Enseignement au Maroc : Nos enfants en danger
9 mars 2009
. 2/3 des élèves ne savent ni lire ni calculer
. Tout le système encore basé sur le «parcœurisme»
· En quatre ans, seulement 1/3 des élèves connaît les opérations simples
· Le privé fonctionne mieux
· Les leçons sont débitées sans analyse
Faut-il fermer l’école publique? Au vu des résultats de l’enquête d’évaluation des acquis effectuée par le Conseil supérieur de l’enseignement et dont L’Economiste détient une copie du rapport préliminaire, l’on serait tenté de le dire. Car le niveau de nos élèves est «très moyen à faible» dans les mathématiques, les sciences, la langue arabe et française. L’enquête s’est déroulée à la mi-juin de l’année 2008 et elle a porté sur les apprentissages de l’année scolaire 2007-2008.
Cette évaluation qui a concerné les élèves de la quatrième et la sixième années du primaire ainsi que la deuxième et la troisième années du secondaire collégial a pour objectif de rendre compte de l’état des performances des élèves, mais aussi d’en identifier les principaux déterminants. C’est sûr, le rendement est influencé par les caractéristiques personnelles et familiales et par des facteurs clés du contexte scolaire et parascolaire (voir aussi article page….).
Dans les mathématiques, les élèves du primaire semblent mieux faire que ceux du collège. La moyenne des objectifs réalisés par les élèves du primaire dépasse celle du secondaire collégial. L’écart atteint jusqu’à 16 points entre la sixième du primaire et la troisième année du secondaire collégial.
Une analyse plus détaillée des résultats rend compte de l’étendue des lacunes: le tiers seulement des élèves de la quatrième année du primaire maîtrise l’addition, la soustraction, la multiplication et la division. De plus, six élèves sur dix de la sixième année ont des difficultés avec les chiffres décimaux. Ce n’est pas tout. Un élève sur cinq de la quatrième année et la moitié de ceux de la sixième ne savent pas effectuer les conversions des unités de mesures.
Or la bataille des mathématiques commence dès l’école primaire. C’est même une discipline où il est impératif de maîtriser les outils et les savoirs correspondant à une étape donnée avant de passer à une autre. Si l’élève manque une marche, il ne pourra plus monter une autre et poursuivre sa progression. Dans le rapport préliminaire, il est clairement souligné que la maîtrise du calcul au primaire est un préalable à l’apprentissage de l’algèbre au collège et au lycée.
Un des objectifs de l’enseignement des mathématiques, dès l’école primaire, est le développement des qualités de logique et d’aptitude au raisonnement. Or le constat dressé est que nos élèves ne sont pas prédisposés à travailler sur des exercices relatifs à la géométrie et à réaliser des graphiques et la majorité d’entre eux éprouve des difficultés à traiter les questions ouvertes et à utiliser ses connaissances dans les situations complexes. Autrement dit, ils sont incapables de mettre en place une stratégie de résolution face aux problèmes complexes.
Dans les sciences, le constat est également sans appel: «Le niveau des élèves est insuffisant». L’analyse des résultats des tests auxquels les élèves ont été soumis relève que les filles devancent légèrement les garçons, ceux résidant dans les villes ont des niveaux relativement meilleurs, et ceux relevant du système privé ont de meilleurs scores. L’avantage qu’ont les élèves de l’enseignement privé est attribué aux conditions sociales et d’enseignement jugés plus adaptées (nombre d’élèves réduit par classe, disponibilité du matériel didactique,etc). S’y ajoute une gestion centrée sur les résultats.
Le rapport cite une série d’obstacles auxquels se sont heurtés les élèves lors du test, une manière de nuancer les résultats. C’est le cas de la difficulté à s’exprimer par écrit qui s’est soldée par le refus de répondre aux questions qui le nécessitent, de la non maîtrise des termes scientifiques et techniques et de l’incapacité à se souvenir des connaissances enseignées au début de l’année scolaire.
