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Quand les banquiers tractent pour sauver leurs bonus

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  • Quand les banquiers tractent pour sauver leurs bonus

    Un tract comme à la porte de l'usine. Mais celui-ci a été diffusé samedi à la une du Financial Times. Un tract pour avertir que les banquiers ne se laisseraient pas faire, qu'ils ne seraient pas les prochaines victimes de « la chasse aux sorcières » déclenchée par le projet voté par la Chambre des représentants jeudi. D'un banquier à l'autre, les mêmes mots reviennent : l'indignation. « La finance est une des plus grandes industries américaines. Et ils sont en train de la détruire », s'indigne un banquier cité par le quotidien financier. « C' est la chose la plus profondément anti-américaine que j'aie vue », ajoute un autre.

    A l'origine de cette rébellion : le texte voté jeudi par la Chambre des représentants après la découverte du scandale AIG. L'assureur en quasi-faillite a versé 165 millions de dollars (122 millions d'euros) de bonus à ses responsables après avoir reçu plus de 170 milliards de dollars de l'Etat. En découvrant l'affaire, le président Barack Obama avait déjà fustigé le comportement « hautement irresponsable » des dirigeants.


    Les élus ont décidé d'aller plus loin. Jeudi, ils ont proposé un texte visant à imposer une taxation de 90% sur tous les bonus et primes reçus par les responsables percevant plus de 250.000 dollars de salaire (185.000 euros) et travaillant dans un établissement ayant reçu plus de 5 milliards de fonds publics. Huit établissements bancaires, notamment Citigroup, Bank of America, Goldman Sachs, Morgan Stanley, sont dans ce cas.
    A l'annonce de ce projet, qui ne concernerait que les très hauts revenus malgré tout, le sang des banquiers n'a fait qu'un tour. Les PDG de Citigroup et de Bank of America ont envoyé une note aux salariés pour dire combien ils désapprouvaient ce texte. « Le travail fait pour essayer de stabiliser le système financier et redresser l'économie serait significativement diminué si nous perdons les personnes de talent parce que le Congrès impose une taxe spéciale », écrit ainsi Vikram Pandit, président de Citigroup, une banque en quasi-faillite et sur le point d'être démantelée, dans une lettre rapportée par le Wall Street Journal.
    «Fuite des cerveaux» et «âge de pierre»
    L'argument de la fuite des cerveaux hors de la finance est utilisé par tous. Même le responsable de l'agence fédérale du financement hypothécaire, qui a repris sous sa tutelle complète Fannie Mae et Freddie Mac, les deux institutions immobilières qui ont coûté la bagatelle de 450 milliards de dollars à l'Etat, a écrit pour demander le maintien des bonus pour les salariés(voir la totalité de la lettre ici). « Si nous ne maintenons pas le principe des bonus, nous allons au devant de sérieux problèmes », explique-t-il. « Les salariés n'ont pas reçu de bonus pour leur performance (sic) en 2008. Leurs actions et leurs stock-options sont désormais sans valeur. » Et après avoir souligné que les options sont distribuées à tous les niveaux, il ajoute que les dirigeants méritent une attention particulière afin de les garder. « Ils ont reçu des primes significatives, mais l'ensemble de leur rémunération a diminué sensiblement. »

    La crainte se répand dans le monde financier que la mesure ne s'étende de part et d'autre de l'Atlantique. A la City comme à Francfort, on agite le retour à «l'âge de pierre, la fuite des cervaux » et « l'exode massif ». Ils ne disent pas vers où. A Washington, le monde bancaire a déjà pris les choses en main. Le président de Bank of America a annoncé qu'il avait engagé nombre d'avocats pour défendre la cause des banquiers auprès du Congrès.

    Cette fois-ci, cependant, les actions de lobbying du monde financier, jusqu'alors si efficaces, pourraient rester sans effet. Les banquiers risquent de ne pas trouver de soutien, même auprès de l'aile la plus libérale du camp républicain. Tous les élus sont de plus en plus sensibles à la colère et l'exaspération grandissantes des électeurs américains face au monde financier et à la crise qu'il a provoquée. Chaque jour, de nouveaux scandales sont révélés.

    La présidence américaine est elle-même quotidiennement obligée de hausser le ton. Tenté de jouer la « responsabilité et la coopération » avec le monde financier au début de son mandat, Barack Obama adopte désormais un ton de plus en plus ferme, outré par le comportement du monde de Wall Street. La Maison Blanche est ainsi en train de finaliser un projet de rachat des actifs toxiques des banques, afin d'accélérer le nettoyage des bilans bancaires et la sortie possible de la crise. Mais ce projet va être assorti non seulement d'une régulation beaucoup plus stricte sur les hedge funds mais aussi d'un encadrement sévère des salaires et bonus des responsables. La présidence ne sait pas encore exactement quelle forme prendront ces restrictions mais elle a en tout cas la ferme volonté politique de les imposer.

    Une belle bataille politique est en vue. Car ce que dit la une du Financial Times de samedi, tout comme l'attribution des stock-options à la Société générale, c'est que le monde financier n'est pas près de se laisser faire. La crise, si grosse de malheurs et de risques, ne les a pas amenés à plus de modestie et encore moins à résipiscence : ils ne veulent en aucun cas abandonner le pouvoir qu'ils ont acquis depuis trente ans. Et contrairement à la chute du Mur de Berlin, celle de Wall Street risque de ne pas se passer sans heurt. Barack Obama semble l'avoir compris, et est déterminé à mener l'assaut, s'il le faut. En France, tout laisse à penser que le pouvoir, si attentif aux volontés de ce monde financier, pense au contraire qu'une fois la crise passée, tout redeviendra comme avant.

    Martine Orange.
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

  • #2
    Il faut leur faire la peau à ces truands de banksters !

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