En Algérie, la sexualité des enfants et des adolescent(e)s fait l’objet d’un nouveau tabou. Le trouble apporté par la surmédiatisation des peurs sociales ou les préoccupations sécuritaires complexifient considérablement la maturation et la construction de l’identité sexuelle pendant l’enfance.
Nés de pères et de mères inconnus, les enfants abandonnés (ils seraient 6000 nés hors mariage, 15 000 en danger moral) sont délaissés sans que l’on sache ce que les parents sont devenus et sans que l’on puisse recourir à eux. En Algérie, un enfant peut ainsi être abandonné à l’Etat, il en est de même dans d’autres pays, où il peut être déposé en vue d’une adoption. Du point de vue juridique, ceci est important, car au lieu de protéger les droits de l’enfant, ce sont les parents que l’on protège en leur garantissant l’anonymat et en les libérant de leurs obligations. Dès lors, la loi atteint-elle son but ? Parvient-elle à protéger l’enfant, à lui assurer des conditions optimales de liberté et de dignité ?
Si, d’évidence, se pose le problème de l’abandon, vécu tout autant par la mère que par l’enfant, il est facile, au nom de la morale ou de sentiments humanitaires, de dénigrer, voire de clouer au pilori, les mères qui abandonnent leur enfants : « Comment a-t-elle pu ? » « Elle n’a pas de cœur... ». Les jugements souvent entendus ne tiennent pas suffisamment compte de la réalité vécue par ces mères. Souvent, ces mères qui abandonnent leurs enfants sont très jeunes, presque toujours elles sont seules. Elles mêmes abandonnées... par le père, par leurs familles au moment de la grossesse. Bien avant déjà, elles ont été des enfants abandonnés par leurs propres mères. Et quand on a souffert d’un manque flagrant d’affection, il n’est souvent pas possible d’en donner... En Algérie, le taux des naissances illégitimes était de 0,2% en 1965. De combien est-il aujourd’hui ? Comment peut-on le diminuer ? Quelle stratégie adopter ? L’école, à notre avis, est le meilleur moyen pour sensibiliser, éduquer scientifiquement les générations futures afin d’éviter de tomber dans le cycle infernal de la prostitution, par le biais de l’éducation sexuelle.
Éducation sexuelle
L’éducation sexuelle devra être proposée de manière systématique aux élèves. Elle devra être assurée par un service de santé scolaire en partenariat avec l’enseignant et le psychologue spécialement formés, ainsi que par les médecins. Cette éducation sexuelle sera intégrée à l’éducation pour la santé, ce qui permettra d’utiliser un concept basé sur les possibilités d’apprentissage et les compétences du public cible. La prévention des grossesses chez l’adolescente fera partie du mandat et s’inscrira dans une approche tout à la fois globale et spécifique, en tenant compte de l’âge et des motivations des élèves à entrer en matière. Certes, le problème de ces grossesses en Algérie n’atteint pas l’ampleur décrite dans les grandes métropoles, notamment aux Etats-Unis. Mais la situation risque d’être ingérable. Les pouponnières pour enfants assistés (P.E.A) sont au nombre de dix (10) à travers tout le territoire. La prise en charge de ces enfants était dérisoire : 37 DA jour avant 2000 !!... En plus, il y a un manque flagrant de stratégie globale entre les services concernés et les partenaires privés (ONG) quant à la collaboration et à la coordination des efforts sur la manière de prévenir et de prendre en charge ce problème.
Nos efforts doivent tendre à la sensibilisation, voire à l’amélioration de la situation actuelle, étant donné la souffrance intime et souvent dommageable, même à long terme, pour l’adolescente, liée soit à une interruption de grossesse, soit à la naissance d’un enfant qui, même désiré, peut poser une série de difficultés psychologiques et sociales tant pour lui même que pour sa mère. L’éducation sexuelle devra faire partie du programme scolaire et à tous les niveaux : primaire, moyen et secondaire. Elle devra être élaborée par les services de la santé, dans lesquels des infirmières, des médecins spécialistes, des psychologues et des psychopédagogues se partageront les tâches de prévention et de promotion de la santé. Ces programmes s’adresseront aux jeunes et à leurs parents à travers les associations de parents d’élèves, par des leçons collectives données en classe. Les principaux mandats attribués à l’éducation sexuelle seront les suivants :
- Education sexuelle
- 1 - Prévenir les maladies sexuellement transmissibles MST / sida.