Incapables d’analyser
La difficulté à analyser les données graphiques, les chiffres et les dessins laisse aussi supposer que l’enseignement se base sur le débitage des leçons et sur le «parcoeurisme». L’exclusion des sciences de l’examen régional a également engendré un manque d’intérêt des élèves pour cette matière et pousse les enseignants à ne pas boucler les programmes.
Dans les langues, le niveau laisse également à désirer. Dans la langue française, il est de «moyen à faible». Ce qui est attribué au fait que nos élèves lisent peu. Là aussi le rapport nuance les résultats en jugeant les conditions dans lesquelles le test a été effectué peu adéquates. Ainsi «le lexique utilisé n’était pas à la portée des élèves». N’empêche, le rapport pointe un déficit d’espace au sein des établissements pour des activités culturelles en français, le faible niveau de certains enseignants du primaire et l’incapacité des élèves à écrire des rédactions en français. De même il a relevé que la majorité des enseignants du français n’arrive pas à suivre les nouveautés pédagogiques et didactiques et n’a pas amélioré sa façon de travailler.
Par rapport à la langue arabe, la majorité des élèves du primaire ne maîtrise pas la lecture. En dépit de l’importance qui lui est accordée au niveau du primaire, les acquis des élèves sont limités. L’analyse des résultats par sexe montre que les filles font mieux que les garçons. Ce qui s’explique par l’application des filles et aussi par un entourage familial et socioculturel plus exigeant envers elles. Et c’est aussi dans le milieu urbain que les résultats sont meilleurs. Les écarts en termes de développement humain, social et économique entre les deux zones font que le rural est à la traîne.
Enfin les lacunes accumulées dans le primaire font qu’au collège les élèves ont des difficultés en termes de cumul des expressions, au niveau de la compréhension des textes et de la rédaction. Les problèmes dont souffrent les élèves du primaire sont également constatés au niveau du collège. Ce qui veut dire qu’elles n’ont pas été traitées et qu’aucune stratégie de soutien n’a été réalisée.
http://www.leconomiste.com/article.html?a=91876
9 mars 2009
. 2/3 des élèves ne savent ni lire ni calculer
. Tout le système encore basé sur le «parcœurisme»
· En quatre ans, seulement 1/3 des élèves connaît les opérations simples
· Le privé fonctionne mieux
· Les leçons sont débitées sans analyse
Faut-il fermer l’école publique? Au vu des résultats de l’enquête d’évaluation des acquis effectuée par le Conseil supérieur de l’enseignement et dont L’Economiste détient une copie du rapport préliminaire, l’on serait tenté de le dire. Car le niveau de nos élèves est «très moyen à faible» dans les mathématiques, les sciences, la langue arabe et française. L’enquête s’est déroulée à la mi-juin de l’année 2008 et elle a porté sur les apprentissages de l’année scolaire 2007-2008.
Cette évaluation qui a concerné les élèves de la quatrième et la sixième années du primaire ainsi que la deuxième et la troisième années du secondaire collégial a pour objectif de rendre compte de l’état des performances des élèves, mais aussi d’en identifier les principaux déterminants. C’est sûr, le rendement est influencé par les caractéristiques personnelles et familiales et par des facteurs clés du contexte scolaire et parascolaire (voir aussi article page….).
Dans les mathématiques, les élèves du primaire semblent mieux faire que ceux du collège. La moyenne des objectifs réalisés par les élèves du primaire dépasse celle du secondaire collégial. L’écart atteint jusqu’à 16 points entre la sixième du primaire et la troisième année du secondaire collégial.
Une analyse plus détaillée des résultats rend compte de l’étendue des lacunes: le tiers seulement des élèves de la quatrième année du primaire maîtrise l’addition, la soustraction, la multiplication et la division. De plus, six élèves sur dix de la sixième année ont des difficultés avec les chiffres décimaux. Ce n’est pas tout. Un élève sur cinq de la quatrième année et la moitié de ceux de la sixième ne savent pas effectuer les conversions des unités de mesures.
