Wolfram Alpha : bientôt un moteur de recherche vraiment intelligent ?
Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
Quelque part entre un Google amélioré et le célèbre HAL 9000 du film 2001, l’Odyssée de l’espace, ce nouveau logiciel serait capable de fouiller dans le Web non pas pour récolter une série d'informations mais pour formuler des réponses à des questions complexes, écrites en langage naturel. La blogosphère et la Silicon Valley se sont enflammées pour ce Wolfram Alpha, qui ne sortira qu'au mois de mai et dont on ne sait pas grand-chose, mais dont le père est le génial Stephen Wolfram, auteur de l'extraordinaire logiciel Mathematica. Nova Spivack, un talentueux informaticien, a eu la chance de le tester...
A la fin du dix-septième siècle, le grand mathématicien et philosophe Gottfried Wilhelm von Leibniz avait commencé à travailler sur ce qu’il appelait une caractéristique universelle. Son but était de créer une langue universelle et formelle capable d'exprimer les concepts mathématiques, scientifiques, philosophiques et même métaphysiques, et surtout de raisonner sur toutes les questions possibles, qu’elles soient du domaine de l’éthique, de la physique ou de l’esthétique, aussi sûrement et efficacement qu’en algèbre, en géométrie analytique et en calcul infinitésimal. On disposerait ainsi d’un outil de calcul logique universel ou calculus ratiocinator selon les mots de Leibniz.
Si un tel but pouvait être atteint un jour, on se trouverait dans la situation qu’il décrivait de la manière suivante : « Alors, il ne sera plus besoin entre deux philosophes de discussions plus longues qu'entre deux mathématiciens, puisqu'il suffira qu'ils saisissent leur plume, qu'ils s'asseyent à leur table de calcul (en faisant appel, s'ils le souhaitent, à un ami) et qu'ils se disent l'un à l'autre : "Calculons !" ».
Frege, Russell et Whitehead avaient explicitement ce projet en tête lorsqu’ils développèrent la logique mathématique moderne et leurs travaux inspireront Alan Turing et John Von Neumann, les dieux jumeaux du panthéon de l’informatique selon l’expression d’Arthur Clarke.
Le 5 mars 2009, Stephen Wolfram a révélé sur son blog que lui et des employés de sa société travaillaient depuis un certain temps sur un système informatique dont il laisse entendre, bien que de façon assez floue, qu’il est un premier pas vraiment significatif en direction d’un calculus ratiocinator.
La blogosphère ne tarda pas à s’enflammer soit pour s’enthousiasmer à l'idée de la mise en ligne en mai du résultat des travaux de Wolfram et son équipe, soit pour dénigrer une annonce tonitruante et très exagérée dont il serait coutumier.
Il faut dire que Stephen Wolfram n’est pas n’importe qui, et pas seulement parce qu’il est le père d’un logiciel de calcul formel et de méthodes mathématiques aux capacités impressionnantes (Mathematica est en effet employé de par le monde par une large part de la communauté scientifique, par exemple pour réaliser des calculs tensoriels longs et fastidieux mais inévitables en relativité générale).
Pour comprendre que l’homme n’est pas banal, il suffit de savoir qu’il a publié son premier article en physique des particules élémentaires à l’âge de 16 ans et passé son doctorat dans ce même domaine à 20 ans, dans l’université où Richard Feynman et Murray Gell-Mann enseignaient.
Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
Quelque part entre un Google amélioré et le célèbre HAL 9000 du film 2001, l’Odyssée de l’espace, ce nouveau logiciel serait capable de fouiller dans le Web non pas pour récolter une série d'informations mais pour formuler des réponses à des questions complexes, écrites en langage naturel. La blogosphère et la Silicon Valley se sont enflammées pour ce Wolfram Alpha, qui ne sortira qu'au mois de mai et dont on ne sait pas grand-chose, mais dont le père est le génial Stephen Wolfram, auteur de l'extraordinaire logiciel Mathematica. Nova Spivack, un talentueux informaticien, a eu la chance de le tester...
A la fin du dix-septième siècle, le grand mathématicien et philosophe Gottfried Wilhelm von Leibniz avait commencé à travailler sur ce qu’il appelait une caractéristique universelle. Son but était de créer une langue universelle et formelle capable d'exprimer les concepts mathématiques, scientifiques, philosophiques et même métaphysiques, et surtout de raisonner sur toutes les questions possibles, qu’elles soient du domaine de l’éthique, de la physique ou de l’esthétique, aussi sûrement et efficacement qu’en algèbre, en géométrie analytique et en calcul infinitésimal. On disposerait ainsi d’un outil de calcul logique universel ou calculus ratiocinator selon les mots de Leibniz.
Si un tel but pouvait être atteint un jour, on se trouverait dans la situation qu’il décrivait de la manière suivante : « Alors, il ne sera plus besoin entre deux philosophes de discussions plus longues qu'entre deux mathématiciens, puisqu'il suffira qu'ils saisissent leur plume, qu'ils s'asseyent à leur table de calcul (en faisant appel, s'ils le souhaitent, à un ami) et qu'ils se disent l'un à l'autre : "Calculons !" ».
Frege, Russell et Whitehead avaient explicitement ce projet en tête lorsqu’ils développèrent la logique mathématique moderne et leurs travaux inspireront Alan Turing et John Von Neumann, les dieux jumeaux du panthéon de l’informatique selon l’expression d’Arthur Clarke.
Le 5 mars 2009, Stephen Wolfram a révélé sur son blog que lui et des employés de sa société travaillaient depuis un certain temps sur un système informatique dont il laisse entendre, bien que de façon assez floue, qu’il est un premier pas vraiment significatif en direction d’un calculus ratiocinator.
La blogosphère ne tarda pas à s’enflammer soit pour s’enthousiasmer à l'idée de la mise en ligne en mai du résultat des travaux de Wolfram et son équipe, soit pour dénigrer une annonce tonitruante et très exagérée dont il serait coutumier.
Il faut dire que Stephen Wolfram n’est pas n’importe qui, et pas seulement parce qu’il est le père d’un logiciel de calcul formel et de méthodes mathématiques aux capacités impressionnantes (Mathematica est en effet employé de par le monde par une large part de la communauté scientifique, par exemple pour réaliser des calculs tensoriels longs et fastidieux mais inévitables en relativité générale).
Pour comprendre que l’homme n’est pas banal, il suffit de savoir qu’il a publié son premier article en physique des particules élémentaires à l’âge de 16 ans et passé son doctorat dans ce même domaine à 20 ans, dans l’université où Richard Feynman et Murray Gell-Mann enseignaient.
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