Scène ordinaire, à Alger, capitale du pays et réputée la plus
moderne, voire la plus décadente par les puristes. Boulevard
Mohammed V, à quelques mètres, la montée de la place
Audin, un jeune couple s'embrasse. Une voiture banalisée s'arrête.
Deux hommes descendent, ce sont des policiers ou assimilés qui
prennent à partie le jeune couple qui a osé. Moyenne d'âge, 25 ans
pour le couple, 30 pour la congrégation de la police. Les talkieswalkies
s'en mêlent, arrivent peu après 3 fourgons de police qui se
garent bruyamment sur le boulevard comme dans une opération
antiterroriste et embarquent le couple. Personne ne sait ce qu'il est
advenu de lui, à part lui et le PV de police. Cette scène est-elle
représentative ? Grande question. C'est peut-être un avant-goût de
l'Algérie d'aujourd'hui et de celle des 5 ans à venir. C'est peut-être
le zèle de représentants de cette corporation, très travaillé par le
néo-conservatisme et l'islamisme moral. Pour un président qui se
veut «ancien jeune au service de la jeunesse d'aujourd'hui», il y a
problème, pour lui, à se faire adopter. Pour s'embrasser, il faut
donc un billet d'avion et de l'argent, pour faire ailleurs ce que l'on
ne peut pas faire ici. On pourra toujours dire que les jeunes qui
s'embrassent ne sont pas représentatifs et expliquer que ce
mimétisme occidental ne peut que faire du mal à un pays bien
installé dans sa tradition autobloquante, les policiers n'étant
représentatifs que de leur société. On peut aussi dire que les
policiers devraient plutôt s'atteler à traquer la délinquance, bien
installée à Alger et en progression constante.
On peut même dire que Mohammed V, Marocain, n'a pas fait de
déclaration et n'a pas réagi à ce fait divers. Que Maurice Audin,
Français, n'a rien dit non plus. C'est Tounsi, pas Tunisien mais
Algérien, qui a déployé ses forces de police pour punir le couple.
On peut tout dire, ou rien, ou se contenter de pleurer.
Chawki Amari, El Watan du 25/03/2009
moderne, voire la plus décadente par les puristes. Boulevard
Mohammed V, à quelques mètres, la montée de la place
Audin, un jeune couple s'embrasse. Une voiture banalisée s'arrête.
Deux hommes descendent, ce sont des policiers ou assimilés qui
prennent à partie le jeune couple qui a osé. Moyenne d'âge, 25 ans
pour le couple, 30 pour la congrégation de la police. Les talkieswalkies
s'en mêlent, arrivent peu après 3 fourgons de police qui se
garent bruyamment sur le boulevard comme dans une opération
antiterroriste et embarquent le couple. Personne ne sait ce qu'il est
advenu de lui, à part lui et le PV de police. Cette scène est-elle
représentative ? Grande question. C'est peut-être un avant-goût de
l'Algérie d'aujourd'hui et de celle des 5 ans à venir. C'est peut-être
le zèle de représentants de cette corporation, très travaillé par le
néo-conservatisme et l'islamisme moral. Pour un président qui se
veut «ancien jeune au service de la jeunesse d'aujourd'hui», il y a
problème, pour lui, à se faire adopter. Pour s'embrasser, il faut
donc un billet d'avion et de l'argent, pour faire ailleurs ce que l'on
ne peut pas faire ici. On pourra toujours dire que les jeunes qui
s'embrassent ne sont pas représentatifs et expliquer que ce
mimétisme occidental ne peut que faire du mal à un pays bien
installé dans sa tradition autobloquante, les policiers n'étant
représentatifs que de leur société. On peut aussi dire que les
policiers devraient plutôt s'atteler à traquer la délinquance, bien
installée à Alger et en progression constante.
On peut même dire que Mohammed V, Marocain, n'a pas fait de
déclaration et n'a pas réagi à ce fait divers. Que Maurice Audin,
Français, n'a rien dit non plus. C'est Tounsi, pas Tunisien mais
Algérien, qui a déployé ses forces de police pour punir le couple.
On peut tout dire, ou rien, ou se contenter de pleurer.
Chawki Amari, El Watan du 25/03/2009
Commentaire