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Logement : le tour de passe-passe du gouvernement sur les chiffres

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    Logement : le tour de passe-passe du gouvernement sur les chiffres



    Après le taux de chômage, les chiffres du gouvernement sur le logement sont-ils conformes à la réalité ? Officiellement, 827.565 logements «tous types confondus » ont été réalisés entre 2004 et 2008. Un chiffre avancé le 10 janvier dernier par le ministre de l'Habitat Noredine Mouassa et confirmé à quelques milliers de logements près par Ahmed Ouyahia, dimanche 1er mars, sur l'ENTV. Mais, dans les faits, la crise du logement continue de sévir dans le pays. Dimanche M. Ouyahia avait tenté d'expliquer cette situation par l'anarchie qui règne dans la distribution des nouveaux logements.

    En réalité, ce chiffre est bien réel mais c'est la période de réalisation de ces logements qui n'est pas bonne. Selon une source proche du gouvernement, les statistiques avancées par le ministre de l'Habitat portent en réalité sur les réalisations effectuées depuis 1999. Entre 2004 et 2008, les réalisations réelles se situeraient autour de 450 000 logements, selon
    la même source. On est donc loin de du million de logements promis pour le deuxième quinquennat du président Bouteflika.

    Les raisons de ces retards sont multiples. « Techniquement, il est impossible de réaliser un million de logements en cinq ans. En Algérie, ce sont les DUCH qui sont chargées de contrôler les réalisations de logements. Or, ces organismes n'ont jamais été renforcés ces dernières années pour accompagner le programme du million de logement du président.», explique notre source. « Logiquement, aucun logement ne doit être réceptionné s'il n'a pas été au préalable contrôlé par les experts de la DUCH de la wilaya ».

    Par ailleurs, la majorité des programmes de logements réalisés ces dernières années ne répondent pas aux normes. Souvent, les cités réalisées ne sont pas totalement achevées : voies d'accès inexistantes, absence d'infrastructures et équipements de bases... «C'est quoi un logement ? Ce n'est pas seulement des murs, des chambres et une salle de bains. Construire un logement suppose que tout le reste doit suivre. Des espaces verts dans la cité, une pharmacie, des boutiques, un médecin...C'est loin d'être le cas dans la majorité des programmes achevés », souligne un spécialiste en urbanisme.

    A Alger et à Oran, de nombreuses cités nouvellement construites ont été livrées, sans voiries, ni gaz de ville, ni téléphone, ni bureau de poste, ni eau courante dans les robinets. Les exemples sont nombreux. Cinq ans après l'installation des premiers habitants, la cité de 4.000 logements d'Akid Lotfi à Oran manque toujours de structures d'accompagnement comme le bureau de poste, l'école primaire, la police, les pompiers, etc. L'éclairage public n'existe pas et la voirie n'est pas toujours goudronnée dans sa majorité. Le ramassage des ordures se fait d'une façon aléatoire, favorisant la prolifération des rats et moustiques, toute l'année. Les habitants sont livrés à eux mêmes et sont obligés de barricader portes et fenêtres pour assurer leur sécurité.

    Autre exemple : à Alger, la nouvelle cité Cosider de Bordj El Bahri, habité essentiellement par des cadres, est complètement isolée en matière de route. Pour y accéder, les habitants sont obligés d'emprunter des pistes boueuses en hiver et poussiéreuses en été. Dans les petites villes, la situation est encore plus dramatique. Et l'expression « anarchie » utilisée par le Premier ministre prend tout son sens.

    TSA
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