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Les Berbero-Nationalistes.

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  • Les Berbero-Nationalistes.

    L’expression « berbéro-nationalistes » a été employée la première fois en 1982(M .Benbrahim, 1982) pour designer l’important groupe de militants kabyles qui a adhéré au PPA dans la décennie quarante. Jeunes –d’une moyenne d’âge de 20 ans-,volontaires,anti-colonialistes et conscients de la déstabilisation du système colonial par la Deuxième Guerre Mondiale, ces militants patriotes (le mot revient avec insistance et non sans fierté dans tous les témoignages) activaient a Alger,en Kabylie et en France. Ils ont investi deux mouvements, les Amis du manifeste et de la Liberté (AML) et les Scouts musulmans algériens (SMA) du PPA, dans la perspective d’une mobilisation de masse pour la libération nationale. Ceux d’entre eux qui habitaient en Kabylie (Ait Ahmed, A.Laiméche) étaient chargés par le parti de mettre en place des cellules de militants dans les villages (sources : Kaddache1980 et Ait-Ahmed1983).
    Quelle terminologie retenir pour qualifier ces jeunes militants kabyles qui entrent avec fougue dans l’action politique et inscrivent sans ambigüité la Berbérité de L’Algérie, de l’Afrique du Nord, dans les champs nationalistes ?
    -Des « Berbéristes », disaient leurs détracteurs, la direction du PPA-MTLD, l’ensemble de ses acolytes et les réformateurs islamistes. Présentés comme « produits du colonialisme »,sécessionnistes au sein du parti(on leur reprocha notamment d’avoir voulu créer un Parti du peuple Kabyle(PPK) au sein du PPA.,partisans de l’assimilation a la France(reprenant ainsi le discours des oulémas des années trente contre les Berbérisants,instituteurs laïcs et militants communiste Kabyles),ou encore matérialistes et marxistes(de cette date que date l’étiquette infamante de berbéro-matérialistes),les berbéristes durent affronter l’ostracisme des islamo-arabistes.
    Ceux d’entre eux qui ont, depuis les années 1980, accepté de témoigner (la plupart aprés « le printemps berbère » de 1980) préfèrent qualifier leur mouvement de culturel. Le terme berbérisme est soit employé avec des guillemets, soit totalement récusé dans sa dimension politique :
    « Au départ, le mouvement n’était pas politique ,dans le sens ou il aurait cherché a biaiser la voie nationaliste dans sa revendication pour l’independance.cependant,en passant a la pratique, il es apparu que le travail que nous faisions dans un but utilitaire, pour l’enrichissement de la langue berbére,a eu des répercussions politiques, dans la mesure ou les dirigeants nationalistes refusaient d’assumer la question culturelle dans sa diversité »(témoignage de M.I.Ait Amrane,1981).
    Quelque années plu tard Mabrouk Belhocine, dans une introduction a la réédition de la brochure L’Algérie libre vivra (publiée en 1949 dans la clandestinité par trois étudiants Kabyles de sensibilité berbériste : Belhocine, Hadjeres et Hennine.Elle s’adressait a la fois a la direction du PPA-MTLD et aux autorités coloniales.)Précise :
    « Le problème qui s’est posé en 1949 et se posera en 1980 est un problème culturel, celui de la reconnaissance de la culture berbère comme une des composantes de la culture nationale. Arabité et Berbérité (non berbérisme) sont les deux pages de la même feuille algérienne….. »
    Les différentes sources exploitées a ce jour ,les chants et poèmes berbères composés dans la décennie quarante, le pseudonyme « idir.-el-watani »(juxtaposition volontaire d’un prénom berbère et adjectif arabe),et quelques témoignages, révèlent le double engagement de ces militants kabyles dits « berbéristes ».ils ont conjugué leur attachement pour la berberité,qu’ils réussissent a introduire dans le débats politique, et leur combat dans la voie nationaliste tracée par le PPA.l »appellation berbéro-nationaliste associe et exprime les deux engagements.
    Parmi les berbero-nationalistes, on peut nettement distinguer trois tendances :
    1-Le courant représenté par le groupe des lycéens de Ben Aknoun, qui œuvre pour la mobilisation patriotiques des masses, tout en contribuant à l’enrichissement de la langue berbère (par le recours aux néologismes).ils exaltent les héros de la résistance berbère a travers l’histoire pour raviver la conscience identitaire.
