Le Darwinisme face au défi de la révélation Divine
Depuis près de 150 ans, la théorie de l'évolution proposée par Darwin a fait son nid dans la pensée moderne aux dépens de la vision créationniste
Elle a réussi à modifier en profondeur la façon de concevoir la vie car, avant l'arrivée des évolutionnistes, croire dans le créateur du monde, pour les créationnistes, signifiait affirmer, dans un mouvement de confiance éclairée, que le monde et l'homme ne sont pas absurdement arrachés au néant pour y retourner, mais que, dans leur totalité, ils ont sens et valeur car ils ne sont pas seulement chaos mais cosmos, puisqu'ils trouvent ancrage originel et ultime en leur fondement, leur auteur et leur créateur.
Depuis l'aube de l'humanité, la vie est source d'interrogations et de mystères. Pour nos ancêtres, elle trouvait son origine dans l'inanimé car l'idée d'évolution est très ancienne, et déjà dans l'antiquité grecque, plusieurs auteurs proposaient des interprétations évolutionnistes du monde, à base de phénomènes d'adaptation au milieu et de lutte pour la vie. Aristote (384-322 avant J.-C.) pensait que les êtres vivants naissaient d'organismes identiques, ou qu'ils apparaissaient spontanément de la matière inerte. Dans ses écrits, il décrivait la vie comme surgissant des boues ou des matières en décomposition sous la forme de mouches ou de vers. Selon lui, il existait dans toute chose un principe passif constitué par la matière et un principe actif qui lui donne sa forme. De l'antiquité à la renaissance, cette conception du vivant n'a ensuite guère évolué. Transmise par plusieurs générations de prestigieux scientifiques et penseurs, celle-ci, qu'on appelait téhorie de la «génération spontanée», fut longtemps considérée comme la seule explication logique et conforme aux enseignements de l'église catholique.
Ainsi, quand les scientifiques parlaient des êtres vivants, ils les décrivaient comme des combinaisons de matières et de formes où seules ces dernières caractérisaient la vie parce que si un organisme mourrait, les formes disparaissaient, alors que la matière, elle, perdurait puisque c'était la nature qui était responsable de l'organisation de la matière sous la direction Divine, de la même manière que lorsque nous observons une statue, nous savons qu'elle a été conçue par un sculpteur. Les êtres vivants résultaient donc de l'action d'une puissance suprême qui avait décidé de créer le monde et d'y donner la vie. Pendant la renaissance, émergèrent des hypothèses intermédiaires entre le dogme religieux des espèces créées, une fois pour toute par Dieu, et une diversification des caractéristiques des espèces sous l'influence du milieu. Ce n'est que bien plus tard, dans la seconde moitié du seizième siècle, que vont commencer à s'effriter les fondations de cette croyance car l'esprit critique des scientifiques de l'époque, associé à une observation plus méthodique de la nature allait progressivement favoriser l'essor des sciences dites «exactes». Le dix-septième siècle se retrouvait alors dès lors dans un univers où la terre avait délaissé son rôle principal, lorsque à l'aide d'un microscope rudimentaire, le hollandais Van Leeuwenhoek (1632-1723) découvrait le monde invisible des micro-organismes jusqu'à lors insoupçonné. Mais il fallut encore attendre les travaux de Louis Pasteur (1822-1895) pour aboutir à une démonstration irréfutable, celle de l'apparition des vers, des mouches et autres miasmes n'était due qu'à la présence des germes microbiens qui pullulent partout dans notre environnement. Ainsi, il considérait que toutes les générations spontanées résultaient simplement de la contamination par des germes apportés de l'extérieur. Cet univers, dirigé par les lois de la mécanique et du calcul, renversait les vieux préceptes hérités des grecs, puisqu'il n'existait plus aucune raison de réserver une place spécifique aux êtres vivants, comme le reste de la nature car ils pouvaient être expliqués en étudiant la grande mécanique de l'univers.
