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La dépression politique

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  • La dépression politique

    La dépression politique
    par Yazid Haddar
    Parmi les symptômes dont souffre une personne dépressive, on trouve le phénomène de rumination, c'est-à-dire le fait de ressasser les mêmes idées négatives et de tenir les mêmes discours.

    C'est la reproduction perpétuelle des mêmes schémas cognitifs distorsionnés, autrement dit des mêmes mécanismes de pensée et des mêmes traitements de l'information. En faisant la comparaison avec le statu quo de la politique, j'ai l'impression que, depuis l'indépendance, les politiques en Algérie vivent et reproduisent les mêmes schémas de pensées.

    Après avoir connu une courte période de liberté d'expression qui a duré de 1988 à 1992, l'opposition est jusqu'à ce jour constamment dans la méfiance et l'infertilité d'un projet politique, social, économique et culturel. Ce fait pourrait d'ailleurs donner un nouvel élan aux jeunes. L'opposition actuelle ne propose pas d'alternative fiable et probante. A force de croire inutile de faire quelque chose, on ne fait rien. Cette croyance contribue au renforcement de l'immobilisme. Comme il arrive bien souvent que rien (ou presque rien) ne se produise dans ces conditions, on est conforté dans sa conviction et on se voit acculé à estimer inutile d'entreprendre quoi que ce soit. Au lieu de se focaliser sur le système politique gouvernant contre lequel elle se trouve démunie, pourquoi l'opposition ne recentre-t-elle pas son énergie pour résoudre les difficultés quotidiennes que vit le peuple ?

    Certes, l'opposition se heurte à la mainmise du gouvernement sur les pouvoirs exécutif et judiciaire et sur les médias lourds, en l'occurrence sur la télévision algérienne qui bannit toute opinion contradictoire. Dans la constitution algérienne, aucune règle ne définit l'exercice du droit à la parole dans les médias, contrairement dans les grandes démocraties où le droit de libre expression a cours1. L'ENTV est restée sous le joug gouvernemental alors qu'elle devrait être une entreprise autonome tout comme devrait l'être le système juridique. Pourtant, l'opposition a à sa portée un moyen de communication bien plus porteur: Internet via les blogs, les journaux indépendants, les télévisions, etc.

    Aujourd'hui, l'opposition appelle au boycott des prochaines élections présidentielles. Je suis convaincu que le taux d'abstention ne sera pas élevé. En effet, à bien écouter les déclarations des responsables du gouvernement, vous vous rendez compte comme moi que leur seule et unique préoccupation du moment, c'est le boycott. Il n'y a qu'à se remémorer les conditions des précédentes élections pour imaginer d'ores et déjà à quoi ressembleront celles du 9 avril. Pensez-vous que ce boycott puisse réellement changer quelque chose ? L'exemple de l'Egypte est édifiant.

    Pour s'ouvrir sur la société et assurer une continuité, l'opposition doit réfléchir à la mise en place à long terme d'un système parallèle qui formera les nouvelles générations et les nouveaux syndicalistes et qui encadrera les mouvements associatifs. L'opposition doit aussi réfléchir au moyen de s'unir ; pour être force de proposition, elle devrait créer une plate-forme commune entre les différents partis politiques d'opposition et proposer des actions pacifiques vers un changement. Il faudrait changer les institutions mais surtout inculquer une culture de revendication avec des propositions pragmatiques et responsables tout en préservant la stabilité des institutions, ceci dans l'intérêt de la nation et des générations futures.

    Ceux qui nous gouvernent sont souvent animés par un esprit « je connais tout », sans se remettre en question ou céder la place à une autre génération. Un pouvoir sans partage ! « L'Algérie chemine péniblement selon la conjecture, voire selon les humeurs », déclarait Pr Mohand Issad2. De 1962 à 2008, l'ensemble des constitutions algériennes ont été rédigées dans l'urgence et sans consultation préalable de tous les courants politiques existants. Depuis l'Indépendance, le pouvoir algérien reproduit les mêmes schémas de gestion dans tous les domaines. « L'avancée à reculons, une spécialité bien algérienne », dit Mohand Issad. Ces politiques qui se sont succédé à la tête de l'Etat n'ont pas réussi à stabiliser ses institutions. A chaque gouvernement, des sommes faramineuses sont injectées dans le but de donner un nouvel élan, mais le peuple ne voit jamais rien venir ! Car l'ensemble des politiques n'accordent pas d'importance à la continuité du système et à sa stabilité (peut-être n'y croient-ils pas). Mais ils ont surtout négligé le facteur humain: la formation et son renouvellement générationnel3.

