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L'économie américaine nage en plein incertitudes

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  • L'économie américaine nage en plein incertitudes

    C'est devenu le débat du jour aux Etats-Unis : le pays s'enfonce-t-il dans une dépression ? On a senti monter les premiers termes de ce débat dès l'annonce du budget proposé par Barack Obama, jeudi 26 février, tant les prévisions sur lesquelles il se fonde (un retour à une croissance soutenue dès 2010) sont apparues trop optimistes à nombre d'économistes. Il s'est renforcé avec l'annonce, le lendemain, d'une croissance négative de 6,2 % au dernier trimestre 2008. Avec la publication, mercredi 4 mars, du rapport de conjoncture de la Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine), ce débat s'est imposé comme une évidence.

    La Fed brosse un état des lieux catastrophique pour les deux premiers mois de l'année : une baisse des investissements et de l'activité (considérable dans certains secteurs : les ventes de véhicules ont plongé de 41 % en février), une poussée vertigineuse du chômage, un secteur bâtiment-immobilier de plus en plus atone et un "niveau de crédit disponible" qui, malgré les efforts des pouvoirs publics, ne se desserre pas.
    Organisme très politique, la Fed conclut cependant qu'une "reprise importante" pourrait intervenir "fin 2009 ou début 2010", conformément au pronostic de l'équipe Obama. Cette perspective apparaît à beaucoup comme un voeu pieu.

    Un recul de la croissance limité à - 1,2 % pour 2009 semble très optimiste (Goldman Sachs pronostique une chute de 7 % au premier trimestre) et une croissance de 3,2 % dès 2010 encore plus. Beaucoup évoquent désormais une poursuite de la récession l'an prochain, malgré le plan de relance, que la plupart jugent nécessaire pour éviter une dégradation plus ample. D'où le surgissement du terme "dépression". Conseiller de M. Obama et ancien président de la Fed, Paul Volcker l'avait évoqué dès le 20 février.
    En mai 1930, sept mois après le "jeudi noir" de Wall Street, le président américain, Herbert Hoover, annonçait : "Le pire est passé, nous allons rapidement sortir de la crise." Deux ans plus tard, 770 banques avaient fait faillite et le chômage touchait le quart des Américains. Ce souvenir hante les Etats-Unis. Mais certains économistes y voient un traumatisme qui masque la réalité. Le mot peut aussi s'écrire sans "D" majuscule. Contrairement à la récession, il n'y a pas de définition "théorique" admise de la dépression. Pour certains, elle exige trois ans de chute du PIB dépassant 10 % et de chômage supérieur à 10 %. Pour d'autres, elle n'est, au fond, qu'une récession longue. Pour tous, elle ne se constate qu'avec le recul du temps.

    Le scénario sur lequel mise la Maison Blanche est dit en "V" : une chute brutale début 2009 et une reprise à la charnière 2009-2010. Explication de Christina Romer, la conseillère économique de M. Obama : l'Histoire montre que les fortes chutes sont le plus souvent suivies de reprises vigoureuses. Elle a peu convaincu.

    Les économistes envisagent trois autres schémas. Le premier, en "U", est le plus souvent évoqué. Il est résumé ainsi par Sung Won Sohn, professeur à l'université publique de Californie : "La récession sera plus longue et la reprise plus anémique que prévue." Un deuxième, en "W", pronostique une courbe zigzaguant sur un temps long. Il ne faudra pas se précipiter pour déclarer la fin de la crise au premier signe d'éclaircie, estime Stephen Roach, patron de Morgan Stanley en Asie. Il y aura des reprises momentanées et de nouveaux reculs. Le troisième scénario, en "L", est exposé par Nouriel Roubini : après une récession longue, il n'y a pas de véritable retour à la croissance, mais une stagnation durable. L'économiste new-yorkais (qui privilégie le scénario en "U") estime sa probabilité à une sur trois.

    Pour le Prix Nobel d'économie 2001, Michael Spence, professeur à Stanford (Californie), la spirale dépressive est en place. Vu l'interconnexion des grandes économies internationales, pays émergents inclus, tout dépendra, selon lui, de la capacité de leurs gouvernants à "intervenir de manière coordonnée sur l'économie réelle et le secteur financier". S'ils y parviennent, il entrevoit la lumière "courant 2010. Sinon, cela sera pire".
    Si elle dure jusqu'au bout de cette année, la récession actuelle sera déjà la plus longue depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Au-delà, elle entrerait dans sa troisième année, cruciale pour le diagnostic de dépression. Mardi, devant le Congrès, Ben Bernanke, le président de la Fed, déclarait : "Nous ne sommes pas dans le noir complet, nous savons en gros ce que nous devons faire." Mais la veille, il avait indiqué que toutes les prévisions actuelles étaient sujettes à "une incertitude considérable". Il n'est pas sûr que la franchise de ses propos contribue à soutenir une confiance de l'opinion américaine dans l'économie dont un sondage, paru mercredi, confirme qu'après avoir atteint son plus bas historique, elle continue de se dégrader.

    Sylvain Cypel (Le Monde)

  • #2
    En mai 1930, sept mois après le "jeudi noir" de Wall Street, le président américain, Herbert Hoover, annonçait : "Le pire est passé, nous allons rapidement sortir de la crise." Deux ans plus tard, 770 banques avaient fait faillite et le chômage touchait le quart des Américains.
    Cette crise sera plus longue et plus dure que celle de 1930, ils n'auront pas une guerre mondiale pour se refaire sur le dos des peuples.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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