- 2 - Prévenir les grossesses dites non désirées.
- 3 - Prévenir les abus sexuels.
- Préventions des toxicodépendances
- Prévenir l’abus de produits toxiques.
- Promotion de la santé
- Protéger et promouvoir la santé des jeunes en général. Les stratégies et les moyens pour réaliser les objectifs ainsi que l’adaptation des programmes correspondants seront déterminés en fonction de l’évolution des besoins et des priorités. Le tout sera conditionné par les ressources humaines et financières à disposition. Le programme d’éducation sexuelle devra être fortement orienté vers la prévention du sida et des abus sexuels, mais la contraception reste, elle aussi, une priorité. Ces points en relation avec la sexualité devront être abordés systématiquement lors des cours avec des variables selon les besoins spécifiques des classes d’âges différentes, les niveaux de connaissances et les motivations parfois hétérogènes des élèves d’une même classe.
Le concept d’éducation pour la santé dans lequel ces interventions auront lieu et permettront à l’intervenant de tenir compte des besoins des élèves, mais aussi de leurs compétences dans la mesure où l’approche de l’enfant ou de l’adolescent, même si celui-ci est en difficulté, doit placer l’adulte dans une position de respect, d’écoute et de valorisation. L’expérience du terrain, à laquelle nous sommes très attachés, démontre chaque jour que l’exploitation des compétences des publics dits cibles, est un pari à ne pas manquer à condition que les adultes proches des adolescents veuillent bien y adhérer. Et c’est probablement à ce niveau qu’il faut travailler avec le plus de détermination. Pour ce faire, les intervenants (ONG - Etat) sont conscients de leur modeste contribution par rapport à ce que doivent assurer les parents et parfois les enseignants. Ces pourquoi, non seulement elles (les ONG) souhaiteraient travailler directement auprès des enfants et des adolescents afin de les aider à prendre conscience de façon critique des risques encourus par l’exercice de la sexualité, mais aussi pour apprendre, grâce aux témoignages de ces adolescents, ce qu’ils attendent des adultes qui les entourent, parents, enseignants, mais aussi de leurs pairs. Par ailleurs, il est important de maintenir un contact régulier avec les adultes proches car c’est un élément essentiel de l’information et son autorégulation. Il sera donc essentiel, dès la première approche, de recenser les besoins des jeunes en matière de sexualité et ceci dans un contexte relationnel.
A priori, les jeunes que nous rencontrons ne vont pas tous mal et n’ont pas tous besoin de consultation auprès d’un(e) psychologue. Plus banalement, ils ont surtout besoin de reconnaître, sans gloriole, mais aussi sans honte, que leur sexualité existe, qu’elle a de la valeur et qu’ils ont besoin d’être motivés pour consulter le planning familial en temps voulu, le médecin gynécologue, ou un psychologue. Nouvelles attentes, nouvelles orientations
A / Les élèves attendent de nous :
- d’être compris dans leur spécificité d’adolescents ;
- de pouvoir poser des questions sans être jugés négativement ;
- d’obtenir des réponses concrètes ;
- de se situer dans la société et dans le milieu de vie quotidien (famille, copains) ;
- d’acquérir les moyens de faire des choix positifs concernant certains comportements ;
- de pouvoir confronter leur opinion avec celles de leurs pairs ;
- de connaître les lieux d’accueil et de prise en charge « hors école ». Par rapport à ces besoins qui s’inscrivent dans une recherche de l’autonomie propre à l’adolescence et de toute l’ambivalence associée à l’exercice réel de cette autonomie, aussi bien de la part des parents que des adolescents eux-mêmes, les adolescents ressentent souvent la nécessité de faire le point par leurs rapports au plaisir, la satisfaction immédiate de leurs pulsions ou leur « sublimation », leurs droits par rapport à l’amour, aux relations sexuelles, à la contraception, à l’interruption de grossesse, etc. Ils ont besoin d’être plus au clair dans leurs relations avec les adultes, parents, enseignants et autres, qu’ils accusent parfois d’incompréhension par rapport à leurs conduites « expérimentales ».