Or la bataille des mathématiques commence dès l’école primaire. C’est même une discipline où il est impératif de maîtriser les outils et les savoirs correspondant à une étape donnée avant de passer à une autre. Si l’élève manque une marche, il ne pourra plus monter une autre et poursuivre sa progression. Dans le rapport préliminaire, il est clairement souligné que la maîtrise du calcul au primaire est un préalable à l’apprentissage de l’algèbre au collège et au lycée.
Un des objectifs de l’enseignement des mathématiques, dès l’école primaire, est le développement des qualités de logique et d’aptitude au raisonnement. Or le constat dressé est que nos élèves ne sont pas prédisposés à travailler sur des exercices relatifs à la géométrie et à réaliser des graphiques et la majorité d’entre eux éprouve des difficultés à traiter les questions ouvertes et à utiliser ses connaissances dans les situations complexes. Autrement dit, ils sont incapables de mettre en place une stratégie de résolution face aux problèmes complexes.
Dans les sciences, le constat est également sans appel: «Le niveau des élèves est insuffisant». L’analyse des résultats des tests auxquels les élèves ont été soumis relève que les filles devancent légèrement les garçons, ceux résidant dans les villes ont des niveaux relativement meilleurs, et ceux relevant du système privé ont de meilleurs scores. L’avantage qu’ont les élèves de l’enseignement privé est attribué aux conditions sociales et d’enseignement jugés plus adaptées (nombre d’élèves réduit par classe, disponibilité du matériel didactique,etc). S’y ajoute une gestion centrée sur les résultats.
Le rapport cite une série d’obstacles auxquels se sont heurtés les élèves lors du test, une manière de nuancer les résultats. C’est le cas de la difficulté à s’exprimer par écrit qui s’est soldée par le refus de répondre aux questions qui le nécessitent, de la non maîtrise des termes scientifiques et techniques et de l’incapacité à se souvenir des connaissances enseignées au début de l’année scolaire.
Incapables d’analyser
La difficulté à analyser les données graphiques, les chiffres et les dessins laisse aussi supposer que l’enseignement se base sur le débitage des leçons et sur le «parcoeurisme». L’exclusion des sciences de l’examen régional a également engendré un manque d’intérêt des élèves pour cette matière et pousse les enseignants à ne pas boucler les programmes.
Dans les langues, le niveau laisse également à désirer. Dans la langue française, il est de «moyen à faible». Ce qui est attribué au fait que nos élèves lisent peu. Là aussi le rapport nuance les résultats en jugeant les conditions dans lesquelles le test a été effectué peu adéquates. Ainsi «le lexique utilisé n’était pas à la portée des élèves». N’empêche, le rapport pointe un déficit d’espace au sein des établissements pour des activités culturelles en français, le faible niveau de certains enseignants du primaire et l’incapacité des élèves à écrire des rédactions en français. De même il a relevé que la majorité des enseignants du français n’arrive pas à suivre les nouveautés pédagogiques et didactiques et n’a pas amélioré sa façon de travailler.
Par rapport à la langue arabe, la majorité des élèves du primaire ne maîtrise pas la lecture. En dépit de l’importance qui lui est accordée au niveau du primaire, les acquis des élèves sont limités. L’analyse des résultats par sexe montre que les filles font mieux que les garçons. Ce qui s’explique par l’application des filles et aussi par un entourage familial et socioculturel plus exigeant envers elles. Et c’est aussi dans le milieu urbain que les résultats sont meilleurs. Les écarts en termes de développement humain, social et économique entre les deux zones font que le rural est à la traîne.
Enfin les lacunes accumulées dans le primaire font qu’au collège les élèves ont des difficultés en termes de cumul des expressions, au niveau de la compréhension des textes et de la rédaction. Les problèmes dont souffrent les élèves du primaire sont également constatés au niveau du collège. Ce qui veut dire qu’elles n’ont pas été traitées et qu’aucune stratégie de soutien n’a été réalisée.
http://www.leconomiste.com/article.html?a=91876
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