Campagne électorale L’ENTV surprend les Algériens
Depuis le lancement de la campagne électorale, le journal télévisé de l’ENTV fait un carton en termes d’audimat, après avoir été délaissé par la majorité du public algérien qui découvre, dans les interventions des candidats à la présidentielle, une liberté de ton inédite.
24 Mars 2009, La voix de L'Oranie
Habitués à zapper dès les premières informations aussi protocolaires que soporifiques dispensées depuis des années, les Algériens se sont remis, depuis jeudi dernier, premier jour de la campagne, à «attendre» le JT de 20 heures.
Finis Al Jazeera, Al Arabya ou Medi1Sat, le public se tourne vers l’ex-unique, dont il ne s’attarde plus sur les défauts. La raison est simple: l’ENTV a surpris tout le monde en diffusant les propos tels quels, parfois les plus crus et les plus durs à l’égard du «pouvoir», du «président», des «autorités», etc., lancés par les adversaires du candidat Bouteflika.
C’est tout simplement du jamais vu. Pour beaucoup de téléspectateurs, il n’y a pas d’autres mots pour qualifier ce qu’ils voient et, surtout, ce qu’ils entendent de la bouche des candidats à travers la couverture par l’ENTV des meetings de campagne.
Se distinguant par ses tournées dans les cafés, ses propos au vitriol, son humour noir et une liberté de ton qui va trop loin pour ne pas être crédible, Ali Fawzi Rebaïne est déjà le plus suivi des candidats.
Certes, le contenu de son discours électoral n’est pas celui d’un programme extrêmement élaboré ni d’une force de proposition d’un haut niveau, mais il a le mérite d’être le premier à avoir tiré la campagne de la morosité dans laquelle certains redoutaient qu’elle s’y enfonce irrémédiablement. Tout passe: ses critiques contre Bouteflika, le bilan de deux mandats, ses attaques contre le système ou la corruption.
Le président de Ahd-54 va même jusqu’à critiquer l’ENTV (qui, contre toute attente, ne le censure pas) et sur laquelle il dit ne pas être passé depuis la précédente présidentielle.
Même chose pour Djahid Younsi qui se permet, sur le même média lourd, de chasser sur les terres de Bouteflika et de dire que la réconciliation nationale, le fer de lance du programme politique de ce dernier, est pleine d’insuffisances, de critiquer la levée de la limitation des mandats et qu’il est temps à la génération qui gouverne de passer le flambeau.
Louisa Hanoune ne se prive pas, non plus, de monter les enchères en termes de promesses électorales, en réduisant à presque rien les efforts du gouvernement pour améliorer les salaires et le pouvoir d’achat.
Moussa Touati et Mohamed Saïd, avec un ton moins agressif, trouvent par exemple que les valeurs patriotiques ne sont pas suffisamment défendues et critiquent, même avec des mots bien choisis, les lacunes en matière de gouvernance.
Somme toute, les Algériens assistent, presque médusés, à un contenu auquel ils n’étaient ni habitués ni en attente de voir; l’ENTV s’étant depuis longtemps astreinte à son fameux cahier des charges de couverture sans plis des activités officielles.
Et c’est justement parce que le fait est inhabituel que le public algérien semble déjà divisé sur l’opinion à se faire à l’égard d’une telle ligne éditoriale - qui rappelle la belle époque du débat politique ouvert et des fameuses confrontations télévisées des années 1990.
DES CONTENTS ET DES SCEPTIQUES
Pour certains, cela confirme que cette élection est, on ne peut plus, crédible, que le président sortant est considéré comme un candidat au même titre que les autres, que l’affaire n’est pas entendue d’avance et que la révision de la Constitution ne veut pas dire que l’élection de Bouteflika est assurée.
Pour les autres, il s’agit plutôt d’une décision politique dont la portée n’ira pas audelà du 10 avril. En d’autres termes, il ne serait question de rien d’autre que de démentir les partisans du boycott et les analyses qui prévoient une forte abstention des électeurs.
Cette partie de l’opinion ne va chercher les raisons du scepticisme que dans les programmes mêmes de l’ENTV, dont le journal est, en sus des meetings des candidats, fourni en manifestations électorales des forces identifiées comme soutiens au candidat Bouteflika.
Ils en veulent pour preuve aussi que, depuis quelque temps, le JT et le carnet de campagne sont immédiatement suivis de reportages ou émissions évoquant les réalisations dans les wilayas du pays et les multiples projets de développement local, que beaucoup interprètent comme des allusions à peine voilées au bilan positif du président sortant.
Mais, en tout état de cause, l’ENTV a réussi son pari de renouer avec son public et c’est en soi une bonne chose, bien qu’il y ait des raisons de redouter que cela ne soit une arme à double tranchant. Certes, les images et les discours retransmis jusque-là sont de nature à sortir les électeurs de leur supposée hésitation à aller voter.
Mais, il ne faut pas omettre que cela risque de pousser les candidats, qui n’ont pas de forces équivalentes aux moyens et troupes dont dispose Abdelaziz Bouteflika, de concentrer tous leurs efforts sur le canal de la télévision et, donc, de tomber plus ou moins rapidement dans une surenchère aux conséquences incertaines.
C’est pour cela, n’est-ce pas, que le candidat d’El-Islah, premier à constater l’impact retrouvé de ce média lourd, s’est empressé de demander un débat télévisé avec le candidat Bouteflika.
