Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Cuba : le ballet économique au-delà de l’embargo

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Cuba : le ballet économique au-delà de l’embargo

    Pendant sa tournée, le président cubain a été chaleureusement reçu par ses homologues russe Dimitri Medvedev, angolais José Eduardo dos Santos et algérien Abdelaziz Bouteflika, avec lesquels il a signé des accords de coopération, notamment dans le domaine de la santé et de l'énergie.

    Correspondance particulière de Noureddine Ramzi

    Profond remaniement ministériel à Cuba ce début de semaine. C’est d’abord le chef de la diplomatie Felipe Pérez Roque et le chef de cabinet Carlos Lage qui viennent de faire les frais des changements orientés vers l’ouverture, surtout depuis l’arrivée au pouvoir de Raul Castro.La restructuration était promise dès sa succession à son frère Fidel il y a un an. Pour contrer les effets de l’embargo US qui date depuis 1962, Cuba élargit de plus en plus ses horizons à tous les pays amis épris de paix et de justice dont l’Algérie, en attendant la grande ouverture et la baraka de l’Amérique d’Obama. C’est tout un ballet diplomatique auquel s’adonne le président cubain Raul Castro qui a regagné La Havane après une vaste tournée à l'étranger, la première hors d'Amérique latine, qui aura marqué sa volonté non seulement d'incarner un nouvel élan diplomatique de son pays, mais aussi et surtout, le développement économique avec tout ce que cela suppose comme nouveaux accords avec les anciens ou nouveaux pays amis. Qualifié de «couronné de succès», ce périple de près de deux semaines lui a permis une remise à neuf des alliances ancestrales avec particulièrement la Russie, l'Angola et l'Algérie. Au début du mois de février, l’aéroport José Marti est très coloré. Beaucoup de drapeaux cubains. Et d’autres drapeaux encore des pays dont certains hauts responsables de gouvernements ont effectué des visites dans l’Île de la Liberté. Une ambiance peu coutumière surtout pour marquer le retour plein d’espoirs de Raul Castro après ces différentes étapes intercontinentales pour consolider, raffermir et ou tisser de nouveaux liens avec de nouveaux pays amis. Raul Castro recevait son homologue chilienne, Michelle Bachelet, quatrième dirigeant à lui rendre visite cette année, après ceux du Panama, d'Equateur et d'Argentine. Raul Castro donne l’impression de parcourir le monde depuis quelques mois pour relancer l’économie cubaine, jusqu’à présent à l’abri de la tumultueuse crise mondiale. Il avait effectué, en décembre, son premier déplacement officiel au Venezuela, puis au Brésil, à l'occasion d'un sommet régional qui lui avait apporté un soutien appuyé, réclamant aux États-Unis de lever leur embargo commercial imposé depuis 1962 contre l'île. Et c’est là le grand nœud de l’Histoire entre les USA et Cuba, deux pays qui, sans le moindre face-à-face pour régler la question de l’embargo, se font néanmoins les yeux doux. Signe d’un rapprochement lointain?