    Selon le Dr Ahmed Rouadjia, « la plupart (...) qui se succèdent à la tête des gouvernements depuis l'indépendance, plus sur le mode de cooptation ou de désignation que sur la base des suffrages populaires, ne possèdent pas la culture politique et juridique qui les prédispose à la rigueur et au sens éthique de l'Etat. Cooptés, ils n'ont pas à rendre compte de leurs actes au peuple, et encore moins à se soucier de la justice et du droit, qui demeurent le cadet de leurs soucis. Leur souci essentiel, c'est d'abord comment se servir eux-mêmes tout en servant leur famille restreinte et élargie, leur tribu, et leur clientèle bigarrée. La volonté politique, si volonté il y a, de changement dans l'ordre juridique (ceci est valable dans tous secteurs confondus) se heurte donc à ces obstacles constitutifs de la culture, des schèmes de pensée et d'agir pré-moderne, de la tradition politique nationale, de la conception jacobine, autoritaire, de l'exercice du pouvoir au détriment de l'autorité fondée sur le droit, le respect de l'Etat et des règles de droit civilisées4». Il est important de souligner que notre gouvernement n'admet pas l'idée d'une société civile organisée fonctionnant sans son contrôle (le cas des syndicats autonomes est édifiant). Le désir de l'Etat de tout contrôler est digne d'un système politique autoritaire, et nous connaissons la finalité de cette pensée. Il ne peut y avoir de stabilité politique si l'opposition ne participe pas à son équilibre. Le gouvernement doit laisser l'opposition s'exprimer. Car seule une opposition forte de son organisation, sa discipline et sa rigueur peut donner une légitimité au pouvoir en place. Ce qui permettra de sortir de cette spirale infernale.



    1- Cf. La France, débat autour de la suppression de la publicité après 20h sur les chaînes TV publiques.
    2- Cf. El-Watan du 23/02/09.
    3- Cf. Dossier paru dans le quotidien Elkhabar du 28/02/09 dont une remarquable réflexion du sociologue Naser Djabi.
    4-Cf. Dr Ahmed Rouadjia, El-Watan du 21/02/09.

  • #2
    Tchekhtchoukha

    Tchekhtchoukha
    par Ahmed Saïfi Benziane
    «Nous ne savons pas si nous, nous sommes un Etat socialiste ou capitaliste»,lance le candidat Président du haut d'une tribune à Biskra.