Nés de pères et de mères inconnus, les enfants abandonnés (ils seraient 6000 nés hors mariage, 15 000 en danger moral) sont délaissés sans que l’on sache ce que les parents sont devenus et sans que l’on puisse recourir à eux. En Algérie, un enfant peut ainsi être abandonné à l’Etat, il en est de même dans d’autres pays, où il peut être déposé en vue d’une adoption. Du point de vue juridique, ceci est important, car au lieu de protéger les droits de l’enfant, ce sont les parents que l’on protège en leur garantissant l’anonymat et en les libérant de leurs obligations. Dès lors, la loi atteint-elle son but ? Parvient-elle à protéger l’enfant, à lui assurer des conditions optimales de liberté et de dignité ?
Si, d’évidence, se pose le problème de l’abandon, vécu tout autant par la mère que par l’enfant, il est facile, au nom de la morale ou de sentiments humanitaires, de dénigrer, voire de clouer au pilori, les mères qui abandonnent leur enfants : « Comment a-t-elle pu ? » « Elle n’a pas de cœur... ». Les jugements souvent entendus ne tiennent pas suffisamment compte de la réalité vécue par ces mères. Souvent, ces mères qui abandonnent leurs enfants sont très jeunes, presque toujours elles sont seules. Elles mêmes abandonnées... par le père, par leurs familles au moment de la grossesse. Bien avant déjà, elles ont été des enfants abandonnés par leurs propres mères. Et quand on a souffert d’un manque flagrant d’affection, il n’est souvent pas possible d’en donner... En Algérie, le taux des naissances illégitimes était de 0,2% en 1965. De combien est-il aujourd’hui ? Comment peut-on le diminuer ? Quelle stratégie adopter ? L’école, à notre avis, est le meilleur moyen pour sensibiliser, éduquer scientifiquement les générations futures afin d’éviter de tomber dans le cycle infernal de la prostitution, par le biais de l’éducation sexuelle.
Éducation sexuelle
L’éducation sexuelle devra être proposée de manière systématique aux élèves. Elle devra être assurée par un service de santé scolaire en partenariat avec l’enseignant et le psychologue spécialement formés, ainsi que par les médecins. Cette éducation sexuelle sera intégrée à l’éducation pour la santé, ce qui permettra d’utiliser un concept basé sur les possibilités d’apprentissage et les compétences du public cible. La prévention des grossesses chez l’adolescente fera partie du mandat et s’inscrira dans une approche tout à la fois globale et spécifique, en tenant compte de l’âge et des motivations des élèves à entrer en matière. Certes, le problème de ces grossesses en Algérie n’atteint pas l’ampleur décrite dans les grandes métropoles, notamment aux Etats-Unis. Mais la situation risque d’être ingérable. Les pouponnières pour enfants assistés (P.E.A) sont au nombre de dix (10) à travers tout le territoire. La prise en charge de ces enfants était dérisoire : 37 DA jour avant 2000 !!... En plus, il y a un manque flagrant de stratégie globale entre les services concernés et les partenaires privés (ONG) quant à la collaboration et à la coordination des efforts sur la manière de prévenir et de prendre en charge ce problème.
Nos efforts doivent tendre à la sensibilisation, voire à l’amélioration de la situation actuelle, étant donné la souffrance intime et souvent dommageable, même à long terme, pour l’adolescente, liée soit à une interruption de grossesse, soit à la naissance d’un enfant qui, même désiré, peut poser une série de difficultés psychologiques et sociales tant pour lui même que pour sa mère. L’éducation sexuelle devra faire partie du programme scolaire et à tous les niveaux : primaire, moyen et secondaire. Elle devra être élaborée par les services de la santé, dans lesquels des infirmières, des médecins spécialistes, des psychologues et des psychopédagogues se partageront les tâches de prévention et de promotion de la santé. Ces programmes s’adresseront aux jeunes et à leurs parents à travers les associations de parents d’élèves, par des leçons collectives données en classe. Les principaux mandats attribués à l’éducation sexuelle seront les suivants :
- Education sexuelle
- 1 - Prévenir les maladies sexuellement transmissibles MST / sida.