Alors jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, notre conception du vivant se prolongeait ainsi dans l'inanimé car il n'y avait plus de distinction fondamentale entre le vivant et le non-vivant puisque selon le Comte de Buffon (1707-1788), nous pouvions «descendre par degrés insensibles de la créature la plus parfaite jusqu'à la matière la plus informe, de l'animal le mieux organisé jusqu'au minéral le plus brut». Mais, malgré ces avancées, les plus illustres savants et philosophes continuaient à accepter l'idée des générations spontanées, puisque la première expression de l'évolutionnisme revient à un géomètre philosophe, Maupertuis, qui montre aux environs de 1750 l'importance des variations héréditaires et de la sélection. Lamarck, disciple de Buffon, fut le premier à formuler une théorie de l'évolution selon deux principes, celui que le besoin crée l'organe nécessaire, et que les caractères acquis sous l'action des conditions du milieu se transmettent de génération en génération. La publication de l'ouvrage «Sur l'origine des espèces» par Charles Darwin en Novembre 1859 a ensuite remis en question la notion d'espèce parce que l'espèce, qui était jusqu'alors considérée comme une sorte d'essence métaphysique immuable, est selon Darwin, tout au plus susceptible de former des variétés et qu'il était essentiel de classer systématiquement. Quoiqu'il en soit, depuis cette date la vie est devenue bien le résultat incontestable de plusieurs milliards d'années d'évolution et elle continue à évoluer car plus que jamais, à l'aube du troisième millénaire, l'évolution du vivant et sa nature profonde sont au coeur des débats scientifiques et philosophiques. Qu'est-ce que la vie ? Quelles sont les origines de la vie ? Par quels mécanismes la matière a-t-elle gravi les échelons vers des niveaux supérieurs d'organisation ?
Naturaliste anglais, né dans une famille de médecins. Après avoir abandonné ses études de médecine, Charles Darwin entre à Cambridge dans le but d'obtenir une charge de prêtre anglican. Mais il entreprend, en 1831, un long voyage de cinq ans autour du monde, en Amérique du Sud et dans les îles du Pacifique, comme naturaliste sur le navire de recherche Beagle. Durant cette période, il recueille une énorme quantité d'observations biologiques et géologiques. Les phénomènes naturels qu'il constate, comme la distribution des fossiles, le persuadent qu'ils ne peuvent être expliqués que par la seule création et que les espèces animales et végétales ne sont pas immuables. Installé à Londres, Charles Darwin publie le récit de son périple, «Voyage d'un naturaliste autour du monde» (1839), et commence à exploiter la masse de données qu'il en a ramenées. En 1843, il s'établit définitivement à Downe, dans le calme de la campagne londonienne, pour poursuivre ses recherches. Il s'intéresse à Malthus et aux pratiques de la sélection par les éleveurs. Par analogie avec la sélection artificielle, il découvre le mécanisme de la sélection naturelle. Les individus d'une espèce les mieux adaptés à leur environnement subsistent, se reproduisent, les autres disparaissent. Seules les variations utiles à l'espèce sont transmises d'un individu à ses descendants. Ces caractéristiques nouvelles deviennent ainsi progressivement dominantes car, pour Charles Darwin, les espèces ne sont donc pas figées comme on le croyait jusqu'alors, en cohérence avec la Bible. Le coeur de la théorie de Darwin est exposé dans «De l'origine des espèces par voie de sélection naturelle» (1859) où sont décrits l'évolution générale et les principes de la sélection. Il convient de préciser que seule la génétique moderne qui se développa à partir des travaux de Mendel (1822-1884), un moine augustin autrichien, a pu valider la théorie de Darwin et expliquer les modes de transmission des caractères héréditaires. Karl Marx (1818-1883) a été l'un des premiers philosophes à se rendre compte de l'importance de ces travaux et selon le terme de Sigmund Freud (1856-1839), Charles Darwin a infligé une profonde «blessure narcissique» à l'homme en montrant qu'il n'était ni une créature de Dieu, ni l'espèce élue de la nature, mais le fruit d'une longue évolution du règne animal. La théorie de l'évolution est donc venue pour détruire l'argument du dessein et de l'intention Divine, selon lequel la beauté du monde et la perfection des organismes vivants démontre l'existence d'un Créateur. Outre sa théorie sur l'évolution et la sélection, Charles Darwin a produit une oeuvre scientifique de la plus haute importance pour les nihilistes. Chrétien dans sa jeunesse, Charles Darwin a progressivement évolué vers le déisme, puis vers l'agnosticisme à la fin de sa vie.