    Nous ne savons pas quant à nous s'il était en «visite d'inspection et de travail» ou en campagne électorale distributive d'avantages fiscaux et d'effacement des crédits aux agriculteurs et enfin, aux éleveurs battant des mains en signe de validation d'un programme aux points liés à la crise mondiale. Beaucoup de choses que nous ne savons pas et qui laissent un arrière-goût d'incertitudes sur le devenir de cet Etat qui n'est ni, ni, depuis déjà longtemps. Gardons l'espoir qu'après cette campagne pour les présidentielles il restera dans les caisses de l'Etat ni, ni, quelques dollars pour continuer à acheter les céréales et les médicaments. Juste pour assurer un couscous au lait et quelques comprimés d'aspirine pour les maux de tête à venir. Le frère Président semble parti pour ne laisser aucun mécontent et déjà les rumeurs les plus folles circulent sur l'effacement de toutes les dettes, du logement LSP au crédit véhicule en passant par la fiscalité et les articles électroménagers. On efface tout et on recommence comme si l'indépendance venait à peine d'être déclarée. Comme si la terre Algérie n'était qu'un gros suçon impudique juste bon à extraire du pétrole et montrer son amour à tout le monde, au moment où tout le monde attend la fin du pétrole les yeux rivés sur un départ dans l'au-delà. Un cadeau de 41 milliards de dinars aux agriculteurs et éleveurs à Tébéssa, un autre cadeau de 32 milliards de dinars de salaires à des entreprises déficitaires à Oran et la tournée générale n'est pas finie. Que demande le peuple ? Ne pas travailler et encaisser. C'est drôle mais à la veille du référendum pour l'indépendance déjà, circulait une rumeur selon laquelle une fois indépendant chaque Algérien devait recevoir l'équivalent de 2.500 francs de l'époque en restant chez lui. Ceux qui étaient en Algérie à l'époque s'en souviennent. Les autres sont arrivés après le référendum. Il connaissaient l'astuce et ont emprunté un autre chemin plus sûr. Ils savaient que le propre des chiffres était de cacher la vérité. Les vérités. La différence avec l'époque c'est que nous savions que seule la voie socialiste pouvait nous sortir d'affaire. Il y avait une petite poignée de millionnaires que l'on pouvait compter avec ses seuls doigts et les caisses de l'Etat étaient vides. Même si l'Etat socialiste voulait abusivement faire fondre la graisse de certains possédants dans les bains maures, il n'aurait pu dans le meilleur des cas récolter que quelque fatigue inutile. La graisse est venue après, bien après que des puits de pétrole, l'argent empruntait le chemin des poches ou des comptes à l'étranger. On appelait cela la phase de transition vers le socialisme qui s'est appuyée sur des programmes d'investissement, sur les nationalisations des hydrocarbures, sur la corruption naissante, le tout soutenu par un autoritarisme sans autre but que celui de brouiller les pistes. L'Etat a beaucoup investit dans une industrie d'importation, a beaucoup formé dans les universités étrangères aussi bien socialistes que capitalistes et a beaucoup parlé d'horizons sans quitter le bout du nez. Le nez à l'époque se trouvait dans la bouche occupée à manger et a fini par le mâcher. Se poser aujourd'hui la question de savoir si nous sommes socialistes ou capitalistes revient à redéfinir l'indépendance et ses textes fondateurs, à redéfinir l'Etat ni, ni, et applaudir pour avoir réussi le miracle de la troisième voie en pleine crise financière mondiale. Le socialisme n'étant pas un pantalon pour dix, mais dix pantalons pour un, la voie socialiste n'a eu pour effet à terme que de faire remplacer les pantalons par des kamis, par déviation de la transition. Le capitalisme qui lui a emboîté le pas a conforté le kamis importé au détriment des habits traditionnels, le couscous par le saumon fumé, les oranges de la Mitidja et les figues de barbarie par des fruits exotiques aux saveurs érotiques. Le kohol par des produits aux couleurs de paradis. Mais le capitalisme c'est surtout la valeur travail, la plus value, le profit et une stratification claire qui déterminent les classes sociales selon la détention des moyens de production tel qu'il ressort de l'analyse socialiste du capitalisme. C'est l'émergence d'une bourgeoisie selon un processus historique qui part de l'accumulation du capital et de la terre source de féodalisme. Ce sont les valeurs véhiculées par la féodalité qui se transforment en valeurs bourgeoises. La bourgeoisie n'ayant rien à avoir avec l'enrichissement que nous avons connu pendant et après la transition, et qui puise ses origines dans la corruption et la solidarité tribalo administrative, nous n'en avons retenu que les aspects visibles sans retenir les rituels. Un bourgeois n'achète pas un lot de livres pour décorer une bibliothèque où se mêlent ouvrages vaisselle et bibelots avec des plantes en plastique, mais démarre une collection qu'il transmet à ses enfants qui la transmettent en l'enrichissant aux leurs pendant des générations. Un bourgeois ne fréquente pas les cabarets pour prouver sa virilité mais crée un club privé où se discutent les grands axes de la politique économique et financière. Le socialisme quant à lui est une doctrine qui s'appuie sur des lois qui n'ont rien à avoir avec la démagogie, le paternalisme ou l'infantilisme politique. C'est une mode de création et de répartition de la richesse nationale sans autres cadeaux que ceux qui sont mérités par le travail. Si le frère Président candidat se pose la question à Biskra c'est qu'il a du se rendre compte de la tchekhtchoukha.

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    • #3
      Le désir de l'Etat de tout contrôler est digne d'un système politique autoritaire, et nous connaissons la finalité de cette pensée. Il ne peut y avoir de stabilité politique si l'opposition ne participe pas à son équilibre. Le gouvernement doit laisser l'opposition s'exprimer. Car seule une opposition forte de son organisation, sa discipline et sa rigueur peut donner une légitimité au pouvoir en place. Ce qui permettra de sortir de cette spirale infernale.
      Il faut admettre que le pouvoir s’exerce plutôt qu’il ne se possède, il n’est pas un privilège acquis ou conservé mais un effet d’ensemble de ses positions stratégiques. Le pouvoir n’est pas une obligation ou interdiction a ceux qui ne l’ont pas (l’opposition entre autre), ils les investit, passe par eux et à travers eux, il prend appui sur eux, tout comme eux même. Dans leur lutte contre lui, prennent appui à leur tour sur les prises qu’il exerce sur eux.(michel foucault)

      L’opposition en algerie est un produit du pouvoir depuis 1962. on a pouvoir-opposition qu’on mérite.
      There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.

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      • #4
        salut Carlos et Born

        Bon l'enquiquineuse de service est de retour

        L’opposition en algerie est un produit du pouvoir depuis 1962. on a pouvoir-opposition qu’on mérite.
        Je ne suis pas du tout d'accord mais je suis dans un état de déliquescence avancé . Je reviendrai argumenter dès que je peux
        « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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        • #5
          Carlos t'es depressif à force d'aimer ton pays?

          et si tu nous écrivais qlq chose?

          FA est un divan
          « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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          • #6
            Moha

            ...............................
            Je suis très optimiste quant à l'avenir du pessimisme
            Chacun est innocent jusqu'à preuve du contraire

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