    Rapprochement avec la Russie

    Tout le laisse présager à long terme. Même si Cuba ne souffre pas, outre mesure, de la crise économique qui secoue surtout les pays ayant atteint le sommet du capitalisme. Cuba, au vu de la vie quotidienne de ces citoyens, semble vivre sa vie, la vie que lui impose l’embargo US depuis presque un demi-siècle. La vie continue son petit bout de chemin, loin du séisme qui ébranle l’Amérique, particulièrement en ce qui concerne les pertes d’emplois qui ne cessent de s’amplifier mais dont le remède semble avoir été trouvé et fait approuver par le nouveau président élu, Barack Obama. Ce que Raul Castro semble vouloir imprimer de nouveau c’est son propre style, accélérant le rapprochement avec la Russie, où il a séjourné huit jours. Raul Castro, dont le voyage était le premier déplacement au Kremlin d'un numéro un cubain en plus de vingt ans, avait salué «un moment historique». Moscou, qui a récemment renforcé la collaboration militaire avec La Havane sur fond de tensions autour du déploiement prévu de missiles américains en Europe centrale, lui a confirmé l'octroi d'un nouveau prêt, trois ans après avoir gelé sa dette de 20 milliards de dollars, contractée du temps de l'Union soviétique. Pendant sa tournée, le président cubain a été chaleureusement reçu par ses homologues russe Dimitri Medvedev, angolais José Eduardo dos Santos et algérien Abdelaziz Bouteflika, avec lesquels il a signé des accords de coopération, notamment dans le domaine de la santé et de l'énergie. L'Angola, a félicité Cuba pour ses «résultats extraordinaires» et l'Algérie a affiché ses convergences de vue entre pays membres du mouvement des Non-alignés. Avec l'Angola et l'Algérie, le président cubain a ainsi resserré les liens avec des puissances pétrolières, ce qui pourrait lui permettre de ne plus dépendre exclusivement des barils du Venezuela, son plus proche allié contre l'«impérialisme» américain, personnifié par Hugo Chavez qui vient de remporter une écrasante victoire avec l’adoption des amendements à la Constitution à propos des «mandats à l’infini» dans les instances élues dans ce Koweït de l’Amérique latine. Chavez se voit déjà attribué le titre de chef de file de la gauche radicale en Amérique latine et bête noire des Etats-Unis. Au terme d'une réunion intergouvernementale qui s'était ouverte la veille, les représentants des deux pays ont signé un protocole d'entente sur la création d'une «holding» ayant pour mission de «développer des entreprises mixtes pour le raffinage de pétrole et de gaz naturel liquide à Cuba et de contribuer à l'expansion des raffineries cubaines de Cienfuegos et Hermanos Diaz». Les deux pays comptent développer, cette année, un total de 173 projets bilatéraux d'une valeur de 2 milliards de dollars, contre 1,5 milliard USD en 2008, selon des chiffres officiels vénézuéliens. Caracas est devenu le premier partenaire économique de La Havane. Principal exportateur latino-américain de pétrole, le Venezuela fournit quotidiennement à prix préférentiels à Cuba quelque 100.000 barils de brut.

    L’alliance Caracas-La Havane

    Caracas et La Havane, en très mauvais termes avec Washington se sont rapprochés ces derniers temps de la Russie, dont les relations sont tendues avec Washington en raison notamment de son projet de bouclier antimissile en Europe de l'Est. Caracas et La Havane ont, par ailleurs, lancé, en 2005, l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba) dont font partie également la Bolivie, le Nicaragua et le Honduras et qui se veut une alternative à la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) promue par les Etats-Unis. Cuba prévoit atteindre, cette année, le nombre «record» pour l'île de plus de 2,3 millions de touristes, malgré les destructions causées par trois ouragans et la crise financière mondiale. Le nombre de touristes dans l'île est en hausse de 10,7% par rapport à la même période de 2007. L'aéroport José Marti de La Havane vient d’ailleurs d’accueillir, il y a moins quelques jours, le deux millionième touriste qui n’est autre qu’un grand entrepreneur canadien arrivé de Toronto sur un vol d'Air Canada. Dans l'ensemble, les infrastructures hôtelières ont bien résisté aux ouragans Gustav, Ike et Paloma qui ont causé, en trois mois, pour près de 10 milliards de dollars en dégâts. Malgré cela, l’on s’attend à une «autre bonne saison touristique» même si la crise financière mondiale s'aggravait encore. L'industrie du tourisme est l'un des secteurs les plus importants de l'économie cubaine, rapportant chaque année plus de 2 milliards de dollars. Depuis cinq ans, les plages de sable de Cayo Largo, Cayo Coco ou encore les autres attirent plus de 2 millions de visiteurs, essentiellement canadiens et européens.

    Le Financier
Chargement...
X