Depuis le lancement de la campagne électorale, le journal télévisé de l’ENTV fait un carton en termes d’audimat, après avoir été délaissé par la majorité du public algérien qui découvre, dans les interventions des candidats à la présidentielle, une liberté de ton inédite.
Habitués à zapper dès les premières informations aussi protocolaires que soporifiques dispensées depuis des années, les Algériens se sont remis, depuis jeudi dernier, premier jour de la campagne, à «attendre» le JT de 20 heures.
Finis Al Jazeera, Al Arabya ou Medi1Sat, le public se tourne vers l’ex-unique, dont il ne s’attarde plus sur les défauts. La raison est simple: l’ENTV a surpris tout le monde en diffusant les propos tels quels, parfois les plus crus et les plus durs à l’égard du «pouvoir», du «président», des «autorités», etc., lancés par les adversaires du candidat Bouteflika.
C’est tout simplement du jamais vu. Pour beaucoup de téléspectateurs, il n’y a pas d’autres mots pour qualifier ce qu’ils voient et, surtout, ce qu’ils entendent de la bouche des candidats à travers la couverture par l’ENTV des meetings de campagne.
Se distinguant par ses tournées dans les cafés, ses propos au vitriol, son humour noir et une liberté de ton qui va trop loin pour ne pas être crédible, Ali Fawzi Rebaïne est déjà le plus suivi des candidats.
Certes, le contenu de son discours électoral n’est pas celui d’un programme extrêmement élaboré ni d’une force de proposition d’un haut niveau, mais il a le mérite d’être le premier à avoir tiré la campagne de la morosité dans laquelle certains redoutaient qu’elle s’y enfonce irrémédiablement. Tout passe: ses critiques contre Bouteflika, le bilan de deux mandats, ses attaques contre le système ou la corruption.
Le président de Ahd-54 va même jusqu’à critiquer l’ENTV (qui, contre toute attente, ne le censure pas) et sur laquelle il dit ne pas être passé depuis la précédente présidentielle.
Même chose pour Djahid Younsi qui se permet, sur le même média lourd, de chasser sur les terres de Bouteflika et de dire que la réconciliation nationale, le fer de lance du programme politique de ce dernier, est pleine d’insuffisances, de critiquer la levée de la limitation des mandats et qu’il est temps à la génération qui gouverne de passer le flambeau.
Louisa Hanoune ne se prive pas, non plus, de monter les enchères en termes de promesses électorales, en réduisant à presque rien les efforts du gouvernement pour améliorer les salaires et le pouvoir d’achat.
Moussa Touati et Mohamed Saïd, avec un ton moins agressif, trouvent par exemple que les valeurs patriotiques ne sont pas suffisamment défendues et critiquent, même avec des mots bien choisis, les lacunes en matière de gouvernance.
Somme toute, les Algériens assistent, presque médusés, à un contenu auquel ils n’étaient ni habitués ni en attente de voir; l’ENTV s’étant depuis longtemps astreinte à son fameux cahier des charges de couverture sans plis des activités officielles.
Et c’est justement parce que le fait est inhabituel que le public algérien semble déjà divisé sur l’opinion à se faire à l’égard d’une telle ligne éditoriale - qui rappelle la belle époque du débat politique ouvert et des fameuses confrontations télévisées des années 1990.
DES CONTENTS ET DES SCEPTIQUES
Pour certains, cela confirme que cette élection est, on ne peut plus, crédible, que le président sortant est considéré comme un candidat au même titre que les autres, que l’affaire n’est pas entendue d’avance et que la révision de la Constitution ne veut pas dire que l’élection de Bouteflika est assurée.
Pour les autres, il s’agit plutôt d’une décision politique dont la portée n’ira pas audelà du 10 avril. En d’autres termes, il ne serait question de rien d’autre que de démentir les partisans du boycott et les analyses qui prévoient une forte abstention des électeurs.
Cette partie de l’opinion ne va chercher les raisons du scepticisme que dans les programmes mêmes de l’ENTV, dont le journal est, en sus des meetings des candidats, fourni en manifestations électorales des forces identifiées comme soutiens au candidat Bouteflika.
Ils en veulent pour preuve aussi que, depuis quelque temps, le JT et le carnet de campagne sont immédiatement suivis de reportages ou émissions évoquant les réalisations dans les wilayas du pays et les multiples projets de développement local, que beaucoup interprètent comme des allusions à peine voilées au bilan positif du président sortant.
Mais, en tout état de cause, l’ENTV a réussi son pari de renouer avec son public et c’est en soi une bonne chose, bien qu’il y ait des raisons de redouter que cela ne soit une arme à double tranchant. Certes, les images et les discours retransmis jusque-là sont de nature à sortir les électeurs de leur supposée hésitation à aller voter.
Mais, il ne faut pas omettre que cela risque de pousser les candidats, qui n’ont pas de forces équivalentes aux moyens et troupes dont dispose Abdelaziz Bouteflika, de concentrer tous leurs efforts sur le canal de la télévision et, donc, de tomber plus ou moins rapidement dans une surenchère aux conséquences incertaines.
C’est pour cela, n’est-ce pas, que le candidat d’El-Islah, premier à constater l’impact retrouvé de ce média lourd, s’est empressé de demander un débat télévisé avec le candidat Bouteflika.
Amine B.
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