    2-Le courants des étudiants d’obédience Marxiste, qui lutte pour la démocratie au sein du PPA-MTLD et pour une construction nationale intégrant toutes les diversités : « la Nation ne suppose obligatoirement ni communauté de race ni de religion, ni de langue »précisent les rédacteurs de L’Algérie libre vivra en 1949.ce courant se définit avant tout comme Algerianiste.
    3-Un courant politique très actif, représenté entre autre par O. Bennai, qui se réfère explicitement a la kabylie, dont il fait le bastion de la résistance armée avec l’organisation des premiers maquis des 1945.Les partisans de ce courant auraient été a l’origine de la création en 1948 du parti du peuple kabyle(PPk) et auraient soutenu l’organisation du mouvement populaire berbère avec les militants kabyles de la fédération de France du PPA, autour de Mohand(Rachid) Ali-Yahia.
    Excédée par la politique Arabiste, volontairement provocatrice et polémique (par exemple le choix du titre EL-Maghreb El-Arabi =le Maghreb arabe, pour le journal proche du MTLD crée en 1947. Dirigée par un islamiste, le journal devient l’un des porte-parole de ligue arabo-islamiste du parti et s’engage dans une violente offensive anti-berberiste.Cette orientation est nettement confirmée par le texte diffusé au sein du parti sous le titre Mémorandum a l’ONU),de la direction du MTLD ,cette tendance rejette publiquement la thèse de « l’Algérie arabe » pour lui opposer celle d’une « Algérie algérienne ».En adoptant cette position, ces militants ,tentent d’arracher a la direction du parti le monopole de la définition des fondements du future Etat algérien. Comme le suggère l’analyse d’Omar Carlier(1986) :
    « Le berbérisme n’est pas une simple maladie infantile du nationalisme, mais l’expression datée d’un problème récurrent qui trouve a s’expliciter politiquement et pour la première fois quand et seulement quand la PPA commence à exercer son hégémonie sur le mouvement nationale … »
    La fédération de France du Parti très majoritairement kabyle, fut l’objet d’une âpre lutte entre la direction centrale et les berbéro-nationalistes les plus politisés. Ces derniers avaient pratiquement réussi a en prendre le contrôle puisque a la fin 1948,le Comité fédéral adopte a Paris les thèses du courant « berbériste » par 28 voix sur 32 (Ait Ahmed 1983).A partir de 1949, la direction du PPA-MTLD va mobiliser ses forces pour rétablir sa mainmise sur la fédération de France et exclure du parti les berbero-nationalistes,dont la plupart sont alors en prison .Dans cette opération de reprise en main, la direction va pouvoir s’appuyer sur un certain nombre de militants kabyles (Krim Belkacem,Ouamrane,Radjef…)issus pour la plupart de la base paysanne(« plébéienne » selon l’excellente formule de M.Harbi) du nationalisme algérien qui, mus par un anti-intellectualisme visceral,vont s’opposer de manière violente et expéditive aux « berbéristes »,généralement instruits et de formation française. La « normalisation » sera poursuivie pendant plusieurs années (au moins jusqu’en 1955/56) et sera relayées par les intellectuels proches de la ligne officielle du parti (LAcheraf, Sahli, Ouzzegane…) qui parachèverons la stigmatisation du berbérisme en opérant l’amalgame de tous les courants et sensibilités berbères y compris les culturalistes stricto sensu (Mammeri, Amrouche …) dénoncés comme antinationalistes et alliés ou « amis de la France »
    Au moment ou s’engage cette opération de liquidation du « berbérisme » sur le terrain politique, certains militants optent à nouveau pour l’action culturelle. C’est dans ce contexte que nait à Paris en 1954 une « Association pour le développement de la langue Berbère » qui publiera en 1954 et 1955 plusieurs numéros d’un bulletin Tiwizi i Tmazight. (Entraide pour la langue berbère).
    Parmi les trois courants berbéro-nationaliste identifiés, le dernier est le seul dont les acteurs refusent encore de livrer leurs témoignages.
    .M.BENBRAHIM dans le DBK..Hommes et Femmes de Kabylie
    Dernière modification par hiemsal, 03 mars 2009, 19h48. Motif: erreur de frappe
    ...et maintenant?
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