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Inquiètude des producteurs de pomme de terre en Algérie

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  • Inquiètude des producteurs de pomme de terre en Algérie

    On pourrait croire qu’à l’intérieur de la wilaya de Bouira, classée première dans la production de pomme de terre en Algérie, le citoyen peut se rabattre sur ce produit abondant dans la région, mais hélas, le tubercule est aussi inabordable en affichant 50 DA/kg.

    La commune d’Aïn Bessem, et notamment le périmètre irrigué “Les Arribs” qui s’étend sur 2200 hectares est l’un des endroits les plus propices à cette production.

    Pour rappel, durant la campagne 2008, près de 2050 hectares avaient été destinés aux maraîchers dont 84% réservés à la pomme de terre, soit une superficie de 1522 hectares . Le vaste plateau d’El Esnam est lui aussi réputé comme étant l’un des territoires les plus productifs de tubercules dans la wilaya et même à l’échelle nationale.

    En cette arrière saison, la pomme de terre pullules sur le bas côté de la chaussée mais ce n’est pas pour autant que les prix sont qualifiés d’attractifs. Loin de la. Des sacs remplis de ce qui semble être de la pomme de terre sont proposés à la vente à des prix variant selon leurs grosseurs. Le hic, cependant car hic il y a, c’est le contenu de ces sacs. Si le dessus est composé de beaux tubercules, les pommes de terre grosses comme des billes tapissent le fond du sac.

    Inutile de dire que cela s’appelle de l’arnaque.

    Pourtant à El Esnam, plusieurs hangars existent dans lesquels sont entreposés les pommes de terre de très belle qualité, en attendant leurs chargements vers d’autres lieux. Au marché de la localité d’El Esnam, aucune trace de cette pomme de terre locale.

    Pour en savoir un peu plus sur cette situation nous avons interrogé un producteur d’El Esnam qui s’est montré très peu loquace sur le sujet en préférant relater les déboires de la profession. “Les producteurs de pomme de terre de la wilaya de Bouira sont inquiets quant à l’avenir de ce secteur agricole qui semble bel et bien en péril”, dira-t-il tout de go avant que nous lui posions la moindre question. “Nous, exploitants agricoles de la wilaya, nous sommes réunis plusieurs fois, des réunions qui ont vu la participation d’une centaine de fellahs, et exploitants agricoles issus notamment de la plaine des Arribs d’Ain Bessem et ceux du plateau d’El Esnam. Nous avons débattu sur la nécessité d’appliquer un plan d’urgence pour les professionnels du secteur tout en interpellant une fois de plus le ministère de l’Agriculture.”

    Parmi la pléiade de problèmes soulevés, le non paiement de la dernière production de tubercule, et les producteurs se plaignent en effet, en plus d’avoir été victimes de lourdes pertes dues essentiellement à la défection de plusieurs chambres froides, de ne pas avoir été payés pour la production qu’ils ont réussi à stocker et ces derniers s’interrogent ouvertement sur le rôle du Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation).

    Pour les fellahs qui disent avoir pris attache avec les différents services concernés dont le ministère de l’Agriculture, il est incompréhensible, voire aberrant que toutes leurs démarches aient été vaines. Notre interlocuteur révèlera à ce propos, que la production de tubercule de la wilaya de Bouira est stockée dans des chambres froides de 17 wilayas.

    "Des chambres froides qui ne nous ont remis aucun bon de livraison, ni un quelconque reçu prouvant notre dépôt. Pire encore des agriculteurs qui ont déposé 1000 quintaux de tubercules, ont été désagréablement surpris de voir dans les registres des chambres froides que seuls 600 quintaux avaient été enregistrés."

    Des cas enregistrés par de nombreux agriculteurs qui nous ont cité l’exemple de Aïn Oussera (Sétif) ou Mostaganem. Les producteurs de pommes de terre ont également mis en exergue le coût du transport pour aller stocker leurs produit : "Nous avons payé la location de camions, de semi-remorques, de palettes, de frais de chargements et de déchargements de notre poche, tout ça pour nous retrouver sans le sou à l’approche de la prochaine récolte de pomme de terre." Les agriculteurs interrogés relateront aussi l’inexistence de suivi dans ces chambres froides qu’ils appellent communément "frigo".

    En insistant sur le fait que les chambres froides possèdent toute une mémoire électronique et que la température doit impérativement osciller entre +4 et +5 dg°, les agriculteurs déplorent l’absence de techniciens en froid chargés de surveiller les normes de conservation et de stockage.

    Toutefois les fellahs sont unanimes pour déclarer qu’ils sont chargés de produire la pomme de terre et non pas de l’écouler, en rappelant que des conventions ont été signées entre le ministère de l’Agriculture, l’assurance et les propriétaires de chambres froides. En abordant ce volet, l’exploitant d’El Esnam s’interroge justement sur le fait que les propriétaires des chambres froides ont été payés pour leurs frais de stockage et de déstockage, tandis que eux, producteurs ont été "oubliés".

    Notre interlocuteur soulignera pour clore, que les producteurs de pomme de terre ont été menacés par les vendeurs de produits et de semence : "Nous avons remis des chèques de garantie à nos fournisseurs pour acquérir différents produits, engrais ect… mais nous avons trop tardé à honorer nos créances en attendant les aides de l’Etat. Il est certain que nos fournisseurs ne nous fasse plus de crédit car nous n’avons pas honoré nos engagements à temps".

    De ce fait, il en résulte donc que la pomme de terre se venge sur le consommateur pour ne pas avoir été prise en charge correctement par les différents partenaires chargés de l’acheminer correctement, et à moindre coût dans l’assiette du citoyen.

    La prochaine récolte de pomme de terre dans la wilaya de Bouira, est, pour le moins que l’on puisse dire, assez compromise. Avec les dommages collatéraux subis par les fournisseurs d’engrais et de produits agricoles, les exploitants agricoles spécialisés dans la pomme de terre risquent fort de se recycler dans d’autres cultures, moins onéreuses et plus rentables. Dans ce cas, il sera quasiment certain que le tubercule atteindra des sommets exorbitants sur les marchés.

    Par la Dépêche de Kabylie
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