on appelle-dans une tentative confuse de se disculper- le “Système’’ ; une nébuleuse trop générale pour qu’elle puisse désigner quoi que ce soit de concret. Or, le Système, tout le monde en fait partie, avec ses tares, ses excès, ces errements, ses délires et sa rente. Dans ce cas de figure, l’apathie est une culture nationale qui, certes, possède ses origines historiques, économiques et institutionnelles.

    Nous avons souvenir de ce vieux de la montagne, au corps squelettique, à la moustache virile et à la moue parlante. Il fit une remarque fort à propos à un jeune qui jette son sachet d’ordures dans une venelle de son village.

    À peine arrivé au sol, le sachet éclata. Des chiens qui faisaient le guet depuis quelques minutes s’en approchent. Le vieux, d’un ton blasé et coléreux à la fois, lui lança : "Vous n’allez pas me dire quand même que c’est le maire qui doit acheminer ce sachet vers le dépotoir du village !".

    On en est malheureusement là. Lorsque les ressorts de la société sont cassés, ses repères brouillés et ses pensées ailleurs, il est difficile, voire impossible, de parler de civisme ou d’éducation. Plus gravement qu’aux temps évoqués par Montesquieu, la réalité de la jeunesse algérienne est troublée par une histoire chaotique dont les avatars n’arrêtent pas de se manifester continuellement ; elle est malmenée par le spectacle d’un monde qui vit, jouit et travaille, retransmis par la mythique parabole ; elle est minée de l’intérieur par une école “pavlovienne” qui ne la dispense nullement des déviations qui ont pour noms drogue, banditisme, intégrisme, différentes formes de violence sociale.

    L’apathie citoyenne c’est aussi ces relais d’organisations ancestrales de la société perdus dans les dédales d’une fausse modernité. Ce sont ces silences coupables devant des crimes commis en plein jour contre des personnes vulnérables (vieux, jeunes filles) en vue de les délester de quelques dinars retirés de la poste ou de quelque bijou acquis après que sa propriétaire se fût saignée aux quatre veines.

    Combien de nouveaux immeubles demeurent des décennies sans que leurs dépendances ne soient mises en valeur par l’installation d’espaces verts ou par un simple coup de râteau pour les dégager de leurs encombrants et inesthétiques sachets ? Combien de fois des services de l’administration plantent des arbres d’alignement à l’occasion de la Journée mondiale de l’arbre et que le lendemain nulle trace du végétal ne subsiste ?

    On peut multiplier les exemples à volonté et tenir des chroniques quotidiennes dans les journaux sur nos manquements aux règles générales du cadre de vie, sur nos défaillances en tant que corps social et sur nos erreurs d’appréciation lorsqu’on “colle” toutes nos tares à une supposée mauvaise gouvernance. Celle-ci pourtant existe. Nous en souffrons. La bureaucratie, le clientélisme, le copinage, l’iniquité, consument nos énergies et ameutent notre adrénaline. Mais, rien ne doit justifier notre apathie qui, au rythme de nos démissions, risque de nous déchoir de notre citoyenneté, non pas au sens juridique, mais au sens moral et politique.

    Par Amar Naït Messaoud, La Dépêche de Kabylie

  • #2
    Moha

    ++100

    Très bien, enfin quelqu'un qui en parle, je ne comprend pas comment le peuple le plus actif du monde à travers sa production d'intellectuels et de courageux durant la libération, est devenu le peuple le plus passif du monde, en ne réagissant même pas aux viols de sa constitution, et en laissant faire les dictateurs.

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