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Les Portes du Ciel - Visions du monde dans l'Egypte ancienne au Louvre

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  • Les Portes du Ciel - Visions du monde dans l'Egypte ancienne au Louvre

    Rien de tel que Ramsès II, Toutankhamon ou Akhenaton pour attirer les foules dans un musée. C'est cependant un thème moins accrocheur qu'a choisi le département égyptien du Louvre. Conçue par Marc Etienne, l'un des conservateurs, l'exposition est consacrée aux "Portes du Ciel".

    Du temps des pharaons, l'expression désignait les battants du tabernacle abritant la statue d'une divinité. Le propos, ici, est naturellement plus vaste : à travers toutes les portes de séparation - entre le sacré et le profane, le pur et l'impur, le monde des vivants et celui des morts -, il s'agit de faire entrer les visiteurs dans l'univers mental et religieux des anciens Egyptiens. Pour cela, plus de 370 oeuvres, datant de l'Ancien Empire à la période romaine, ont été rassemblées. Une partie des pièces proviennent de musées européens (Berlin, Londres, Leyde, Florence, Turin, Copenhague), mais la plupart appartiennent aux salles ou aux réserves du Louvre. Cette exposition permet de les redécouvrir en les resituant dans leur contexte.

    Statues, sarcophages, stèles ou papyrus expriment une pensée complexe, très étrangère à nos schémas cartésiens. Les portes de l'ancienne Egypte n'ont rien à voir avec les tiroirs dans lesquels nous classons les idées et enfermons la réalité. Toute une dimension magique, en particulier, s'y dégage : chaque objet, chaque image a une fonction précise et une efficacité supposée. Nommer une chose la fait exister. Dessiner ou graver des aliments sur la paroi d'une tombe assurera au défunt un ravitaillement, même quand les offrandes alimentaires, déposées par les vivants dans sa chapelle, viendront à cesser...

    L'exposition est conçue comme une boucle. Partant d'un tabernacle central en pierre, provenant du temple de Philae, les visiteurs traversent successivement quatre espaces, matérialisés chacun par un mobilier, une couleur et un éclairage particuliers, séparés les uns des autres par des "portes".

    On commence par l'univers, dont les différents espaces communiquent entre eux : la terre pour les êtres vivants, le ciel pour les divinités et l'au-delà pour les défunts. La survie du monde dépend de leur collaboration. Dans cette section, dominée par le jaune du Soleil, les petits objets signifient autant que de grandes stèles : par exemple, ce bijou, en forme de chapelle, de bois doré incrusté de verre, de faïence et de lapis, représentant l'astre qui se meut à travers le ciel avant de traverser le monde inférieur, à bord d'une barque, le véhicule fondamental de l'univers égyptien.

    La deuxième section est celle de l'au-delà que le Soleil parcourt pendant la nuit, pour en ressortir, triomphant, au petit matin. Le défunt, lui, doit franchir toutes sortes de portes, gardées par des figures redoutables, pour accéder au Champ des offrandes.

    UNE CARTE DE L'AU-DELÀ

    Une description étonnante de l'au-delà figure sur la cuve funéraire d'un haut fonctionnaire du Moyen Empire, Sépi. Cet ensemble de vignettes et de textes, d'une grande complexité, est probablement la première carte géographique jamais établie dans le monde.

    Troisième espace : la chapelle qui surmonte la tombe. C'est un lieu de culte, où l'on dépose notamment les offrandes alimentaires ; un lieu de passage aussi entre le monde des morts et celui des vivants, où sont accueillies les entités immatérielles qui survivent au défunt. Dans cette section, on trouve toutes sortes de fausses portes, dont deux stèles en quartzite de la XVIIIe dynastie, provenant des Musées de Leyde et de Berlin. Il est difficile de ne pas s'arrêter devant la superbe statue de Youyou et de son épouse Tiy, assis côte à côte, qui croisent leurs bras d'un geste affectueux.

    La dernière section est consacrée au temple. C'est la demeure du dieu, le ciel sur terre, dont l'accès est réservé au pharaon. Le prêtre qu'il délègue s'approche du tabernacle pour habiller et parer la divinité, la nourrir, la prier et l'apaiser. On admirera ici une étonnante statue en bronze, de la période tardive (XXVe dynastie), représentant un personnage anonyme : un patient travail de restauration conduit au Louvre y a fait apparaître une peau de panthère, signe de son appartenance à la classe sacerdotale.

    Le problème, avec les objets égyptiens, c'est qu'ils sont souvent magnifiques. Difficile d'échapper à l'admiration pour se concentrer sur des concepts, et saisir les méandres de cette pensée, même en franchissant de fausses portes...

    Deux siècles, onze sites, un ouvrage

    Depuis près de deux siècles, les égyptologues français explorent la terre des pharaons. Les objets qu'ils ont mis au jour, les archives et photos prises sur leurs chantiers de fouilles, sont un trésor que décrit Objets d'Egypte, des rives du Nil aux bords de Seine (Musée du Louvre/Le Passage, 214 p., 35 €). Pour présenter en un seul ouvrage autant de travaux et de passion, onze sites ont été sélectionnés, sous la direction de Guillemette Andreu, directrice du département des Antiquités égyptiennes du Louvre. Parmi eux, Tanis, où Pierre Montet avait découvert d'extraordinaires tombes royales... à un très mauvais moment : en mars 1939, alors que le monde allait s'embraser.

    Par le Monde
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