- 2 - Prévenir les grossesses dites non désirées.
- 3 - Prévenir les abus sexuels.
- Préventions des toxicodépendances
- Prévenir l’abus de produits toxiques.
- Promotion de la santé
- Protéger et promouvoir la santé des jeunes en général. Les stratégies et les moyens pour réaliser les objectifs ainsi que l’adaptation des programmes correspondants seront déterminés en fonction de l’évolution des besoins et des priorités. Le tout sera conditionné par les ressources humaines et financières à disposition. Le programme d’éducation sexuelle devra être fortement orienté vers la prévention du sida et des abus sexuels, mais la contraception reste, elle aussi, une priorité. Ces points en relation avec la sexualité devront être abordés systématiquement lors des cours avec des variables selon les besoins spécifiques des classes d’âges différentes, les niveaux de connaissances et les motivations parfois hétérogènes des élèves d’une même classe.
Le concept d’éducation pour la santé dans lequel ces interventions auront lieu et permettront à l’intervenant de tenir compte des besoins des élèves, mais aussi de leurs compétences dans la mesure où l’approche de l’enfant ou de l’adolescent, même si celui-ci est en difficulté, doit placer l’adulte dans une position de respect, d’écoute et de valorisation. L’expérience du terrain, à laquelle nous sommes très attachés, démontre chaque jour que l’exploitation des compétences des publics dits cibles, est un pari à ne pas manquer à condition que les adultes proches des adolescents veuillent bien y adhérer. Et c’est probablement à ce niveau qu’il faut travailler avec le plus de détermination. Pour ce faire, les intervenants (ONG - Etat) sont conscients de leur modeste contribution par rapport à ce que doivent assurer les parents et parfois les enseignants. Ces pourquoi, non seulement elles (les ONG) souhaiteraient travailler directement auprès des enfants et des adolescents afin de les aider à prendre conscience de façon critique des risques encourus par l’exercice de la sexualité, mais aussi pour apprendre, grâce aux témoignages de ces adolescents, ce qu’ils attendent des adultes qui les entourent, parents, enseignants, mais aussi de leurs pairs. Par ailleurs, il est important de maintenir un contact régulier avec les adultes proches car c’est un élément essentiel de l’information et son autorégulation. Il sera donc essentiel, dès la première approche, de recenser les besoins des jeunes en matière de sexualité et ceci dans un contexte relationnel.
A priori, les jeunes que nous rencontrons ne vont pas tous mal et n’ont pas tous besoin de consultation auprès d’un(e) psychologue. Plus banalement, ils ont surtout besoin de reconnaître, sans gloriole, mais aussi sans honte, que leur sexualité existe, qu’elle a de la valeur et qu’ils ont besoin d’être motivés pour consulter le planning familial en temps voulu, le médecin gynécologue, ou un psychologue. Nouvelles attentes, nouvelles orientations
A / Les élèves attendent de nous :
- d’être compris dans leur spécificité d’adolescents ;
- de pouvoir poser des questions sans être jugés négativement ;
- d’obtenir des réponses concrètes ;
- de se situer dans la société et dans le milieu de vie quotidien (famille, copains) ;
- d’acquérir les moyens de faire des choix positifs concernant certains comportements ;
- de pouvoir confronter leur opinion avec celles de leurs pairs ;
- de connaître les lieux d’accueil et de prise en charge « hors école ». Par rapport à ces besoins qui s’inscrivent dans une recherche de l’autonomie propre à l’adolescence et de toute l’ambivalence associée à l’exercice réel de cette autonomie, aussi bien de la part des parents que des adolescents eux-mêmes, les adolescents ressentent souvent la nécessité de faire le point par leurs rapports au plaisir, la satisfaction immédiate de leurs pulsions ou leur « sublimation », leurs droits par rapport à l’amour, aux relations sexuelles, à la contraception, à l’interruption de grossesse, etc. Ils ont besoin d’être plus au clair dans leurs relations avec les adultes, parents, enseignants et autres, qu’ils accusent parfois d’incompréhension par rapport à leurs conduites « expérimentales ».
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