Depuis près de 150 ans, la théorie de l'évolution proposée par Darwin a fait son nid dans la pensée moderne aux dépens de la vision créationniste
Elle a réussi à modifier en profondeur la façon de concevoir la vie car, avant l'arrivée des évolutionnistes, croire dans le créateur du monde, pour les créationnistes, signifiait affirmer, dans un mouvement de confiance éclairée, que le monde et l'homme ne sont pas absurdement arrachés au néant pour y retourner, mais que, dans leur totalité, ils ont sens et valeur car ils ne sont pas seulement chaos mais cosmos, puisqu'ils trouvent ancrage originel et ultime en leur fondement, leur auteur et leur créateur.
Depuis l'aube de l'humanité, la vie est source d'interrogations et de mystères. Pour nos ancêtres, elle trouvait son origine dans l'inanimé car l'idée d'évolution est très ancienne, et déjà dans l'antiquité grecque, plusieurs auteurs proposaient des interprétations évolutionnistes du monde, à base de phénomènes d'adaptation au milieu et de lutte pour la vie. Aristote (384-322 avant J.-C.) pensait que les êtres vivants naissaient d'organismes identiques, ou qu'ils apparaissaient spontanément de la matière inerte. Dans ses écrits, il décrivait la vie comme surgissant des boues ou des matières en décomposition sous la forme de mouches ou de vers. Selon lui, il existait dans toute chose un principe passif constitué par la matière et un principe actif qui lui donne sa forme. De l'antiquité à la renaissance, cette conception du vivant n'a ensuite guère évolué. Transmise par plusieurs générations de prestigieux scientifiques et penseurs, celle-ci, qu'on appelait téhorie de la «génération spontanée», fut longtemps considérée comme la seule explication logique et conforme aux enseignements de l'église catholique.
Ainsi, quand les scientifiques parlaient des êtres vivants, ils les décrivaient comme des combinaisons de matières et de formes où seules ces dernières caractérisaient la vie parce que si un organisme mourrait, les formes disparaissaient, alors que la matière, elle, perdurait puisque c'était la nature qui était responsable de l'organisation de la matière sous la direction Divine, de la même manière que lorsque nous observons une statue, nous savons qu'elle a été conçue par un sculpteur. Les êtres vivants résultaient donc de l'action d'une puissance suprême qui avait décidé de créer le monde et d'y donner la vie. Pendant la renaissance, émergèrent des hypothèses intermédiaires entre le dogme religieux des espèces créées, une fois pour toute par Dieu, et une diversification des caractéristiques des espèces sous l'influence du milieu. Ce n'est que bien plus tard, dans la seconde moitié du seizième siècle, que vont commencer à s'effriter les fondations de cette croyance car l'esprit critique des scientifiques de l'époque, associé à une observation plus méthodique de la nature allait progressivement favoriser l'essor des sciences dites «exactes». Le dix-septième siècle se retrouvait alors dès lors dans un univers où la terre avait délaissé son rôle principal, lorsque à l'aide d'un microscope rudimentaire, le hollandais Van Leeuwenhoek (1632-1723) découvrait le monde invisible des micro-organismes jusqu'à lors insoupçonné. Mais il fallut encore attendre les travaux de Louis Pasteur (1822-1895) pour aboutir à une démonstration irréfutable, celle de l'apparition des vers, des mouches et autres miasmes n'était due qu'à la présence des germes microbiens qui pullulent partout dans notre environnement. Ainsi, il considérait que toutes les générations spontanées résultaient simplement de la contamination par des germes apportés de l'extérieur. Cet univers, dirigé par les lois de la mécanique et du calcul, renversait les vieux préceptes hérités des grecs, puisqu'il n'existait plus aucune raison de réserver une place spécifique aux êtres vivants, comme le reste de la nature car ils pouvaient être expliqués en étudiant la grande mécanique de l'univers.
