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Interview. Ahmed Ghazali “Nous avons informé le roi en premier”

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  • Interview. Ahmed Ghazali “Nous avons informé le roi en premier”

    Propos recueillis par Fadoua Ghannam
    Interview. Ahmed Ghazali “Nous avons informé le roi en premier”


    Le président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) défend la décision de n’accorder aucune licence de télévision privée. Explications.


    La HACA a décidé de surseoir à l’octroi de nouvelles licences de télévisions. Beaucoup de candidats se sont dits déçus. Et vous ?
    A titre personnel, je ressens, sans doute comme tous les membres de la Haute autorité, une certaine frustration, dans la mesure où la libéralisation du secteur audiovisuel marocain, pour laquelle nous

    œuvrons depuis plusieurs années, n’est pas encore complète. Il lui manque encore et, surtout, des télés privées. Mais il faut aussi savoir inscrire son effort dans la durée. Maintenant, la HACA se doit de veiller à l’équilibre global du secteur et à la viabilité des opérateurs, notamment privés.

    Vous avez justifié votre décision par “le manque de visibilité du marché de la publicité”. N’est-ce pas trop court, comme argument ?
    Trop court, c’est vite dit ! Non, pour les radios, les cinq projets en compétition reposaient sur des concepts suffisamment développés par les radios existantes. Concernant la télévision, c’est différent. Il y a une réalité qui s’impose à nous. La question de la ressource publicitaire dans notre pays est aujourd’hui, plus que jamais, au cœur de la viabilité, de l’équilibre et du développement pérenne de l’audiovisuel.

    N’était-il pas possible de prendre la “question de la pub” en considération avant le lancement de l’appel à concurrence ?
    D’abord, je précise que le travail de préparation de cette deuxième vague de licences a duré près de deux années. Au départ, nous étions encore raisonnablement confiants dans l’évolution du marché publicitaire audiovisuel, qui enregistrait de 2003 à 2007 une croissance moyenne annuelle de 15%. Les chiffres de 2008, que l’on a pu récolter en février dernier, ont dégagé, au contraire, une baisse réelle, et non encore maîtrisable, du chiffre d’affaires publicitaire. En attendant d’y voir plus clair, et comprendre si cette contraction de la ressource publicitaire audiovisuelle est un nuage passager ou le prélude à une tendance de fond baissière, la HACA a décidé de surseoir à l’octroi de toute licence télévisuelle.

    Les candidats ont pourtant présenté des projets généralement “solides”, avec d’importantes surfaces financières. Cela ne suffit-il pas pour assurer leur viabilité ?
    Le principe de base est qu’une entreprise audiovisuelle, selon la réglementation marocaine, est tenue d’observer scrupuleusement une indépendance éditoriale vis-à-vis des actionnaires et des annonceurs. Vous imaginez bien qu’une radio ou une télévision, qui ne vivrait que grâce à l’appui financier d’un actionnaire ou d’un annonceur de référence, risque d’être en porte-à-faux avec ce principe. Sur un autre plan, les business plans proposés vont jusqu’à prévoir pour certains une recette pub de 2 à 2,5 milliards de dirhams sur leurs quatre premières années d’exercice effectif. Comparé à un secteur qui n’a enregistré au total en 2007, télévisions et radios confondues, que 950 millions de dirhams, ces prévisions peu réalistes peuvent mettre en danger l’ensemble des opérateurs du secteur.

    Que répondez-vous aux rumeurs selon lesquelles la décision a été prise directement par le roi ?
    La HACA, et c’est stipulé dans le Dahir qui l’a instituée, est créée auprès de Sa Majesté et bénéficie de sa protection tutélaire. Son positionnement par rapport au souverain est donc clair et ne peut être sujet à aucune autre forme d’interprétation. Il est de ce fait normal que l’instance informe Sa Majesté en premier du résultat de ses délibérations. Et je dis bien du résultat définitif de ses délibérations. La HACA agit exclusivement dans le cadre des textes qui réglementent son action. Elle assume pleinement les décisions qu’elle prend.

    Les porteurs de projets télévisuels sont, pour certains, des personnalités proches du Pouvoir. Avez-vous subi des pressions dans l’instruction de ces dossiers ?
    La HACA instruit les dossiers qui lui sont soumis en tant que demandes formulées par des personnes morales, des sociétés anonymes en l’occurrence, abstraction faite des individus qui les composent. Je vous concède que cette logique n’est pas facile à admettre eu égard à la culture ambiante, mais je vous assure que c’est la seule manière d’aller de l’avant.

    Qu’en est-il du cas de Médi1 Sat ? Est-ce que sa demande (de passer à une diffusion terrestre) a été instruite dans le cadre de l’appel à concurrence ?
    Non. La situation de Médi1 Sat a réduit davantage notre visibilité sur les données du secteur. La chaîne est en phase de recentrage au niveau de son tour de table, de son mode de diffusion et de sa programmation. Nous n’en avons été informés qu’à partir de septembre 2008 et une demande dans ce sens nous a été adressée par l’opérateur fin 2008. Cette demande n’a pas été intégrée dans le processus de la deuxième génération des licences audiovisuelle. La raison est toute simple : les candidats réunissant les conditions de recevabilité juridique prévues par la loi avaient déjà été sélectionnés par le Conseil en avril 2008. La demande de Médi1 sat est postérieure à cette décision, comme elle est postérieure à l’appel à concurrence adressé aux cinq candidats éligibles. Par ailleurs, la situation actuelle de Médi1 Sat en tant qu’opérateur privé, diffusant à partir de la zone franche, ne lui permet, selon les termes de la loi, qu’une diffusion satellitaire.

    Publicité. Entre brut et net

    Combien brasse le secteur de la publicité au Maroc ? La question partage nombre d’observateurs. Des chiffres sont pourtant rendus publics ici et là. Mais ils sont loin de faire l’unanimité. Alors que les professionnels mettent en avant, pour l’année 2007, un chiffre d’affaires publicitaire pour le secteur audiovisuel de l’ordre 2,08 milliards DH, la HACA tend à (beaucoup) relativiser. Le hiatus s’explique en partie par la différence entre les chiffres d’affaires brut et net. Ce dernier comprend les recettes publicitaires réellement perçues après les dégressifs commerciaux et la défalcation des commissions des agences et autres régies. Pour l’année 2007 donc (les chiffres officiels de 2008 n’ont pas encore été rendus publics), les opérateurs audiovisuels n’ont réellement perçu que 950 millions de dirhams, soit moins de la moitié du brut déclaré. La cagnotte se répartit comme suit : 600 millions de dirhams pour la Soread-2M, 200 millions pour les différentes chaînes de la SNRT (Al Aoula, Arriyadia, etc.) et 150 millions partagés par l’ensemble des radios privées.


    © 2009 TelQuel Magazine. Maroc.
    Dernière modification par orion, 14 mars 2009, 20h31.
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