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L’inamovible vizir «Z» et les 5 faux-monnayeurs

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  • L’inamovible vizir «Z» et les 5 faux-monnayeurs

    Contrairement aux gens du diwan, reconnaissables à la courbure de l’échine, lui est raide comme un poteau. Une singularité qui le désigne, aux yeux du peuple de courtisans, comme le favori du calife lui-même. De ce fait, il bénéficie d’un traitement particulier dans les allées du sérail. On dit de lui qu’il est l’œil qui contrôle et la férule qui dissuade au nom de l’homme «suprême».
    L’ordonnateur silencieux du dogme de l’allégeance et son index inquisiteur.L’inamovible vizir «Z» est le garde-chiourme du personnel du palais et le stratège de toutes ses batailles.

    Dix années durant, il a été le seul et l’unique personnage habilité à délivrer les bulletins de santé politique du régime. Inspirateur des nouvelles normes de la gouvernance, il a contribué grandement à l’émergence de ce califat de substitution à la république que l’on persiste à accabler de toutes les imperfections. Homme de l’ombre au caractère d’ailleurs ombrageux, il est surtout connu pour être l’artisan efficace de tous les trucages électoraux.

    Et c’est, justement, en sa qualité de grand maître d’œuvre en la matière que le vizir «Z» est sorti récemment de sa réserve. Statisticien hors pair, il vient de nous gratifier de 3 millions de nouveaux électeurs qu’aucun paramètre démographique ne saurait pourtant justifier comparativement au recensement électoral de 2007. Mieux encore, il se découvre de grandes compétences pour disserter comme un thésard sur le concept de l’abstentionnisme et sur les différents sens à donner à la notion de boycott.

    Grâce à lui, le théâtre démocratique peut donner de grandes représentations à urnes bourrées. Il fait même dans l’excellence en termes de crédibilité puisqu’il invite une centaine de juges étrangers. Ces observateurs qu’il qualifie lui-même de scrupuleux alors qu’ils sont désignés par des régimes despotiques qui, à l’évidence, ne peuvent que vouloir du bien à notre califat. «Z», en sa qualité d’homme du premier cercle soucieux de la mise en scène, n’hésite pas de surcroît à faire l’éloge de l’adversité programmée. Il est vrai qu’aucune comédie, fût-elle celle de la politique, ne peut se passer de ce jeu de rôles. Les réparties, écrites au profit des guignols sélectionnés, sont justement l’objet de son analyse condescendante.

    Charitablement, il ne trouve rien à reprocher à cette figuration qui doit peupler l’arrière-scène du calife. Il lui trouve même du talent et de la perspicacité allant jusqu’à applaudir à ses critiques. C’est que le vizir «Z» n’est pas seulement un rigoureux administrateur de la comédie électorale, il est aussi un débatteur qui ne craint pas les contrevérités.

    N’hésitant pas à tordre le cou aux bonnes évidences, il décrète par avance qu’un faible taux de participation ne délégitime pas pour autant un mandat. Au pire, laisse-t- il entendre, il envoie des signaux à l’impétrant pour, uniquement, améliorer son pouvoir. Curieuse conception de la légalité du pouvoir et de la reconduction. Acquis ad vitam æternam, celui-ci ne serait par conséquent remis en question que sur des questions subsidiaires et jamais sur l’homme qui l’exerce.

    Telle est la nouvelle fable de monsieur «Z». Déclamée devant un parterre de journalistes, la veille de l’ouverture de la campagne, celle-ci ne fut-elle pas reprise, dans les jours qui survinrent, par le panel de griots de l’arrière scène ? Touati, puis Hanoune et Mohamed Saïd ne se firent-ils pas un devoir de gloser dans le même sens jeudi à la télévision ? Parfaitement.

    En chorus, ils ânonnèrent la même feuille de route. Une partition à l’identique nettoyée par la même censure. Intérimaires de la farce électorale, ils seront, comme on le sait, cinq à cachetonner royalement durant 19 jours sur les tréteaux de nos bourgades.

    A chacun lui est déjà dévolu un gracieux chèque de 1,5 milliard de centimes en échange de leur faux témoignage démocratique. Ainsi le pathétique fabulateur Monsieur «Z» a trouvé l’auditoire idéal pour relayer sa bonne parole. Un quintette de répétiteurs qui ne se soucieront guère de l’imposture… de leur posture chaque fois qu’ils se présenteront devant l’opinion. Au lendemain du 9 avril, lorsque le vizir «Z» donnera lecture des chiffres préfabriqués, il sera le seul à se fendre d’un grand sourire de satisfaction. Tant il est vrai que les mauvais clercs de la politique sont toujours les premières victimes de leurs commanditaires.

    Faux-monnayeurs de la politique, ne sont-ils pas condamnés, en toutes circonstances, au «déshonneur et à la défaite» ? Formule célèbre qui, de surcroît, illustrera ce qui va s’accomplir.

    Par Boubakeur Hamidechi, Le soir
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