Alors jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, notre conception du vivant se prolongeait ainsi dans l'inanimé car il n'y avait plus de distinction fondamentale entre le vivant et le non-vivant puisque selon le Comte de Buffon (1707-1788), nous pouvions «descendre par degrés insensibles de la créature la plus parfaite jusqu'à la matière la plus informe, de l'animal le mieux organisé jusqu'au minéral le plus brut». Mais, malgré ces avancées, les plus illustres savants et philosophes continuaient à accepter l'idée des générations spontanées, puisque la première expression de l'évolutionnisme revient à un géomètre philosophe, Maupertuis, qui montre aux environs de 1750 l'importance des variations héréditaires et de la sélection. Lamarck, disciple de Buffon, fut le premier à formuler une théorie de l'évolution selon deux principes, celui que le besoin crée l'organe nécessaire, et que les caractères acquis sous l'action des conditions du milieu se transmettent de génération en génération. La publication de l'ouvrage «Sur l'origine des espèces» par Charles Darwin en Novembre 1859 a ensuite remis en question la notion d'espèce parce que l'espèce, qui était jusqu'alors considérée comme une sorte d'essence métaphysique immuable, est selon Darwin, tout au plus susceptible de former des variétés et qu'il était essentiel de classer systématiquement. Quoiqu'il en soit, depuis cette date la vie est devenue bien le résultat incontestable de plusieurs milliards d'années d'évolution et elle continue à évoluer car plus que jamais, à l'aube du troisième millénaire, l'évolution du vivant et sa nature profonde sont au coeur des débats scientifiques et philosophiques. Qu'est-ce que la vie ? Quelles sont les origines de la vie ? Par quels mécanismes la matière a-t-elle gravi les échelons vers des niveaux supérieurs d'organisation ?
Naturaliste anglais, né dans une famille de médecins. Après avoir abandonné ses études de médecine, Charles Darwin entre à Cambridge dans le but d'obtenir une charge de prêtre anglican. Mais il entreprend, en 1831, un long voyage de cinq ans autour du monde, en Amérique du Sud et dans les îles du Pacifique, comme naturaliste sur le navire de recherche Beagle. Durant cette période, il recueille une énorme quantité d'observations biologiques et géologiques. Les phénomènes naturels qu'il constate, comme la distribution des fossiles, le persuadent qu'ils ne peuvent être expliqués que par la seule création et que les espèces animales et végétales ne sont pas immuables. Installé à Londres, Charles Darwin publie le récit de son périple, «Voyage d'un naturaliste autour du monde» (1839), et commence à exploiter la masse de données qu'il en a ramenées. En 1843, il s'établit définitivement à Downe, dans le calme de la campagne londonienne, pour poursuivre ses recherches. Il s'intéresse à Malthus et aux pratiques de la sélection par les éleveurs. Par analogie avec la sélection artificielle, il découvre le mécanisme de la sélection naturelle. Les individus d'une espèce les mieux adaptés à leur environnement subsistent, se reproduisent, les autres disparaissent. Seules les variations utiles à l'espèce sont transmises d'un individu à ses descendants. Ces caractéristiques nouvelles deviennent ainsi progressivement dominantes car, pour Charles Darwin, les espèces ne sont donc pas figées comme on le croyait jusqu'alors, en cohérence avec la Bible. Le coeur de la théorie de Darwin est exposé dans «De l'origine des espèces par voie de sélection naturelle» (1859) où sont décrits l'évolution générale et les principes de la sélection. Il convient de préciser que seule la génétique moderne qui se développa à partir des travaux de Mendel (1822-1884), un moine augustin autrichien, a pu valider la théorie de Darwin et expliquer les modes de transmission des caractères héréditaires. Karl Marx (1818-1883) a été l'un des premiers philosophes à se rendre compte de l'importance de ces travaux et selon le terme de Sigmund Freud (1856-1839), Charles Darwin a infligé une profonde «blessure narcissique» à l'homme en montrant qu'il n'était ni une créature de Dieu, ni l'espèce élue de la nature, mais le fruit d'une longue évolution du règne animal. La théorie de l'évolution est donc venue pour détruire l'argument du dessein et de l'intention Divine, selon lequel la beauté du monde et la perfection des organismes vivants démontre l'existence d'un Créateur. Outre sa théorie sur l'évolution et la sélection, Charles Darwin a produit une oeuvre scientifique de la plus haute importance pour les nihilistes. Chrétien dans sa jeunesse, Charles Darwin a progressivement évolué vers le déisme, puis vers l'agnosticisme à la fin de sa vie.
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