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La domestication du cheval, noble conquête kazakhe

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  • La domestication du cheval, noble conquête kazakhe

    La domestication du cheval (Equus caballus) compte au nombre des faits marquants de l'histoire d'Homo sapiens. Certains y voient même l'une des clés de la supériorité technologique de l'Ancien Monde sur le Nouveau. A quand remonte-t-elle ? A cette question, une équipe internationale de chercheurs menée par l'archéozoologue Alan Outram (université d'Exeter, Royaume-Uni) vient d'apporter de nouveaux éléments de réponse. Selon leurs travaux, publiés vendredi 6 mars dans la revue Science, les plus anciens vestiges archéologiques attestant une exploitation du cheval remontent au milieu du IVe millénaire avant notre ère et sont localisés dans le nord de l'actuel Kazakhstan. Une autre théorie place plutôt le foyer de domestication sur le territoire de l'actuelle Ukraine, à la même époque.

    FORCE MOTRICE

    Les chercheurs ont analysé des ossements de chevaux exhumés sur plusieurs sites de la culture dite "de Botaï", au Kazakhstan, notamment les proportions du métacarpe. "On sait que celles-ci varient selon que les chevaux sont sauvages ou domestiqués, dit l'archéozoologue Jean-Denis Vigne (CNRS, Muséum national d'histoire naturelle, MNHN). Or dans le cas présent, ces mesures montrent une morphologie très proche de celle de chevaux domestiques." L'analyse des mâchoires, menée par Robin Bendrey (CNRS, MNHN), montre, quant à elle, une usure des prémolaires caractéristique de l'utilisation d'un mors.

    La précision est d'importance : domestication du cheval n'implique pas pour autant invention de l'équitation. Les chevaux Botaï n'étaient donc pas élevés uniquement pour leur viande, mais aussi pour leur force motrice. Etaient-ils montés ? Attelés ? Les auteurs ne concluent pas, évoquant des animaux "bridés".

    Enfin, les chercheurs ont ausculté des fragments de céramiques, où subsistaient des résidus organiques marquant la présence de certains acides gras, "qui impliquent une transformation et une utilisation de la production laitière de ces chevaux", décrypte M. Vigne. La domestication était déjà bien avancée. Non seulement le cheval remplit plusieurs fonctions (viande, lait, locomotion), mais des éléments du harnachement ont déjà été mis au point. Aussi faut-il faire sans doute remonter la domestication proprement dite à une date antérieure.

    L'étude génétique des chevaux actuels montre une grande diversité des lignées maternelles. "Cela suggère qu'il a pu y avoir plusieurs foyers de domestication, dans cette grande zone des steppes eurasiatiques, dit Jean-Denis Vigne, mais peut-être aussi plus au sud, au nord du plateau iranien notamment."

    Les différents épisodes de domestication ont eu une influence considérable sur l'évolution même d'Homo sapiens et sur sa variabilité génétique régionale actuelle - avec en particulier, la présence ou non chez les individus adultes de la lactase, l'enzyme qui permet la digestion du lait non fermenté... Dans certaines régions d'Asie, cette faculté digestive est simplement absente de populations entières, alors qu'elle est majoritairement présente en d'Europe du Nord et se trouve à parité en Europe du Sud... Les représentants de la culture Botaï en disposaient-ils ? "Aujourd'hui, les populations nomades de cette région du Kazakhstan boivent du "koumis", c'est-à-dire du lait de jument fermenté", précise M. Vigne. C'est le seul indice : l'analyse des vestiges ne dit rien de la manière dont les anciens Kazakhs consommaient le lait de jument.

    Par le Monde
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